Patrick Tudoret : Interview sur 'Le petit livre de l'amitié', les Coulisses d'une Vie de Rencontres. (c) Patrick Tudoret.
"Les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin de la vie." - Sénèque.
Patrick Tudoret, déploie à travers ses mots et ses expériences une perspective unique sur la vie, explorant avec une profondeur émotionnelle et une sensibilité exquise des thèmes tels que l'amour, et la vie elle-même. Notre première rencontre avec lui remonte à la parution de son roman "Juliette, Victor Hugo mon fol amour", désormais porté avec succès sur de nombreuses planches de théâtres en France et notamment celle du prestigieux Festival d'Avignon.
Après le retentissement remarquable de son ouvrage "En marchant", petite réflexion itinérante publiée chez Tallandier en mars 2023, couronnée du Grand Prix Littéraire des Départements, cette fois-ci, nous plongeons dans un récit où l'auteur se livre sur une relation humaine qu'il chérit tout autant. Patrick Tudoret nous emmène dans "Le petit livre de l’amitié" (Salvator). Ce nouvel opus aborde l'amitié, une des formes les plus pures d'amour à ses yeux, et lui permet d'explorer les multiples facettes de cet amour tel que défini par les anciennes cultures grecques et latines. Petit par son format poche, ce livre regorge de profondeur, nourri des expériences vibrantes qui ont jalonné son existence.
"Le petit livre de l’amitié" révèle, par sa vision artistique guidée par la liberté, l'hommage touchant que l'auteur rend à ceux qui ont façonné sa vie et son œuvre : ses amis et rencontres marquantes. Pour Patrick Tudoret, l'amitié est le pilier fondamental donnant sens à l'existence, une conviction illustrée par l'impact transformateur de ces liens forgés au fil du temps, modelant sa vision de la vie et de l'écriture.
C'est à travers ces réflexions et expériences personnelles que ce recueil prend vie, offrant un livre empreint de sincérité et d'émotions, dévoilant un regard intime sur le pouvoir et la signification de l'amitié dans la condition humaine. Interview.
Patrick Tudoret, déploie à travers ses mots et ses expériences une perspective unique sur la vie, explorant avec une profondeur émotionnelle et une sensibilité exquise des thèmes tels que l'amour, et la vie elle-même. Notre première rencontre avec lui remonte à la parution de son roman "Juliette, Victor Hugo mon fol amour", désormais porté avec succès sur de nombreuses planches de théâtres en France et notamment celle du prestigieux Festival d'Avignon.
Après le retentissement remarquable de son ouvrage "En marchant", petite réflexion itinérante publiée chez Tallandier en mars 2023, couronnée du Grand Prix Littéraire des Départements, cette fois-ci, nous plongeons dans un récit où l'auteur se livre sur une relation humaine qu'il chérit tout autant. Patrick Tudoret nous emmène dans "Le petit livre de l’amitié" (Salvator). Ce nouvel opus aborde l'amitié, une des formes les plus pures d'amour à ses yeux, et lui permet d'explorer les multiples facettes de cet amour tel que défini par les anciennes cultures grecques et latines. Petit par son format poche, ce livre regorge de profondeur, nourri des expériences vibrantes qui ont jalonné son existence.
"Le petit livre de l’amitié" révèle, par sa vision artistique guidée par la liberté, l'hommage touchant que l'auteur rend à ceux qui ont façonné sa vie et son œuvre : ses amis et rencontres marquantes. Pour Patrick Tudoret, l'amitié est le pilier fondamental donnant sens à l'existence, une conviction illustrée par l'impact transformateur de ces liens forgés au fil du temps, modelant sa vision de la vie et de l'écriture.
C'est à travers ces réflexions et expériences personnelles que ce recueil prend vie, offrant un livre empreint de sincérité et d'émotions, dévoilant un regard intime sur le pouvoir et la signification de l'amitié dans la condition humaine. Interview.
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Interview
- Comment avez-vous su, (en dehors de la demande de votre éditeur) que c’était le bon moment pour explorer le thème de l'amitié ?
