Si Oskar Schindler est mondialement connu grâce au film de Steven Spielberg sorti en 1993, il n’en est pas de même pour Aristides de Sousa Mendes. Aussi, les souvenirs historiques du diplomate permettent-ils de mieux connaître celui qui durant quelques jours de juin 1940 sauva des milliers de réfugiés qui arrivaient à Bordeaux en leur octroyant des visas d’entrée au Portugal, ce qui devait faciliter leur départ pour les Etats-Unis, l’Amérique latine ou l’Afrique. Parmi tous ceux qu’il a sauvés, de nombreux anonymes mais aussi des artistes, des intellectuels et des hommes politiques. On note Zita de Bourbon-Parme, dernière impératrice d’Autriche-Hongrie et ses enfants, la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg, le général Leclerc ou l’acteur Marcel Dalio.
Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches était né le 19 juillet 1885 au sein d’une vieille famille de la noblesse monarchiste, terrienne et catholique conservatrice du centre du Portugal. Il étudie le droit à l’Université de Coimbra et entreprend une carrière consulaire. Après de nombreux postes dans divers pays, il obtient en août 1938 d’António de Oliveira Salazar alors Premier ministre du Portugal et ministre des Affaires étrangères, celui de consul général à Bordeaux avec autorité sur les consulats de Toulouse et de Bayonne. Malgré la circulaire n°14 du 11 novembre 1939 qui interdisait les "étrangers de nationalité indéfinie, contestée ou en litige, les apatrides, les porteurs de passeports Nansen, les Russes, les juifs expulsés de leur pays d'origine ou de toute autre provenance, les étrangers en transit vers l'Amérique mais sans visa ou sans billet de passage..." d'entrer au Portugal. Sousa Mendes distribuera des milliers de visas sans aucune distinction, sauvant ainsi plus de 30.000 personnes dont 10.000 Juifs. Il déclarera d’ailleurs "Désormais, je donnerai des visas à tout le monde, il n’y a plus de nationalité, de race, de religion ".
Laurent Védrine, conservateur en chef du musée d’Aquitaine, déclare "Tenaillé entre le devoir d'obéissance et celui d'humanité, il va s'enfermer trois jours avant de prendre la décision de désobéir". Il ajoute "les valeurs de moralité ont été plus fortes que les ordres". Il aurait pris sa décision après une conversation avec Jacob Kruger, un rabbin d’Anvers. A sa déclaration "Je vais essayer de vous aider et de vous faire partir avec votre famille" le rabbin aurait répondu "Ce n’est pas seulement moi qu’il faut aider, mais tous mes frères qui risquent la mort".
Le consulat de Portugal à Bordeaux au 14 quai Louis XVIII, ne désemplissait pas et les files d’attente s’allongeaient dans la rue. Cesar Mendes, le neveu du consul rappelle "Ils entraient et ils sortaient. Ils dormaient sur des chaises, sur le plancher, sur des couvertures (…). Même les bureaux du consul étaient bondés de réfugiés, épuisés, fatigués à en mourir parce qu’ils avaient passé des jours et des nuits dans la rue, dans l’escalier et, enfin, dans les bureaux". Cette désobéissance vaudra au consul d'être sanctionné, il sera démis de ses fonctions à l'issue d'un procès disciplinaire et ce père de famille nombreuse, quinze enfants, connaîtra des difficultés financières. Il mourra le 3 avril 1954 d'une seconde hémorragie cérébrale à l’hôpital tenu par les pères franciscains da Ordem Terceira do Chiado à Lisbonne. Ses derniers mots auraient été d’après son neveu "Je n'ai rien à vous laisser sauf mon nom et il est propre". Laurent Védrine précise "Il est mort seul, et il est surtout mort dans l'oubli".
Dès le hall d’entrée du musée se trouve une imposante sculpture-vidéo due au sculpteur allemand Werner Klotz et à son compatriote le musicien Almut Kühne sur une idée de Sebastian Mendes, petit-fils du consul, elle est présentée pour la première fois en France. Cette œuvre O candelabro en portugais, a une forme de chandelier, elle se compose d’écrans où se réfléchissent et s’entremêlent des vidéos et des bandes-son qui évoquent le consul et les jours qui ont précédé ses actes de désobéissance. Parallèlement, un espace d’exposition est consacré à ces journées de juin 1940 avec des images d’archives extraites des collections du Centre national Jean Moulin, des Archives départementales de la Gironde et de la Sousa Mendes Foundation (affiches, journaux, photographies, documents officiels).
Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches était né le 19 juillet 1885 au sein d’une vieille famille de la noblesse monarchiste, terrienne et catholique conservatrice du centre du Portugal. Il étudie le droit à l’Université de Coimbra et entreprend une carrière consulaire. Après de nombreux postes dans divers pays, il obtient en août 1938 d’António de Oliveira Salazar alors Premier ministre du Portugal et ministre des Affaires étrangères, celui de consul général à Bordeaux avec autorité sur les consulats de Toulouse et de Bayonne. Malgré la circulaire n°14 du 11 novembre 1939 qui interdisait les "étrangers de nationalité indéfinie, contestée ou en litige, les apatrides, les porteurs de passeports Nansen, les Russes, les juifs expulsés de leur pays d'origine ou de toute autre provenance, les étrangers en transit vers l'Amérique mais sans visa ou sans billet de passage..." d'entrer au Portugal. Sousa Mendes distribuera des milliers de visas sans aucune distinction, sauvant ainsi plus de 30.000 personnes dont 10.000 Juifs. Il déclarera d’ailleurs "Désormais, je donnerai des visas à tout le monde, il n’y a plus de nationalité, de race, de religion ".
