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J'ai rencontré Thomas Schreiber* à Budapest au début des années 2000, lorsque je décidais d'accepter de prendre les rênes du Journal Francophone de Budapest. A l'époque, mensuel débutant, tâtonnant, le JFB comptait plus de détracteurs que d'encouragements.
Souvenez-vous! Il avait fallu un Russe pour lancer un journal en langue française... un Russe. Aujourd'hui, avec le recul on croit rêver. Non pas un francophone de notre espace linguistique, pas un Français... un Russe. Pourquoi faire un journal en langue française d'ailleurs. Peu de Français sont sensibles aux problématiques de la francophonie. Ils n'ont pas peur. Pas peur de perdre leur langue. Ils ont tort. Pourvu qu'ils s'en aperçoivent à temps... mais c'est un autre problème.
A l'époque disais-je, l'équipe qui constituait le JFB était composée principalement d'étrangers francophones plein de bonne volonté... insuffisant. Parmi les officiels francophones, si peu les soutenaient qu'aucun nom ne me revient en mémoire. Peut-être suis-je injuste? Et puis, aidez un Russe, vous imaginez? Ses intentions étaient certainement opaques. Peut-être même était-ce un espion? Ou était-il essentiellement motivé par l'appât du gain. Impossible de soutenir un tel personnage. Que de rumeurs sur la nécessité de créer un autre média, qui lui évidemment aurait été beaucoup mieux, surtout bien mieux contrôlé par certaines instances... Au bout du compte rien.
Ne m'en veuillez pas de vous raconter tout cela. Vous allez me dire: et Thomas dans tout cela? C'était nécessaire. Il faut comprendre dans quel contexte nous nous sommes rencontrés et comment cet homme qui n'avait plus rien à prouver est venu jusqu'à moi pour me proposer son aide. Lui se moquait bien de savoir que le propriétaire du JFB soit russe.
La première chose qui frappait chez Thomas, c'était sa gueule. Lui, on peut dire qu'il en avait une. Impressionnant!
La deuxième chose qui le démarquait des autres, était sa voix. Inoubliable. Le tabac et le crabe étaient passés par là. Que ce soit à la radio ou lorsqu'il arrivait quelque part, on le reconnaissait entre tous. Inimitable!
Après c'était sa gentillesse, sa simplicité. Évidemment lors de nos premières rencontres, je n'étais pas consciente de tout cela. J'étais jeune, dans la fièvre de publier chaque mois ce maudit journal, alors la gentillesse, la simplicité d'une personne tel que lui, n'était pas ma priorité.
Aujourd'hui lorsque je pense à lui, c'est pourtant ce qui me revient en premier à la mémoire. Lui l'ancien de la Documentation française, du Monde, de RFI, lui au CV long comme une vie, me proposait de devenir le correspondant parisien du JFB. Rien que cela. Et moi j'ai oublié d'être impressionné. J'ai juste pensé, super, une plume crédible, c'est exactement ce dont j'ai besoin. Lui, il s'en moquait de la réputation du JFB, il n'avait plus rien à prouver.
Que de discussions, parfois passionnées, parfois plus sereines, jamais inintéressantes. Je me souviens encore de son regard bienveillant sur moi, sur la "Petite", comme il disait. Et moi, je n'en ai pas compris l'importance.
Il m'aimait bien Thomas, on s'entendait bien. Notre collaboration, notre amitié a duré plusieurs années. Jusqu'à ce que la vie nous sépare. P... de vie.
Il y a un an, pratiquement jour pour jour, Thomas m'avait envoyé un message auquel j'ai répondu, sans suite. J'aurai du insister, le relancer de mon côté, il avait fait le premier pas. Je ne l'ai pas fait. Maintenant il est trop tard, je m'en veux et suis triste.
Je pense à Pascale qui l'accompagnait dans tous ces déplacements budapestois. Pascale jolie rousse panthère créatrice, a qui je pense si souvent lorsque je traverse mon salon, souvenir d'une de ses œuvres offerte lors d'un Noël à Budapest.
