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Je pourrais vous faire un catalogue de ceux qui nous ont quittés cette année comme on en voit dans la presse et les réseaux sociaux. De certains, je n’en avais que peu entendu parler, d’autres je les ai déjà oubliés. Ainsi va la vie. On les connaît mais on ne les a pas connus. Je constate que beaucoup d’actrices et d’acteurs de qualité s’en sont allés cette année. Ainsi, je pourrais faire mon job et vous parler des célébrités disparues. Rappeler ce que tous les autres médias ont dit ou vont dire sur eux dans les jours qui viennent. Difficile d’être originale sur ce sujet.
Je ne vais donc pas le faire. J’ai décidé de saluer les anonymes, nos anonymes à chacun d’entre nous. Car mon grand ami Mihaly Rozsa a tiré sa révérence il y a quelques jours, me laissant dans le plus grand désarroi. Conclure 2017 avec sa soudaine disparition n’était pas prévu. En pleurant son départ, je pense à tous ceux et celles qui cette année ont perdu un être cher, de ceux que l’on n’oublie pas et dont on n’a pas besoin de voir la photographie circuler sur les réseaux sociaux pour se souvenir d’eux. Laissez-moi vous parler de mon ami Mihaly Rozsa.
Passer une dizaine d’années en Hongrie et ne pas l’avoir rencontré à cette époque tient d’un malheureux hasard dont je m’étonne encore et dont je ne suis pas particulièrement fière. Il fait partie des Hongrois qui maîtrisent le mieux notre langue. Vous le lui auriez dit, il aurait immédiatement récusé cette affirmation - il était ainsi, n’aimant pas se mettre en valeur - mais je vous assure que c’était vrai. Il l’a maintes fois prouvé dans le cadre de ses activités professionnelles, que ce soit en tant qu’attaché culturel, journaliste ou intervenant à l’École supérieure de journalisme de Paris où il avait accepté d’intervenir sur ma demande.
C’est de retour en France que je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’une amie hongroise qui nous connaissait et qui a tenu à jouer les entremetteuses amicales. Nous avions entendu parler l’un de l’autre sans avoir jamais eu l’occasion de nous rencontrer. Ce fut un coup de foudre amical. Il aimait ses certitudes, je me faisais un plaisir de les déconstruire. Il portait en lui, cette richesse culturelle centre-européenne et plus particulièrement juive hongroise qui constitue un des trésors de ce pays que j’aime tant.
Notre amitié s’était construite sur des différences de vie telles que nous passions notre temps à expliquer, argumenter. L’aboutissement de nos échanges fut sa visite cet été pendant laquelle il vécut une nouvelle expérience, découvrant la province française dans sa ruralité authentique et conviviale. Vivre au rythme d’un village français pendant plusieurs semaines, à la rencontre de ses habitants lui avait beaucoup plu. Une expérience humaine, m’a-t-il écrit plus tard, qui l’avait troublé et qui lui avait, m’avait-il encore avoué, fait remettre en question les cadres dans lesquels nous nous enfermions souvent, pour le citer encore. Je suis heureuse que la vie m’ait permis naturellement et en toute discrétion de lui offrir cette expérience.
Comme pour tous ceux qui partent, il laisse derrière lui une famille dont il m’a souvent parlé avec un sobre amour qui en disait long.
Vous me manquez déjà tant l’ami.
Je ne vais donc pas le faire. J’ai décidé de saluer les anonymes, nos anonymes à chacun d’entre nous. Car mon grand ami Mihaly Rozsa a tiré sa révérence il y a quelques jours, me laissant dans le plus grand désarroi. Conclure 2017 avec sa soudaine disparition n’était pas prévu. En pleurant son départ, je pense à tous ceux et celles qui cette année ont perdu un être cher, de ceux que l’on n’oublie pas et dont on n’a pas besoin de voir la photographie circuler sur les réseaux sociaux pour se souvenir d’eux. Laissez-moi vous parler de mon ami Mihaly Rozsa.
Passer une dizaine d’années en Hongrie et ne pas l’avoir rencontré à cette époque tient d’un malheureux hasard dont je m’étonne encore et dont je ne suis pas particulièrement fière. Il fait partie des Hongrois qui maîtrisent le mieux notre langue. Vous le lui auriez dit, il aurait immédiatement récusé cette affirmation - il était ainsi, n’aimant pas se mettre en valeur - mais je vous assure que c’était vrai. Il l’a maintes fois prouvé dans le cadre de ses activités professionnelles, que ce soit en tant qu’attaché culturel, journaliste ou intervenant à l’École supérieure de journalisme de Paris où il avait accepté d’intervenir sur ma demande.
C’est de retour en France que je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’une amie hongroise qui nous connaissait et qui a tenu à jouer les entremetteuses amicales. Nous avions entendu parler l’un de l’autre sans avoir jamais eu l’occasion de nous rencontrer. Ce fut un coup de foudre amical. Il aimait ses certitudes, je me faisais un plaisir de les déconstruire. Il portait en lui, cette richesse culturelle centre-européenne et plus particulièrement juive hongroise qui constitue un des trésors de ce pays que j’aime tant.
Notre amitié s’était construite sur des différences de vie telles que nous passions notre temps à expliquer, argumenter. L’aboutissement de nos échanges fut sa visite cet été pendant laquelle il vécut une nouvelle expérience, découvrant la province française dans sa ruralité authentique et conviviale. Vivre au rythme d’un village français pendant plusieurs semaines, à la rencontre de ses habitants lui avait beaucoup plu. Une expérience humaine, m’a-t-il écrit plus tard, qui l’avait troublé et qui lui avait, m’avait-il encore avoué, fait remettre en question les cadres dans lesquels nous nous enfermions souvent, pour le citer encore. Je suis heureuse que la vie m’ait permis naturellement et en toute discrétion de lui offrir cette expérience.
Comme pour tous ceux qui partent, il laisse derrière lui une famille dont il m’a souvent parlé avec un sobre amour qui en disait long.
Vous me manquez déjà tant l’ami.