Patrick Tudoret : Toute sujet profond, exigeant, comme celui de l’amitié, exige un peu de profondeur de champ, donc un peu d’expérience. Il va de soi que je n’aurais jamais pu le traiter avec autant d’acuité, je le crois, il y a une vingtaine d’années. Avoir une perspective plus large, une expérience plus nourrie, sont des éléments indispensables, il me semble. C’est pourquoi l’amitié, si cruciale pour moi, s’est imposée lorsque j’ai dû choisir un sujet pour cette belle collection des Editions Salvator.
- Quelles sont vos sources d'inspiration littéraire ou artistique qui ont influencé votre approche de l'écriture autour de cette thématique ?
P.T : Mille inspirations. Comme je me nourris – comme tout écrivain doit le faire – de livres et de littérature au sens large, je ne pouvais omettre Montaigne et son amitié pour La Boétie, mais outre le célèbre passage « Parce que c’était lui, parce que c’était moi », j’évoque les mots magnifiques qu’a La Boétie lui-même sur l’amitié. Ils sont beaucoup moins connus, mais aussi beaux et lucides que ceux de Montaigne et ont même été écrits avant… Il y a aussi, bien sûr, les anciens, Grecs et Latins qui, d’Aristote à Cicéron et à Sénèque, ont largement célébré l’amitié, qui est l’une des formes les plus exigeantes de l’amour. Ensuite, l’esprit d’absolu des romantiques a aussi forgé ma conception de l’amitié.
- Comment avez-vous abordé l'équilibre entre partager vos expériences personnelles tout en préservant une certaine réserve dans votre écriture sur l'amitié ?
P.T : Le « contrat » moral avec l’éditeur était en effet de sortir de l’approche habituelle, théorique, « philosophique », objectivée, de l’amitié, pour aborder des rivages plus personnels, fruits d’expériences multiples et d’histoires parfois étonnantes, bouleversantes. Cela dit, je suis tout sauf exhibitionniste et il fallait trouver le bon équilibre. Je crois l’avoir trouvé par des touches plus impressionnistes que cliniques, notamment sur la période si cruciale de l’enfance.
- Quels aspects de l'amitié au quotidien trouvez-vous les plus fascinants ou gratifiants, et comment cela peut-il être un catalyseur pour le développement personnel ? En quoi ces éléments ont-ils influencé votre processus d'écriture ou votre approche artistique pour créer ce livre ?
P.T : Très tôt dans le livre, je cite le mot de Paul Eluard : « Il n’y pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » Plus j’avance dans la vie, plus en effet j’ai cette sorte de conviction que rien n’arrive par hasard, mais par une sorte de « conjuration » positive, par une troublante évidence. Il y a d’ailleurs des coups de foudre en amitié comme il y en a en amour. On fait connaissance et quelques minutes après, c’est comme si on se connaissait depuis toujours, comme si la rencontre avait été prévue, aménagée dans nos vies par plus grand que nous. Il y a une alchimie en amitié qui ressortit parfois à la grâce. L’expression développement personnel est bien galvaudée, mais, de fait, l’amitié est un de ces catalyseurs qui, dans nos vies, permettent une construction de soi. Et je dis bien construction, à l’opposé de cette constriction si fréquente aujourd’hui, imbécile régression narcissique ou identitaire, qui exclut l’autre de son écran radar. L’amitié nous grandit, nous élève. C’est ainsi que l’écriture de ce livre s’est faite très rapidement de manière naturelle, comme s’il était inscrit en moi depuis toujours.
- Comment choisissez-vous les anecdotes ou les histoires à inclure dans votre livre parmi toutes celles que vous avez vécues ?
P.T : Je ne pouvais certes pas être exhaustif, il fallait donc faire un choix et les critères ont été assez objectifs : mes premiers amis, ceux de l’enfance, des « promesses de l’aube » ou de l’adolescence. Ensuite, je rends bien sûr hommage à ces amis défunts qui ont tant compté pour moi et aux autres dont l’amitié me comble chaque jour. Car ce livre est aussi un exercice de gratitude, la plus belle des vertus. Je me devais de remercier au centuple certains êtres dont l’amitié a été pour moi fondatrice au sens le plus strict.
