Parce que l’ego des hommes et des femmes politiques – entre autres – est sans limites, et qu’Emmanuel Macron y ayant pris goût lors des débats qui ont suivi la crise des gilets jaunes, c’est ce même principe sans échanges réels qui a été choisi pour faire avaler la réforme des retraites. En effet, il faut visualiser la scène. Un homme micro en main, au milieu d’un aréopage de citoyens invités et triés sur le volet et dont les questions éventuelles ont été sélectionnées par avance. Comme prise de risque il y a pire… L’exercice a de quoi flatter l’ego dans le sens où Emmanuel Macron, aime comme nombre d’hommes et de femmes briller par son éloquence.
Et la nouvelle perle fut lâchée. "Moi j’adore pas le terme de pénibilité, ça donne le sentiment que le travail serait pénible" ! Quelle claque pour tous ceux qui ont un travail que l’on qualifiera "d’alimentaire". Pour tous ceux qui ne s’épanouissent pas dans leur travail et chacun sait qu’ils sont légion. Immédiatement, les réactions n’ont pas manqué et on apprend que d’après une étude de la Dares, 70% des ouvriers subissent quotidiennement au moins un facteur de pénibilité et que selon l'Insee, en 2016, un ouvrier vit en moyenne 6,4 années de moins qu'un cadre. Si le président voulait creuser plus encore – si tant est que cela soit possible – le fossé abyssal entre les élites et le citoyen lambda, c’est réussi.
Le chef de l’Etat sait et il l’a dit d’ailleurs; qu’il y a des conditions et des risques au travail qui ne sont pas les mêmes. Mais désormais, chaque dossier sera étudié au cas par cas. Pourtant le mal être au travail, nul ne peut l’ignorer. Entre les suicides des enseignants, des policiers, le mal être du corps hospitalier, pour ne parler que de l’actualité, sans oublier les publications sur le burn-out ou d’autres maladies professionnelles, comment ignorer qu’aujourd’hui comme hier le travail fatigue, le travail tue. Alors pitié monsieur le président, encore une fois, veillez à ce que votre ramage se rapporte à votre plumage!
A Bruxelles, tout ne se passe pas comme prévu. La Française choisie par le président Macron pour occuper le poste de commissaire européenne au marché intérieur n’a pas réussi son grand oral. Mais elle aura droit à une session de rattrapage à l’écrit cette fois-ci. Déjà, il fallait oser. Sylvie Goulard avait fait un passage express dans le premier gouvernement Philippe. Impliquée dans une affaire d’assistants parlementaires, puis dans une autre où elle avait été une consultante grassement payée par un think tank américain parallèlement à son poste de députée européenne, le président français l’a néanmoins proposée pour le représenter dans la commission Von der Leyen. Ce qui devait arriver arriva. Pourquoi les députés européens accepteraient-ils une candidate qui éthiquement ne pouvait pas rester au sein d’un gouvernement national mais devrait faire l’affaire pour la commission européenne. L’éthique ne serait-elle pas la même pour tous en tout lieu?
Mais ne nous inquiétons pas pour elle. Les tractations commencent. Pas question de s’en laisser imposer par les députés européens. Il faut sauver les candidats imposés par les pays, tout refus définitif serait vécu comme un échec. Quelle horreur! L’éthique passera au second plan même si Sylvie Goulard a reconnu qu’elle avait fait ce deuxième job américain pour l’argent. Vraiment? Nous ne l’aurions jamais deviné…
Nous, ce n’est pas le mot "pénibilité" qui nous pose problème, c’est le mot "honnêteté" qui n’est pas assez employé!