Centre ville de Shanghaï, capitale économique chinoise, ayant connu une urbanisation rapide entre 1987 et 2013. (c)Pixabay License
Ce lundi 27 janvier était l’occasion pour l’American Cosmograph de Toulouse, cinéma indépendant, de rediffuser le documentaire du réalisateur Hendrick Dusollier, un Français ayant filmé et documenté les derniers mois du quartier de Shibati au cœur de la métropole de Chongqing.
À la suite de la diffusion était organisé une rencontre-débat avec le journaliste et homme politique Martin Malvy, ancien secrétaire d’État puis impliqué dans la politique régionale de l’Occitanie, et Jacques Levy, géographe et professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Les deux hommes, au-delà du commentaire de l’œuvre de H. Dusollier, nous ouvrent de nouveaux horizons de réflexion sur la ville et l’environnement urbain, sa construction, sa déconstruction et son étude.
Après avoir vu les images terrifiantes de la dégradation et de la destruction du quartier populaire de Shibati, les premières questions du public fusent alors pour les deux experts de l’urbanisme, tournant principalement autour des thèmes suivants: les enjeux de la ville de demain, la désirabilité de l’espace urbain, les logiques d’expansion de l’aire urbaine, le réchauffement climatique. Si on note quelques oubliés dans la discussion, ce sont notamment la notion de globalisation de l’espace urbain et la ségrégation socio-spatiale, deux concepts pourtant bien visibles dans le documentaire.
Après un débat avec le public et les réponses successives des deux intervenants, la parole se cristallise autour d’une question : celle de la définition de l’espace public.
La définition des espaces publics telle que présentée par Thierry Paquot dans son ouvrage L’espace public (2009) nous amène à mieux cerner ce concept :
i[“Les espaces publics […] désignent des endroits accessibles au(x) public(s), arpentés par les habitants, qu'ils résident ou non à proximité. Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l'accessibilité et de la gratuité.” ]i
À la suite de la diffusion était organisé une rencontre-débat avec le journaliste et homme politique Martin Malvy, ancien secrétaire d’État puis impliqué dans la politique régionale de l’Occitanie, et Jacques Levy, géographe et professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Les deux hommes, au-delà du commentaire de l’œuvre de H. Dusollier, nous ouvrent de nouveaux horizons de réflexion sur la ville et l’environnement urbain, sa construction, sa déconstruction et son étude.
Après avoir vu les images terrifiantes de la dégradation et de la destruction du quartier populaire de Shibati, les premières questions du public fusent alors pour les deux experts de l’urbanisme, tournant principalement autour des thèmes suivants: les enjeux de la ville de demain, la désirabilité de l’espace urbain, les logiques d’expansion de l’aire urbaine, le réchauffement climatique. Si on note quelques oubliés dans la discussion, ce sont notamment la notion de globalisation de l’espace urbain et la ségrégation socio-spatiale, deux concepts pourtant bien visibles dans le documentaire.
Après un débat avec le public et les réponses successives des deux intervenants, la parole se cristallise autour d’une question : celle de la définition de l’espace public.
La définition des espaces publics telle que présentée par Thierry Paquot dans son ouvrage L’espace public (2009) nous amène à mieux cerner ce concept :
i[“Les espaces publics […] désignent des endroits accessibles au(x) public(s), arpentés par les habitants, qu'ils résident ou non à proximité. Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l'accessibilité et de la gratuité.” ]i
Qu’est-ce que l’espace public?
Pour la société chinoise, qu’il est possible d’entrevoir à travers le documentaire de H. Dusollier, espaces publics et espaces de consommation se mêlent, se confondent presque. Les centres commerciaux et nouvelles galeries marchandes deviennent des lieux d’échange, de rencontre, à la grande différence de ce qui pourrait constituer des espaces publics dans la société occidentale plus traditionnelle, attachée à la notion de centre-ville, de bourg, et dont les constructions récentes sont souvent exclues. Les espaces publics peuvent prendre diverses formes, mais Jacques Levy nous rappelle qu’au sein les villes européennes c’est le centre-ville historique qui est mis en avant, retravaillé pour être rendu plus attractif parfois au prix d’aménagements remis en question par les citadin-e-s eux-mêmes.