Laurent Védrine, conservateur en chef du musée d’Aquitaine, déclare "Tenaillé entre le devoir d'obéissance et celui d'humanité, il va s'enfermer trois jours avant de prendre la décision de désobéir". Il ajoute "les valeurs de moralité ont été plus fortes que les ordres". Il aurait pris sa décision après une conversation avec Jacob Kruger, un rabbin d’Anvers. A sa déclaration "Je vais essayer de vous aider et de vous faire partir avec votre famille" le rabbin aurait répondu "Ce n’est pas seulement moi qu’il faut aider, mais tous mes frères qui risquent la mort".
Le consulat de Portugal à Bordeaux au 14 quai Louis XVIII, ne désemplissait pas et les files d’attente s’allongeaient dans la rue. Cesar Mendes, le neveu du consul rappelle "Ils entraient et ils sortaient. Ils dormaient sur des chaises, sur le plancher, sur des couvertures (…). Même les bureaux du consul étaient bondés de réfugiés, épuisés, fatigués à en mourir parce qu’ils avaient passé des jours et des nuits dans la rue, dans l’escalier et, enfin, dans les bureaux". Cette désobéissance vaudra au consul d'être sanctionné, il sera démis de ses fonctions à l'issue d'un procès disciplinaire et ce père de famille nombreuse, quinze enfants, connaîtra des difficultés financières. Il mourra le 3 avril 1954 d'une seconde hémorragie cérébrale à l’hôpital tenu par les pères franciscains da Ordem Terceira do Chiado à Lisbonne. Ses derniers mots auraient été d’après son neveu "Je n'ai rien à vous laisser sauf mon nom et il est propre". Laurent Védrine précise "Il est mort seul, et il est surtout mort dans l'oubli".
Dès le hall d’entrée du musée se trouve une imposante sculpture-vidéo due au sculpteur allemand Werner Klotz et à son compatriote le musicien Almut Kühne sur une idée de Sebastian Mendes, petit-fils du consul, elle est présentée pour la première fois en France. Cette œuvre O candelabro en portugais, a une forme de chandelier, elle se compose d’écrans où se réfléchissent et s’entremêlent des vidéos et des bandes-son qui évoquent le consul et les jours qui ont précédé ses actes de désobéissance. Parallèlement, un espace d’exposition est consacré à ces journées de juin 1940 avec des images d’archives extraites des collections du Centre national Jean Moulin, des Archives départementales de la Gironde et de la Sousa Mendes Foundation (affiches, journaux, photographies, documents officiels).
Une reconnaissance tardive qui a rattrapé le tems perdu
Il faudra attendre 1961 pour que la presse commence à s'intéresser à ces événements de 1940 et que les associations juives les évoquent. A partir de ce moment les manifestations se sont succédé à un rythme accéléré. En 1966, Yad Vashem à Jérusalem lui attribua le titre honorifique de Juste parmi les Nations pour son action en faveur des Juifs. Un arbre est planté à sa mémoire dans le parc du Souvenir et une rue de Tel-Aviv porte son nom. La reconnaissance d’Israël s’exprimera le 9 octobre 1967 en présence de Joana fille de Sousa Mendes, au cours d’une cérémonie au Consulat général d’Israël à New York, elle recevra un médaillon au nom de Yad Vashem. Une phrase du Talmud y est gravée “Celui qui sauve une vie, c’est comme s’il sauvait le monde entier”. En 1988. l’Assemblée de la République portugaise le réintègre à titre posthume dans la diplomatie avec le titre d'ambassadeur. Le 19 octobre 2021a lieu l’entrée au Panthéon national portugais. Le même jour, la ville de Bordeaux lui a rendu hommage devant son buste sur l’esplanade de Mériadeck, buste qui avait été inauguré le 29 mai 1994 par Mario Soares, alors président de la République portugaise. Ce même mois de mai 1994, dix mille arbres sont plantés dans le désert du Neghev, ils constitueront la Forêt Aristides de Sousa Mendes. Le 17 Novembre 1998 , c'est l’hommage du Parlement européen de Strasbourg. En avril 2014 est dévoilée une plaque commémorant la mémoire d’Aristides de Sousa Mendes devant les anciens locaux du consulat. A partir d’avril 2015 , une rue porte son nom à Bayonne.
La Fondation Aristides de Sousa Mendes a été créée le 23 février 2 000. Son siège est la Casa do Passal, le "palacete », dans la localité de Cabanas de Viriato où naquit de Sousa Mendes, elle a été déclarée monument national en 2011. Elle est dominée par une immense statue du Christ Roi que Sousa Mendes avait fait sculpter à Louvain en 1933 quand il était consul à Anvers. Sa famille a été dédommagée par l'État, avec cette indemnisation d'environ 75.000€, les héritiers du diplomate ont donc créé cette Fondation dont l’objectif est de transmettre l’héritage moral du consul aux générations futures, principalement les plus jeunes. À l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Sousa Mendes, la Fondation a édité une médaille qu'elle offre à tous ceux qui veulent bien participer à la restauration de la maison et à la création d'un musée.
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La Fondation Aristides de Sousa Mendes a été créée le 23 février 2 000. Son siège est la Casa do Passal, le "palacete », dans la localité de Cabanas de Viriato où naquit de Sousa Mendes, elle a été déclarée monument national en 2011. Elle est dominée par une immense statue du Christ Roi que Sousa Mendes avait fait sculpter à Louvain en 1933 quand il était consul à Anvers. Sa famille a été dédommagée par l'État, avec cette indemnisation d'environ 75.000€, les héritiers du diplomate ont donc créé cette Fondation dont l’objectif est de transmettre l’héritage moral du consul aux générations futures, principalement les plus jeunes. À l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Sousa Mendes, la Fondation a édité une médaille qu'elle offre à tous ceux qui veulent bien participer à la restauration de la maison et à la création d'un musée.
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