Patrick Tudoret : Toute sujet profond, exigeant, comme celui de l’amitié, exige un peu de profondeur de champ, donc un peu d’expérience. Il va de soi que je n’aurais jamais pu le traiter avec autant d’acuité, je le crois, il y a une vingtaine d’années. Avoir une perspective plus large, une expérience plus nourrie, sont des éléments indispensables, il me semble. C’est pourquoi l’amitié, si cruciale pour moi, s’est imposée lorsque j’ai dû choisir un sujet pour cette belle collection des Editions Salvator.
- Quelles sont vos sources d'inspiration littéraire ou artistique qui ont influencé votre approche de l'écriture autour de cette thématique ?
P.T : Mille inspirations. Comme je me nourris – comme tout écrivain doit le faire – de livres et de littérature au sens large, je ne pouvais omettre Montaigne et son amitié pour La Boétie, mais outre le célèbre passage « Parce que c’était lui, parce que c’était moi », j’évoque les mots magnifiques qu’a La Boétie lui-même sur l’amitié. Ils sont beaucoup moins connus, mais aussi beaux et lucides que ceux de Montaigne et ont même été écrits avant… Il y a aussi, bien sûr, les anciens, Grecs et Latins qui, d’Aristote à Cicéron et à Sénèque, ont largement célébré l’amitié, qui est l’une des formes les plus exigeantes de l’amour. Ensuite, l’esprit d’absolu des romantiques a aussi forgé ma conception de l’amitié.
- Comment avez-vous abordé l'équilibre entre partager vos expériences personnelles tout en préservant une certaine réserve dans votre écriture sur l'amitié ?
P.T : Le « contrat » moral avec l’éditeur était en effet de sortir de l’approche habituelle, théorique, « philosophique », objectivée, de l’amitié, pour aborder des rivages plus personnels, fruits d’expériences multiples et d’histoires parfois étonnantes, bouleversantes. Cela dit, je suis tout sauf exhibitionniste et il fallait trouver le bon équilibre. Je crois l’avoir trouvé par des touches plus impressionnistes que cliniques, notamment sur la période si cruciale de l’enfance.
- Quels aspects de l'amitié au quotidien trouvez-vous les plus fascinants ou gratifiants, et comment cela peut-il être un catalyseur pour le développement personnel ? En quoi ces éléments ont-ils influencé votre processus d'écriture ou votre approche artistique pour créer ce livre ?
P.T : Très tôt dans le livre, je cite le mot de Paul Eluard : « Il n’y pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » Plus j’avance dans la vie, plus en effet j’ai cette sorte de conviction que rien n’arrive par hasard, mais par une sorte de « conjuration » positive, par une troublante évidence. Il y a d’ailleurs des coups de foudre en amitié comme il y en a en amour. On fait connaissance et quelques minutes après, c’est comme si on se connaissait depuis toujours, comme si la rencontre avait été prévue, aménagée dans nos vies par plus grand que nous. Il y a une alchimie en amitié qui ressortit parfois à la grâce. L’expression développement personnel est bien galvaudée, mais, de fait, l’amitié est un de ces catalyseurs qui, dans nos vies, permettent une construction de soi. Et je dis bien construction, à l’opposé de cette constriction si fréquente aujourd’hui, imbécile régression narcissique ou identitaire, qui exclut l’autre de son écran radar. L’amitié nous grandit, nous élève. C’est ainsi que l’écriture de ce livre s’est faite très rapidement de manière naturelle, comme s’il était inscrit en moi depuis toujours.
- Comment choisissez-vous les anecdotes ou les histoires à inclure dans votre livre parmi toutes celles que vous avez vécues ?
P.T : Je ne pouvais certes pas être exhaustif, il fallait donc faire un choix et les critères ont été assez objectifs : mes premiers amis, ceux de l’enfance, des « promesses de l’aube » ou de l’adolescence. Ensuite, je rends bien sûr hommage à ces amis défunts qui ont tant compté pour moi et aux autres dont l’amitié me comble chaque jour. Car ce livre est aussi un exercice de gratitude, la plus belle des vertus. Je me devais de remercier au centuple certains êtres dont l’amitié a été pour moi fondatrice au sens le plus strict.
"Plus j’avance dans la vie, plus en effet j’ai cette sorte de conviction que rien n’arrive par hasard, mais par une sorte de « conjuration » positive, par une troublante évidence."
- Quelle est l'histoire ou la rencontre la plus marquante pour vous ? Pouvez-vous partager un exemple personnel où l'amitié vous a soutenu lors d'une période difficile ou de vulnérabilité qui a marqué un moment clé de votre vie ?
