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De Vienne à Wellington, Nouvelle-Zélande


Par Rédigé le 15/10/2022 (dernière modification le 15/10/2022)

C’est le voyage accompli par des dépouilles maori conservées depuis plus de 130 ans au Naturhistorisches Museum Wien, Musée d’histoire naturelle de la capitale autrichienne et que cette institution a restituées.


De Vienne à Wellington, Nouvelle-Zélande
Elles sont arrivées à destination dimanche 2 octobre et ont été accueillies avec émotion Il s’agit des restes de soixante-quatre Maori et Moriori, originaires des îles principales de la Nouvelle-Zélande et des îles Chatham, de la tribu "iwi". Ils étaient attendus depuis des générations. C’est le taxidermiste et pilleur de tombes autrichien Andreas Reischek qui a vécu en Nouvelle-Zélande pendant douze ans, jusqu’en 1889, qui les avait expédiés à Vienne.

La cérémonie de restitution s’est déroulée au musée national de Te Papa à Wellington où ces dépouilles dont de nombreux crânes reposeront en attendant d’être déposées dans un lieu sacré que les "iwi" consultés détermineront.
Pour William "Pou" Temara, président du comité consultatif de rapatriement de Te Papa, ce retour était vraiment significatif. "C’est toujours un soulagement et un privilège spirituel d’accueillir de nouveau nos ancêtres qui ont été victimes de tels méfaits". Et il poursuit "Culturellement, nous savons qu’ils pleurent de joie d’être rentrés à Aotearoa (Nouvelle-Zélande) où ils vont enfin reposer en paix".

Te Arikirangi Mamaku-Ironside, responsable par intérim de cette opération, a salué l’aide que lui ont apportée ses collègues autrichiens pour mettre fin à ces 77 ans de négociations. William Temara s’en est réjoui "Le Musée d’histoire naturelle de Vienne s’est engagé à réparer les torts et a abordé ce travail avec un esprit d’ouverture et de réconciliation". Il a rappelé qu’un programme de rapatriement financé par le gouvernement allait se poursuivre, non sans préciser "Bien qu’il y ait davantage de négociations en matière de rapatriement de dépouilles, il y a encore beaucoup de travail à faire pour ramener tous nos ancêtres chez eux".

L’homme qui avait rapporté ces dépouilles en Autriche est un curieux personnage. Andreas Reischek, né le 15 septembre 1845 à Linz où il est mort le 3 avril 1902, avait commencé comme apprenti chez un boulanger tout en manifestant un vif intérêt pour l'histoire naturelle. C’est ainsi qu’il devint taxidermiste, naturaliste et ornithologue. Il guerroya au Tyrol en 1866 pendant la troisième guerre d'indépendance italienne, fut garde-chasse et guide avant de travailler comme taxidermiste à Vienne. En 1877, il fut engagé par le naturaliste, géologue et explorateur germano-autrichien Ferdinand von Hochstetter pour deux ans en Nouvelle-Zélande à aider à mettre sur pied des expositions au Canterbury Museum de Christchurch, alors dirigé par son fondateur le géologue prussien Julius von Haast. Il y restera 12 ans, jusqu'en 1889, se transformant souvent en pilleur de tombes et organisant de grandes expéditions de collecte d'histoire naturelle à travers tout le pays. Toujours accompagné de son ficèle César, le chien qui lui aurait, dit-on, sauvé la vie à plusieurs reprises. Dans ses journaux intimes, il décrit la manière dont il a saccagé plusieurs tombes, sans autorisation, notamment sur les îles Chatham, à Christchurch ou encore à Auckland.

II a collectionné pour les musées et les collectionneurs privés mais aussi pour lui. Quand Andreas Reischek revient en Autriche en 1889, il rapporte une importante collection personnelle de plus de 14.000 pièces dont plus de 3.000 spécimens ornithologiques y compris de nombreuses espèces aujourd'hui disparues. La collection a été achetée par certains de ses amis et présentée au Musée impérial d'histoire naturelle de Vienne.
En 1892, on lui demanda de superviser la création du musée Francis-Caroline à Linz, sa ville natale. Son nom a été donné à une perruche endémique des îles antipodes de Nouvelle-Zélande.








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