Le "corps d’été" est-il social et politique?

Le livre de Christophe Granger explore l’histoire de l’été et des corps qui vont avec. "En France, elle se noue entre 1920 et 1960. Alors s’impose un répertoire proprement estival de gestes et de postures légitimes. Alors les édits changeants de la silhouette, le bronzage, l’horizontalité publique et le périmètre capricieux des dévoilements inventent, à échelle d’hommes et de femmes, de nouveaux savoir-faire et de nouvelles exclusions".

Ainsi l’auteur entend dévoiler les secrets sociaux et politiques que peuvent cacher ces corps d’été à travers l’apparence qu’ils renvoient. Le corps d’été se fait alors "le capital social" de l’individu: "cette morale des corps d’été est travaillée de jeux sociaux considérables".

Cet ouvrage de sciences humaines retrace très intelligemment l’histoire des corps à la plage, en France depuis le début du XXe siècle, grâce notamment à des photographies, des archives ou d’autres infographies en tous genres. Il soulève des questions importantes quant à la manière dont nous nous comportons durant cette saison des apparences et les conséquences que cela peut avoir: "Il y a peu, la question du burkini a réactivé ces débats anciens, soulignant de nouveau les tiraillements sociaux qui entourent nos corps". Un livre qui vous accompagnera au mieux vers l’été tout en revenant habilement sur l’histoire des apparences des corps d’été pour mieux les appréhender et les comprendre.

L’auteur Christophe Granger est historien, membre du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (CNRS/Paris-1). Il est notamment l’auteur de "La destruction de l’université française" (2015), "Le vase de Soissons n’existe pas" (avec Victoria Vanneau, 2013), "À quoi pensent les historiens?" (dir., 2013).