Capture d'image du jeu Bad News (C) Jon Roozenbeek et Sander van der Linden, University of Cambridge, Royaume Uni
Un vaccin contre les fake news.MP3 (665.49 Ko)
Fin juin 2019, deux chercheurs de la célèbre université britannique ont annoncé le résultat d’une vaste étude sur la façon dont on pourrait combattre les "infox". Leur idée : un jeu virtuel ou les participants entrent dans le rôle du manipulateur, assistés par la voix-off d’un robot conseiller qui leur propose des idées et des stratégies perverses et efficaces pour lancer un vrai mouvement de fake news.
L’idée classique pour contrecarrer les fausses information était plutôt de se rapporter aux faits. Pourtant, les faits ne sont pas toujours simples à établir et, de plus, plusieurs études ont montré que de nombreuses personnes continuent de croire une information même si elle a été prouvée comme étant fausse. C’est la raison pour laquelle les chercheurs ont considéré qu’une approche plus concrète pourrai obtenir de meilleurs résultats.
Leur approche est basée sur la théorie de l’inoculation, que la psychologie sociale a emprunté à la médecine. On expose les personnes à des arguments contraires à leurs opinions, dans de faibles doses, pour les rendre résistants aux "attaques" contre leurs convictions, de la même façon que le vaccin rend l’organisme immune au virus.
Pour prouver l’efficacité de leur méthode, les chercheurs ont testé le jeu sur 15.000 personnes et ont mesuré les effets du jeu sur celles-ci. Leur conclusion a été que la capacité des participants à identifier et à rester "immuns" aux infox a augmenté après avoir joué le jeu en ligne, "indépendamment de leur éducation, âge, idéologie politique ou style cognitif".
L’idée classique pour contrecarrer les fausses information était plutôt de se rapporter aux faits. Pourtant, les faits ne sont pas toujours simples à établir et, de plus, plusieurs études ont montré que de nombreuses personnes continuent de croire une information même si elle a été prouvée comme étant fausse. C’est la raison pour laquelle les chercheurs ont considéré qu’une approche plus concrète pourrai obtenir de meilleurs résultats.
Leur approche est basée sur la théorie de l’inoculation, que la psychologie sociale a emprunté à la médecine. On expose les personnes à des arguments contraires à leurs opinions, dans de faibles doses, pour les rendre résistants aux "attaques" contre leurs convictions, de la même façon que le vaccin rend l’organisme immune au virus.
Pour prouver l’efficacité de leur méthode, les chercheurs ont testé le jeu sur 15.000 personnes et ont mesuré les effets du jeu sur celles-ci. Leur conclusion a été que la capacité des participants à identifier et à rester "immuns" aux infox a augmenté après avoir joué le jeu en ligne, "indépendamment de leur éducation, âge, idéologie politique ou style cognitif".
Oui, mais…
Il est plutôt évident que dans le contexte actuel, les fake news peuvent constituer une menace pour la démocratie, et même pour la planète. Trouver un remède, ça sera une bonne chose et un grand soulagement. Le jeu est bien réalisé. Même si quelque peu simpliste – mais difficile à faire autrement – en jouant on se rend compte très concrètement, sur le vif, de la façon dont la fabrication des infox fonctionne. L’idée que l’on avait sur le processus n’est pas la même avant et après.
Cependant, on pourrait identifier quelques soucis, ou questions. Tout d’abord, la théorie de l’inoculation, dans sa version psychologique, est une théorie de la persuasion/manipulation. On peut inoculer des minidoses de tout et de son contraire. En ce qui concerne le jeu, on pourrait utiliser sa structure pour entraîner des personne à mieux fabriquer des infox de tout genre, à combattre les convictions religieuses ou politiques ou à (dé)monter n’importe quelle idéologie.
Alors que les auteurs sont assez ouverts et honnêtes sur les limitations de leur étude, un autre problème vient de la façon dont certains médias l’ont présenté, avec de titres comme : "Des scientifiques de Cambridge ont créé un vaccin efficace contre les infox" ou "Le vaccin contre les fake news fonctionne : la préexposition réduit le risque de succomber à la désinformation". Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas ce que les auteurs disent, et même s’ils le disaient, on devrait vérifier d’abord…
Il est plutôt évident que dans le contexte actuel, les fake news peuvent constituer une menace pour la démocratie, et même pour la planète. Trouver un remède, ça sera une bonne chose et un grand soulagement. Le jeu est bien réalisé. Même si quelque peu simpliste – mais difficile à faire autrement – en jouant on se rend compte très concrètement, sur le vif, de la façon dont la fabrication des infox fonctionne. L’idée que l’on avait sur le processus n’est pas la même avant et après.
Cependant, on pourrait identifier quelques soucis, ou questions. Tout d’abord, la théorie de l’inoculation, dans sa version psychologique, est une théorie de la persuasion/manipulation. On peut inoculer des minidoses de tout et de son contraire. En ce qui concerne le jeu, on pourrait utiliser sa structure pour entraîner des personne à mieux fabriquer des infox de tout genre, à combattre les convictions religieuses ou politiques ou à (dé)monter n’importe quelle idéologie.
Alors que les auteurs sont assez ouverts et honnêtes sur les limitations de leur étude, un autre problème vient de la façon dont certains médias l’ont présenté, avec de titres comme : "Des scientifiques de Cambridge ont créé un vaccin efficace contre les infox" ou "Le vaccin contre les fake news fonctionne : la préexposition réduit le risque de succomber à la désinformation". Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas ce que les auteurs disent, et même s’ils le disaient, on devrait vérifier d’abord…