Adieu Thomas.
Souvenez-vous! Il avait fallu un Russe pour lancer un journal en langue française... un Russe. Aujourd'hui, avec le recul on croit rêver. Non pas un francophone de notre espace linguistique, pas un Français... un Russe. Pourquoi faire un journal en langue française d'ailleurs. Peu de Français sont sensibles aux problématiques de la francophonie. Ils n'ont pas peur. Pas peur de perdre leur langue. Ils ont tort. Pourvu qu'ils s'en aperçoivent à temps... mais c'est un autre problème.
A l'époque disais-je, l'équipe qui constituait le JFB était composée principalement d'étrangers francophones plein de bonne volonté... insuffisant. Parmi les officiels francophones, si peu les soutenaient qu'aucun nom ne me revient en mémoire. Peut-être suis-je injuste? Et puis, aidez un Russe, vous imaginez? Ses intentions étaient certainement opaques. Peut-être même était-ce un espion? Ou était-il essentiellement motivé par l'appât du gain. Impossible de soutenir un tel personnage. Que de rumeurs sur la nécessité de créer un autre média, qui lui évidemment aurait été beaucoup mieux, surtout bien mieux contrôlé par certaines instances... Au bout du compte rien.
Ne m'en veuillez pas de vous raconter tout cela. Vous allez me dire: et Thomas dans tout cela? C'était nécessaire. Il faut comprendre dans quel contexte nous nous sommes rencontrés et comment cet homme qui n'avait plus rien à prouver est venu jusqu'à moi pour me proposer son aide. Lui se moquait bien de savoir que le propriétaire du JFB soit russe.
La première chose qui frappait chez Thomas, c'était sa gueule. Lui, on peut dire qu'il en avait une. Impressionnant!
La deuxième chose qui le démarquait des autres, était sa voix. Inoubliable. Le tabac et le crabe étaient passés par là. Que ce soit à la radio ou lorsqu'il arrivait quelque part, on le reconnaissait entre tous. Inimitable!
Après c'était sa gentillesse, sa simplicité. Évidemment lors de nos premières rencontres, je n'étais pas consciente de tout cela. J'étais jeune, dans la fièvre de publier chaque mois ce maudit journal, alors la gentillesse, la simplicité d'une personne tel que lui, n'était pas ma priorité.
Aujourd'hui lorsque je pense à lui, c'est pourtant ce qui me revient en premier à la mémoire. Lui l'ancien de la Documentation française, du Monde, de RFI, lui au CV long comme une vie, me proposait de devenir le correspondant parisien du JFB. Rien que cela. Et moi j'ai oublié d'être impressionné. J'ai juste pensé, super, une plume crédible, c'est exactement ce dont j'ai besoin. Lui, il s'en moquait de la réputation du JFB, il n'avait plus rien à prouver.
Que de discussions, parfois passionnées, parfois plus sereines, jamais inintéressantes. Je me souviens encore de son regard bienveillant sur moi, sur la "Petite", comme il disait. Et moi, je n'en ai pas compris l'importance.
Il m'aimait bien Thomas, on s'entendait bien. Notre collaboration, notre amitié a duré plusieurs années. Jusqu'à ce que la vie nous sépare. P... de vie.
Il y a un an, pratiquement jour pour jour, Thomas m'avait envoyé un message auquel j'ai répondu, sans suite. J'aurai du insister, le relancer de mon côté, il avait fait le premier pas. Je ne l'ai pas fait. Maintenant il est trop tard, je m'en veux et suis triste.
Je pense à Pascale qui l'accompagnait dans tous ces déplacements budapestois. Pascale jolie rousse panthère créatrice, a qui je pense si souvent lorsque je traverse mon salon, souvenir d'une de ses œuvres offerte lors d'un Noël à Budapest.
Adieu Thomas.