P.T : Plusieurs pages de ce livre évoquent l’amitié exceptionnelle, je l’appelle même « gémellité stellaire » (nous étions nés le même jour de janvier à 29 ans d’écart…), qui m’a uni au cinéaste Alain Jessua, dont l’œuvre est formidable (largement reconnue, primée à Cannes et à Venise). Bien qu’il fût plus âgé que mon père, il fut mon ami, mon frère, un véritable miracle dans ma vie. Nous avons même failli faire un film ensemble, mais il est mort, trop vite, il y maintenant 6 ans. Sinon, un peu plus récemment, en effet, tandis que je me débattais avec la douloureuse perte d’autonomie de ma mère ponctuée par l’hôpital, les centres de convalescence, puis une admission dans une maison de retraite, j’ai vu à quel point certains amis m’ont soutenu, égayant mes soirées qui sans eux se seraient passées seul dans un appartement vide, déserté par celle qui l’avait habité au sens fort.
- Dans votre livre, comment décrivez-vous l'évolution des relations amicales au fil du temps, notamment dans un monde de plus en plus connecté avec les réseaux sociaux et la technologie ?
P.T : Les réseaux dits sociaux sont, on le sait, le meilleur et le pire… Un possible lieu de sociabilité, mais aussi une véritable poubelle, comme me le dit un jour Boris Cyrulnik. Une amitié purement virtuelle serait évidemment un leurre. Je commence un des chapitres de ce livre par l’évocation d’un dessin humoristique de l’Américain Dan Spiraro : une grand pièce vide, un cercueil, des chaises, une femme seule, assise, écrasant une larme, et une autre s’étonnant auprès du seul autre personnage présent à ces tristes obsèques : « Il avait pourtant plus de 4500 amis sur Facebook ! »… Constat cruel de la fausseté de ces amitiés-écrans. Je ne dédaigne pas certains réseaux dits sociaux, mais à titre purement professionnel. Les écrans, quels qu’ils soient, sont trop souvent des écrans entre nous et la réalité du monde, entre nous et l’amitié-vraie. Enfin, accordons-leur quelques vertus tout de même… c’est ainsi que mon meilleur ami d’enfance a retrouvé ma trace, trente ans plus tard, grâce aux réseaux numériques… Nous filons depuis, de nouveau, la plus parfaite amitié et c’est une véritable bénédiction.
- Comment votre propre conception de l'amitié a-t-elle évolué au cours de votre vie, et en quoi cela à impacté votre propre cheminement en tant qu'écrivain et penseur ?
P.T : Très tôt, je le crois, en animal assez exigeant (des autres, mais surtout de moi-même), ma conception de l’amitié s’est forgée dans la loyauté, la fidélité, cette intégrité fondamentale, sans laquelle l’être humain n’est rien. Cette conception a donc assez peu évolué, mais j’ai évidemment, comme tout le monde, commis des maladresses, vécu déceptions et ruptures. Le tout est de tirer un enseignement profitable de ces expériences moins « glorieuses ». Certaines amitiés peuvent se bâtir sur une sorte de malentendu et finir de même, c’est pourquoi la plus grande sincérité est nécessaire. Je cite d’ailleurs, dans le livre, le mot de l’empereur Titus dans le célèbre opéra de Mozart : « Je préférerai toujours une vérité qui blesse à un mensonge qui plaît. »
- Comment espérez-vous que ce livre puisse élargir la perspective des lecteurs sur l'amitié et les inciter à repenser leurs propres relations amicales ? Avez-vous des conseils spécifiques sur la façon de cultiver des amitiés durables et significatives ?
P.T : Je n’ai aucune vocation à devenir « coach » en amitié, je n’aurai jamais cette prétention, ayant moi-même fait des erreurs, ayant parfois emprunté des chemins qui ne menaient nulle part. Ce que j’espère avec ce livre, qui est une profession de foi assumée en l’amitié, c’est que beaucoup de lecteurs éventuellement déçus par elle renversent leur perspective et considèrent qu’une amitié peut naître à tout âge et peut transformer une vie. De toute évidence, cette profonde attention à l’autre qu’est l’amitié peut nous rendre meilleurs. Dans tous les cas, elle nous élève.
