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Turquie: la répression continue après le référendum constitutionnel


Par Bulent Inan Rédigé le 15/05/2017 (dernière modification le 13/05/2017)

Deux décrets ont été publiés au Journal officiel turc, le 29 avril 2017, traduisant le durcissement à Ankara. En vertu de l'état d'urgence imposé après le coup d’État avorté du 15 juillet 2016 et prolongé pour trois mois depuis le référendum constitutionnel du 16 avril 2017, le gouvernement islamo-conservateur de Turquie a congédié près de 4.000 fonctionnaires supplémentaires, interdit les émissions de rencontres amoureuses, et bloqué l'accès à Wikipédia.


Recep Tayyip Erdoğan. Image du domaine public
Recep Tayyip Erdoğan. Image du domaine public
repression_turquie.mp3 Répression Turquie.mp3  (1.87 Mo)

Quelque 3.974 fonctionnaires, militaires et gendarmes ont été limogés en Turquie. Ces nouvelles sanctions concernent notamment plus d'un millier d'employés du ministère de la Justice, un millier d'autres dépendant de l'armée, près de 500 enseignants et environ 200 membres du ministère des Cultes, selon le décret, qui liste les noms de toutes les personnes concernées.

Dans la foulée du coup d’État manqué, les autorités turques ont arrêté 40.000 personnes et en ont limogé 120.000, dans une série de professions dont la police, l'enseignement ou la magistrature, pour leurs liens présumés avec la mouvance du prédicateur musulman turc réfugié aux États-Unis Fethullah Gülen, auquel Ankara fait porter la responsabilité du putsch avorté. Fethullah Gülen a démenti en être à l'origine, mais les autorités turques affirment que les purges sont nécessaires pour éradiquer ce "virus" de la société turque.


La Turquie interdit les émissions de rencontres

Le gouvernement turc a également décidé d'interdire, par décret, les émissions télévisées populaires de rencontres, toujours en vertu de l'état d'urgence. "A la radio et à la télévision, ce type de programmes dans lesquels les personnes sont présentées les unes aux autres pour trouver un petit-ami (…) ne peuvent être autorisés", énonce le décret.

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmuş avait déclaré en mars que l'interdiction de ces émissions était en préparation, ces programmes ne respectant pas les traditions turques. "Il y a des programmes étranges qui mettent à la casse l'institution de la famille et lui retirent sa noblesse et sa sainteté. Si Dieu le veut, dans un proche avenir, nous allons y remédier grâce à des décrets d'urgence", avait-il dit.

Ces décrets ont été publiés le jour même où l'accès à l'encyclopédie en ligne Wikipédia était bloqué dans le pays.

La Turquie bloque l'accès à Wikipédia

Depuis le matin du 29 avril 2017, le site Internet Wikipédia est bloqué en Turquie. Selon les autorités turques, le blocage fait suite au refus de Wikipédia de retirer des articles dans lesquels la Turquie serait "mise sur le même plan" que des groupes extrémistes et accusée de "collaborer" avec eux. Les autorités promettent la levée du blocage dès que les articles concernés auront été retirés.

Les organisations visées n'ont pas été citées nommément, mais la Turquie réagit toujours très vivement à ce qu'elle assimile à de la propagande terroriste en faveur du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan engagé dans une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984. Certains critiques, dont des militants kurdes, accusent le pouvoir turc de parfois collaborer avec les djihadistes en Syrie, une allégation fermement rejetée par la Turquie.

Selon l'opposition turque, la raison de cette suspension pourrait aussi être l'abondance de critiques à l'égard du président Recep Tayyip Erdoğan, à la suite de sa victoire au référendum du 16 avril 2017, qui renforce son pouvoir personnel.

Réagissant au blocage, le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, a rappelé sur Twitter que "l'accès à l'information est un droit humain fondamental. Peuple turc, je serai toujours à vos côtés pour défendre ce droit.".


Intensification de la répression en Turquie après le référendum du 16 avril 2017









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