Quel-le-s acteur-rice-s impliqué-e-s dans le modelage des espaces publics?
L’expression même d’espaces publics renvoit à l’implication fondamentale des acteur-rice-s public-que-s tant par leur rôle de formation des espaces publics que par leur fonction de protection de cet espace. Au titre de la conservation de cet espace public, les politiques publiques se multiplient en effet depuis les années 1970 pour donner lieu à une politique dites “des acronymes”. Cette conception éminemment politique de la ville consiste à créer des dispositifs pour répondre à un problème, à la recherche du bien-être des habitants, de la meilleure allocation de l’espace possible, tels que le programme Habitat et vie social (HVS) de 1977 ou le développement social des quartiers (DSQ) introduit dans la banlieue de Lyon.
Les acteur-rice-s privé-e-s concentrent également l’attention dans l’aménagement du territoire avec une multiplication d’agences et d’entreprises dédiées à l’architecture, l’aménagement urbain et l’urbanisme.
Enfin, les citoyen-ne-s occupent une place depuis quelques années dans la définition et le modelage de leurs espaces publics, notamment par l’ouverture à la société civile des réunions d’informations et de concertations, de commissions. Dans le cadre du développement des expériences de démocratie locale et démocratie participative, ce modèle de concertation est très en vogue comme nous le rappelle Jacques Levy avant de nuancer que les phénomènes de concertation des citoyen-ne-s dans l’aménagement de l’espace urbain ne doivent pas se transformer en lieu de revendications individuelles mal placées. Les citoyen-ne-s se voient offrir une place à la table des négociations par volonté de transparence et besoin d’entendre les besoins des populations concernées, mais c’est bien souvent un simple outil de légitimation des décisions déjà engagées par les acteur-rice-s public-que-s et privé-e-s.
Les acteur-rice-s privé-e-s concentrent également l’attention dans l’aménagement du territoire avec une multiplication d’agences et d’entreprises dédiées à l’architecture, l’aménagement urbain et l’urbanisme.
Enfin, les citoyen-ne-s occupent une place depuis quelques années dans la définition et le modelage de leurs espaces publics, notamment par l’ouverture à la société civile des réunions d’informations et de concertations, de commissions. Dans le cadre du développement des expériences de démocratie locale et démocratie participative, ce modèle de concertation est très en vogue comme nous le rappelle Jacques Levy avant de nuancer que les phénomènes de concertation des citoyen-ne-s dans l’aménagement de l’espace urbain ne doivent pas se transformer en lieu de revendications individuelles mal placées. Les citoyen-ne-s se voient offrir une place à la table des négociations par volonté de transparence et besoin d’entendre les besoins des populations concernées, mais c’est bien souvent un simple outil de légitimation des décisions déjà engagées par les acteur-rice-s public-que-s et privé-e-s.
Que retenir du documentaire “Derniers jours à Shibati”?
Si il est une chose importante à retenir du documentaire d’Hendrick Dusollier, c’est le caractère universel des questions d’urbanisme. Malgré deux cultures de la ville et de la vie totalement différentes, en Chine comme en France, la concentration des populations dans les aires urbaines, la qualité de l’environnement urbain et le modelage des espaces publics sont les points de départ de la construction des politiques d’urbanisme de ces dernières et prochaines décennies.
À cela s’ajoute très certainement l’émotion du film, l’attachement de chacun des habitants de Shibati à son quartier, la découverte de leur mode de vie très local, qui nous pousse à nous questionner sur notre propre rapport à la ville, la notion de centre, et de vie urbaine.
À cela s’ajoute très certainement l’émotion du film, l’attachement de chacun des habitants de Shibati à son quartier, la découverte de leur mode de vie très local, qui nous pousse à nous questionner sur notre propre rapport à la ville, la notion de centre, et de vie urbaine.
Documentaire Shibati - Article.m4a (292.65 Ko)