P.T : Plusieurs pages de ce livre évoquent l’amitié exceptionnelle, je l’appelle même « gémellité stellaire » (nous étions nés le même jour de janvier à 29 ans d’écart…), qui m’a uni au cinéaste Alain Jessua, dont l’œuvre est formidable (largement reconnue, primée à Cannes et à Venise). Bien qu’il fût plus âgé que mon père, il fut mon ami, mon frère, un véritable miracle dans ma vie. Nous avons même failli faire un film ensemble, mais il est mort, trop vite, il y maintenant 6 ans. Sinon, un peu plus récemment, en effet, tandis que je me débattais avec la douloureuse perte d’autonomie de ma mère ponctuée par l’hôpital, les centres de convalescence, puis une admission dans une maison de retraite, j’ai vu à quel point certains amis m’ont soutenu, égayant mes soirées qui sans eux se seraient passées seul dans un appartement vide, déserté par celle qui l’avait habité au sens fort.
- Dans votre livre, comment décrivez-vous l'évolution des relations amicales au fil du temps, notamment dans un monde de plus en plus connecté avec les réseaux sociaux et la technologie ?
P.T : Les réseaux dits sociaux sont, on le sait, le meilleur et le pire… Un possible lieu de sociabilité, mais aussi une véritable poubelle, comme me le dit un jour Boris Cyrulnik. Une amitié purement virtuelle serait évidemment un leurre. Je commence un des chapitres de ce livre par l’évocation d’un dessin humoristique de l’Américain Dan Spiraro : une grand pièce vide, un cercueil, des chaises, une femme seule, assise, écrasant une larme, et une autre s’étonnant auprès du seul autre personnage présent à ces tristes obsèques : « Il avait pourtant plus de 4500 amis sur Facebook ! »… Constat cruel de la fausseté de ces amitiés-écrans. Je ne dédaigne pas certains réseaux dits sociaux, mais à titre purement professionnel. Les écrans, quels qu’ils soient, sont trop souvent des écrans entre nous et la réalité du monde, entre nous et l’amitié-vraie. Enfin, accordons-leur quelques vertus tout de même… c’est ainsi que mon meilleur ami d’enfance a retrouvé ma trace, trente ans plus tard, grâce aux réseaux numériques… Nous filons depuis, de nouveau, la plus parfaite amitié et c’est une véritable bénédiction.
- Comment votre propre conception de l'amitié a-t-elle évolué au cours de votre vie, et en quoi cela à impacté votre propre cheminement en tant qu'écrivain et penseur ?
P.T : Très tôt, je le crois, en animal assez exigeant (des autres, mais surtout de moi-même), ma conception de l’amitié s’est forgée dans la loyauté, la fidélité, cette intégrité fondamentale, sans laquelle l’être humain n’est rien. Cette conception a donc assez peu évolué, mais j’ai évidemment, comme tout le monde, commis des maladresses, vécu déceptions et ruptures. Le tout est de tirer un enseignement profitable de ces expériences moins « glorieuses ». Certaines amitiés peuvent se bâtir sur une sorte de malentendu et finir de même, c’est pourquoi la plus grande sincérité est nécessaire. Je cite d’ailleurs, dans le livre, le mot de l’empereur Titus dans le célèbre opéra de Mozart : « Je préférerai toujours une vérité qui blesse à un mensonge qui plaît. »
- Comment espérez-vous que ce livre puisse élargir la perspective des lecteurs sur l'amitié et les inciter à repenser leurs propres relations amicales ? Avez-vous des conseils spécifiques sur la façon de cultiver des amitiés durables et significatives ?
P.T : Je n’ai aucune vocation à devenir « coach » en amitié, je n’aurai jamais cette prétention, ayant moi-même fait des erreurs, ayant parfois emprunté des chemins qui ne menaient nulle part. Ce que j’espère avec ce livre, qui est une profession de foi assumée en l’amitié, c’est que beaucoup de lecteurs éventuellement déçus par elle renversent leur perspective et considèrent qu’une amitié peut naître à tout âge et peut transformer une vie. De toute évidence, cette profonde attention à l’autre qu’est l’amitié peut nous rendre meilleurs. Dans tous les cas, elle nous élève.