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Médias: savoir résister


Par Rédigé le 03/04/2016 (dernière modification le 01/04/2016)

Rien n’est jamais acquis et la liberté de la presse en témoigne. Lanceurs d’alertes, corruption, réseaux politiques: le monde médiatique livre bataille quotidiennement. L’histoire est ancienne, à chaque siècle ses prédateurs. Contrôlé par des grandes fortunes du milieu entrepreneurial, le pluralisme médiatique est menacé par la multiplication des pressions sur les journalistes.


Image du domaine public
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Les pressions économiques sur une presse en difficulté, la mainmise des industriels et des banquiers sur les chaînes privées, les restrictions budgétaires sur l’audiovisuel public et sur l’AFP sont les principaux obstacles à une information de qualité et à notre liberté d’informer."À défaut d’avoir recours à la force pour contrôler les populations, on peut parfaitement la contrôler par l’opinion". Les magnats de la presse l’ont aussi bien compris que Harold Laswell, spécialiste des médias. L’histoire est ancienne, à chaque siècle ses prédateurs. Aujourd’hui, ils ne nomment Dassault, Lagardère, Bouygues, Bertelsmann ou encore Vivendi. Ils sont les dirigeants d’entreprise dont les médias dépendent et les créateurs de la forme sournoise d’atteinte à la liberté de la presse.

Contrôler l'opinion publique

Au quotidien, l’homme se forge un avis plus ou moins influencé par l’opinion public. De nouveaux produits, aux politiciens en passant par les attentats et tous les sujets qui en découlent, l’humain s’interroge et partage sa réflexion qu’il pense être réel. Nonobstant, la réalité aussi subjective soit-elle, n’en reste pas moins notre réalité submergée d’informations diverses. Lorsqu’il s’agit de juger une personne de notre entourage, les résultats sont basés sur une expérience directe. Mais dès lors qu’un événement de grande ampleur se produit, les médias tiennent un rôle majeur: celui d’informateur influant l’opinion publique de manière indirecte.

Puisqu’il est impossible de se multiplier dans un monde aussi vaste, il est important pour l’homme de pouvoir se fier aux journalistes. Or, la désinformation ne cesse d’augmenter au même titre que la soif de profits. Dernièrement, les citoyens ne cessent de s’attaquer aux médias sur les réseaux sociaux. Entre "désinformateur" et "menteur", les qualificatifs sont loin d’être mélioratif. Et pour cause, les récents événements tragiques semblent avoir ouvert l’esprit critique de toutes les générations qui ont constaté que certaines informations importantes ont été relégué au second plan ou non diffusé. S’il ne s’agit pas d’émettre des informations biaisées, la manipulation de l’information n’en reste pas moins présente. Lorsqu’un internaute tente de se renseigner sur les récents attentats en Turquie et qu’il tape sur son clavier "attentat" dans les divers moteurs de recherches, il perçoit à quel point les pires tragédies sont hiérarchisées. Aucune donnée sur la Turquie dans les premières pages et ce, même s’il ajoute la précision "attentat Turquie". La Belgique et la réaction de la France en deuil face aux tragiques événements occupent toute la scène médiatique. Ainsi, l’instrument de puissance qu’est le média perd en crédibilité à cause de son homogénéisation de l’information qui s’installe depuis plusieurs années.

A l’ère où la crise de la presse écrite menace aussi bien la presse régionale que nationale, les directeurs de rédaction et leurs supérieurs, semblent montrer au grand jour quels fins stratèges et manipulateurs ils sont. Misant sur les attentes psychologiques du lectorat aspirant à des informations sensationnelles, des histoires croustillantes, qu’elles soient cruelles ou émouvantes, les "maîtres de l’opinion publique" s’amuse de ses émotions et de sa curiosité malsaine. Par ailleurs, selon le journaliste et enseignant Jean-Paul Marthoz, les journalistes "ont abdiqué, sans suffisamment guerroyer, leur rôle de chiens de garde chargés, comme les y enjoint la constitution est de protéger les citoyens contre les mensonges et les abus du pouvoir. Ils se sont laissés dépouiller de leur fonction essentielle, qui est de définir l’information, de discerner, dans le fatras des faits du jour, ce qui est important et ce qui est exact. Ils ont abandonné à d’autres, à ceux qu’ils devraient contrôler, le pouvoir de déterminer non seulement l’agenda et la hiérarchie de l’information, mais bien plus gravement encore, les événements qu’il importe de couvrir et de traiter". Il semblerait par ailleurs que cet abandon est engendré une restriction indirecte de la liberté de la presse française.

Liberté de la presse française: apprendre à résister

Seulement 38e du classement mondial de la liberté de la presse 2015, la France connue comme étant l’El Dorado de la liberté d’expression par le plus grand nombre connaît une régression brutale en matière de liberté d’information. Or, il semblerait que le gouvernement ne se sente pas concernée notamment au vu de la "loi expéditive sur la liberté et l’indépendance des médias" aussi appelée "projet de loi Bloche". Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, a présenté aux sénatrices et sénateurs le 23 mars 2016 ce qu’elle considère être les principales mesures pouvant garantir l’indépendance des rédactions. En effet, "un dispositif légal devrait, via une réelle réforme des aides à la presse, renforcer les droits des journalistes et des citoyens à partager une information de qualité: complète, honnête et pluraliste".

Portée par le député socialiste Patrick Bloche, la proposition de loi visant à "renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias" a suscité des réactions opposées. En ce qui concerne la notion de "l’intime conviction professionnelle", Vincent Lanier, le secrétaire du Syndicat national des journalistes (SNJ), considère que cette proposition de loi n'est pas suffisante, même si elle constitue "une avancée". A contrario, Denis Bouchez, le directeur du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), pense que cette notion "beaucoup trop vague" provoquera des conflits au sein des journaux en prenant l’exemple d’un article sur l’islam radical: "Si je demande à un journaliste de faire un article sur la radicalisation de l’islam, il pourra invoquer son intime conviction professionnelle pour me dire que, de son point de vue, il n’y a pas de radicalisation de l’islam. Et donc il peut y avoir des problèmes (…) Ce n’est pas une bonne chose de créer ce droit-là, l’intime conviction professionnelle n’est absolument pas démontrable et donc on ne sait plus du tout comment la gérer". L’homme qui réfute toute mainmise des actionnaires sur la ligne éditoriale des médias semble être le stéréotype de l’homme vivement critiqué par les citoyens: le manipulateur des médias.

Fort heureusement grâce à internet, l’appel à la résistance est lancé. La France voit émerger depuis peu quelques exceptions telles que Mediapart, l’Observatoire des Journalistes et de l’Information Médiatique (OJIM) et la génération des blogueurs à l’affût de la notion subjective de vérité. Moins connue qu’Edwy Plenel ou encore Denis Robert, la nouvelle génération refuse de coopérer avec les grandes entreprises. Elle est issue d’une formation en journalisme, en communication ou est simplement animée d’un désir ardent de rétablir l’ordre, et cette génération ne craint rien. Connectée à un maximum de site d’information, elle perçoit, analyse et partage ses trouvailles dans le but de parvenir un jour, à convaincre le monde médiatique et la jeunesse à sauver le journalisme: apprendre à résister, telle est la devise.









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