Le monde en direct, de Charles-Louis Havas à l'AFP, deux siècles d'histoire
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Pourquoi l'AFP ou une autre agence de presse ne m'a jamais fait rêver... bonne question. A dire vrai, je n'en sais trop rien, mais il faut croire que l'image que l'agence a, est à revoir. Néanmoins, d'un naturel curieux, lorsque j'ai entendu parler de la sortie de ce livre, je me suis dit que c'était l'occasion d'apprendre. Surtout que Xavier Baron a une démarche historique et moi j'aime les histoires. J'aime que l'on me rappelle que Charles-Louis Havas est d'origine hongroise, j'aime apprendre que le premier conflit couvert par un journaliste de Havas fut celui de la guerre de Crimée.
Il n'est jamais inutile de rappeler que le fait d'informer tient souvent de l'enjeu politique. L'indépendance de l'agence Havas puis de l'AFP reste un combat quotidien que l'auteur de ces pages décrit laborieusement. Quel gouvernement n'a pas rêvé de contrôler l'information? Ainsi, ces quelques lignes éclairantes sur la Seconde Guerre mondiale, lorsque la guerre fait rage, que les Allemands occupent la France, certains journalistes de l'Agence, installés à Londres, à Alger ont tenté de continuer à informer "librement". Pris en tenailles, entre Communistes et Gaullistes, la propagande prend le pas sur l'information. Les professionnels se retirent laissant leur place aux idéologues. Ou plus épineux encore, la couverture des guerres d'Indochine et d'Algérie, qui ne portent pas leur nom, et qui placent les journalistes de l'AFP, établissement public, dans une situation délicate. Comment informer les abonnés sur la réalité des faits alors que les adversaires, réunis au sein d'entités comme le FLN, ne sont pas reconnus en tant que tels pour le gouvernement et une partie de la population? Comment ne pas passer pour des propagandistes, voire des traîtres? C'est en général, le grand problème des journalistes quels qu'ils soient, en temps de guerre.
Mais cette histoire de l'AFP, c'est surtout et avant tout, une histoire d'hommes... il y a en effet très peu de femmes. D'hommes passionnés pour beaucoup, pour ces derniers, être journalistes tenait soit du sacerdoce soit d'un idéal de vie. Certains y ont même laissé la leur. Des journalistes sont tombés sous les balles de soldats, d'autres ont été assassinés. Parfois même accompagné d'un brin de poésie, comme cette chanson (voir vidéo ci-dessous) dédiée à un envoyé spécial de l'AFP assassiné lors d'émeutes raciales à Oxford, Mississippi, pour la première inscription d'un étudiant noir en 1962.
C'est aussi l'histoire de succès et de ratés. Il faut rappeler que l'AFP a connu un succès international en annonçant la mort de Staline le 6 mars 1953, une heure - comme le rappelle Xavier Baron - avant les autres agences de presse. Pour l'anecdote, le journaliste au commande de la traduction était le fils d'un ancien Premier ministre de Nicolas II. J'aime ces coïncidences de l'histoire.
C'est un livre qui devrait être lu par tous ceux de la profession, des apprentis journalistes à ceux qui croient déjà connaître l'histoire de l'AFP.
Xavier Baron, "Le monde en direct, de Charles-Louis Havas à l'AFP, deux siècles d'histoire". La Découverte, 2014.
Il n'est jamais inutile de rappeler que le fait d'informer tient souvent de l'enjeu politique. L'indépendance de l'agence Havas puis de l'AFP reste un combat quotidien que l'auteur de ces pages décrit laborieusement. Quel gouvernement n'a pas rêvé de contrôler l'information? Ainsi, ces quelques lignes éclairantes sur la Seconde Guerre mondiale, lorsque la guerre fait rage, que les Allemands occupent la France, certains journalistes de l'Agence, installés à Londres, à Alger ont tenté de continuer à informer "librement". Pris en tenailles, entre Communistes et Gaullistes, la propagande prend le pas sur l'information. Les professionnels se retirent laissant leur place aux idéologues. Ou plus épineux encore, la couverture des guerres d'Indochine et d'Algérie, qui ne portent pas leur nom, et qui placent les journalistes de l'AFP, établissement public, dans une situation délicate. Comment informer les abonnés sur la réalité des faits alors que les adversaires, réunis au sein d'entités comme le FLN, ne sont pas reconnus en tant que tels pour le gouvernement et une partie de la population? Comment ne pas passer pour des propagandistes, voire des traîtres? C'est en général, le grand problème des journalistes quels qu'ils soient, en temps de guerre.
Mais cette histoire de l'AFP, c'est surtout et avant tout, une histoire d'hommes... il y a en effet très peu de femmes. D'hommes passionnés pour beaucoup, pour ces derniers, être journalistes tenait soit du sacerdoce soit d'un idéal de vie. Certains y ont même laissé la leur. Des journalistes sont tombés sous les balles de soldats, d'autres ont été assassinés. Parfois même accompagné d'un brin de poésie, comme cette chanson (voir vidéo ci-dessous) dédiée à un envoyé spécial de l'AFP assassiné lors d'émeutes raciales à Oxford, Mississippi, pour la première inscription d'un étudiant noir en 1962.
C'est aussi l'histoire de succès et de ratés. Il faut rappeler que l'AFP a connu un succès international en annonçant la mort de Staline le 6 mars 1953, une heure - comme le rappelle Xavier Baron - avant les autres agences de presse. Pour l'anecdote, le journaliste au commande de la traduction était le fils d'un ancien Premier ministre de Nicolas II. J'aime ces coïncidences de l'histoire.
C'est un livre qui devrait être lu par tous ceux de la profession, des apprentis journalistes à ceux qui croient déjà connaître l'histoire de l'AFP.
Xavier Baron, "Le monde en direct, de Charles-Louis Havas à l'AFP, deux siècles d'histoire". La Découverte, 2014.