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Peine de mort: la longue histoire de l'abolition


Par Rédigé le 04/12/2013 (dernière modification le 02/12/2013)

De moins en moins d'Américains sont favorables au maintien de la peine de mort, selon les résultats d'un sondage Gallup rendus publics fin octobre. Si 60% d'entre eux se disent pour la peine capitale, ce chiffre est le plus bas qu'ont connu les États-Unis depuis plus de 40 ans. Pourtant, l'abolition de la peine de mort est un long et difficile chemin. Quand, le 9 octobre 1981, la France adopte la loi interdisant la peine capitale, elle a derrière elle plus de 150 ans de débats passionnés et de luttes acharnées. Retour sur cette longue histoire de l'abolition en France.


Beccaria le précurseur

Photo (c) Chiswick Chap
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En 1764 est publié anonymement "Des délits et des peines". Ce traité est l’œuvre du juriste et philosophe italien Cesare Beccaria. Mais ses retentissements se font sentir bien au-delà des frontières italiennes et il inspire notamment les ouvrages de Diderot, d’Alembert ou Voltaire.

Si cet ouvrage n’a pas pour unique objet la question de la peine de mort, il lui accorde néanmoins une place importante. Cesare Beccaria s’y oppose fermement. "Si je prouve que cette peine n’est ni utile ni nécessaire, j’aurai fait triompher la cause de l’humanité", écrit même le juriste.
Pour Beccaria, aucun droit ne permet aux hommes de tuer leurs semblables. Il ajoute que l’histoire a montré que la peine de mort n’a jamais "empêché les hommes résolus de nuire à la société".

Au XIXe siècle: prendre la plume contre la peine capitale

Au cours du XIXe siècle, ce sont des écrivains qui prennent le fer de lance de la lutte contre la peine de mort. Leurs armes: les livres et les poèmes. "Le dernier jour d’un condamné", écrit par Victor Hugo en 1829, apparaît en cela comme un monument dans la lutte contre la peine capitale. La préface du livre, notamment, prend la forme d'un plaidoyer pour l'abolition.

Partageant avec Victor Hugo un talent pour les lettres et un gout pour la politique, Lamartine s’est également illustré comme fervent défenseur de l’abolition. Il écrit en 1830 un poème intitulé "Contre la peine de mort" et prononce en 1838 un discours à la Chambre pour l’abolition de la peine capitale.

Là encore, le succès n’est pas au rendez-vous et la peine de mort reste d’actualité. Deux avancées sont néanmoins réalisées à cette période: les supplices sont supprimés et le Gouvernement provisoire de 1848 abolit la peine capitale pour les infractions de nature politique.

Les années 1900: débats politiques et faits divers

Dans les années 1900, le flambeau du projet abolitionniste est repris par les hommes politiques, ministres ou députés à l'image du républicain Jules Simon.

En 1906, la lutte contre la peine de mort prend un nouveau tournant. C'est un partisan de l'abolition de la peine capitale, Armand Fallières, qui devient président de la République. Il gracie systématiquement tous les condamnés à mort pendant la première année de son septennat. Parallèlement, la Commission du budget de la Chambre des députés vote la suppression des crédits destinés à l'entretien de la guillotine et à la rémunération du bourreau.

Mais le projet de loi abolitionniste déposé alors par le Garde des Sceaux Aristide Briand est rapidement compromis par une suite de faits divers qui défrayent la chronique. Le président Fallières gracie notamment Soleilland, condamné à mort pour avoir violé et assassiné une petite fille, Marthe. Le journal Le Petit Parisien organise alors parmi ses lecteurs un référendum sur la peine de mort. Le résultat semble sans appel: l'opinion publique est pour le maintien de la peine capitale.

Le succès de Robert Badinter, le 30 septembre 1981

"Je regardai l'horloge: il était douze heures et cinquante minutes, ce 30 septembre 1981. Le vœu de Victor Hugo - "l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort" - était réalisé. La victoire était complète." Voici comment Robert Badinter raconte l'abolition de la peine de mort dans son livre, paru en 2000 et intitulé "L'Abolition".

Un mois plus tôt, Robert Badinter, alors Garde des Sceaux déposait sur le bureau de l'Assemblée nationale, un projet de loi portant abolition de la peine de mort. C'est à la faveur de l'élection de François Mitterrand, engagé pour l'abolition de la peine capitale, à la présidence de la République que le débat sur la question avait pu être relancé.
Le projet de loi est adopté à la majorité de 160 voix contre 126 et le 9 octobre 1981 la loi interdisant la peine de mort entre en vigueur.









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