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Tribune: Mort de Rafsandjani, important pilier du régime iranien

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Par Kouroch Kader Rédigé le 18/01/2017 (dernière modification le 18/01/2017)

L’un des fondateurs du régime islamiste en Iran, Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, est décédé le 8 janvier 2017 à la suite d’un malaise cardiaque.


Le Kouseh

Rafsandjani est tristement célèbre pour son rôle déterminant dans les différents bouleversements du régime après la révolution de 1979. Bras droit de Khomeiny dans l’élimination des partis politiques démocratiques à la suite de la révolution de février, il a contribué à l’instauration d’un pouvoir autoritaire au nom de l’Islam.
Il a occupé plusieurs postes clés au sein du régime: président du Parlement de 1980 à 1989, commandant en chef de l’armée en 1988, président de la République de 1989 à 1997, président de l’Assemblée des experts (en charge d’élire et de révoquer le Guide suprême) de 2007 à 2011 et président du Conseil de discernement (en charge d’arbitrer les conflits entre institutions) de 1989 jusqu’à son décès.

Le peuple iranien le surnommait "kouseh", soit le "requin" en persan, en allusion à sa soif de richesse. Né dans une famille de paysans, il a construit sa richesse après la révolution. Il possédait notamment la deuxième compagnie d’aviation du pays ainsi que des universités privées et chaînes d’assemblage de voitures coréennes. Il exerçait en outre un monopole dans le secteur de la pistache. On estime que sa fortune était la deuxième du pays après celle du Guide suprême.

Un promoteur du programme nucléaire

Le gouvernement Rafsandjani a lancé le programme iranien clandestin d’armes nucléaires afin d’assurer la survie du régime. Pour y parvenir, l’Iran a intensifié sa coopération avec des pays tels que la Corée du Nord. Dans un entretien de 2015, Rafsandjani a admis avoir cherché des moyens d’obtenir une bombe nucléaire au cours de son mandat aux côtés de Khamenei. "Notre doctrine fondamentale a toujours été une application nucléaire pacifique, nous avons toujours gardé à l'esprit que si un jour nous devions être menacés et que cela était impératif, nous devrions être en mesure de prendre l'autre chemin", a-t-il expliqué.

Cette promotion du programme nucléaire explique peut-être l’attitude de certains Occidentaux qui qualifiaient Rafsandjani de "modéré" ou "pragmatiste". Cependant, il est important de souligner qu’il est associé à certains des crimes les plus atroces du régime iranien.

Une implication dans de nombreux massacres

Cet "artisan de la répression des opposants" a en effet été impliqué dans de nombreuses violations des droits de l’homme, et notamment dans "la solution finale" suite à la guerre Iran-Irak pour éliminer les prisonniers politiques. Rappelons qu’au cours du crime de masse 1988, qualifié de "massacre des prisons en Iran" par Amnesty International, 30.000 prisonniers ont été exécutés en moins de trois mois. Les principales victimes de ce terrible crime étaient les membres et sympathisants de l’OMPI (Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran).

Rafsandjani a également participé aux assassinats d’intellectuels vers la fin des années 1990. Écrivains, journalistes et figures de l’opposition démocratiques ont été exécutés par les services secrets iraniens en pleine rue ou à leur domicile. Par ailleurs, Rafsandjani a ordonné l’exécution de deux leaders kurdes à cette même époque.

Entre 1984 et 1994, les crimes du régime iranien envers l’opposition ont également été perpétrés en dehors des frontières du pays avec l’aval du gouvernement Rafsandjani. Citons par exemple Kazem Radjavi et Moradi Talebi, exécutés à Genève, Chapour Bakthiar, égorgé à Paris, Mohammad Hossein Naghdi, criblé de balles à Rome, Zahra Rajabi, abattue à Istanbul ou encore les quatre dissidents kurdes iraniens assassinés dans un restaurant de Berlin. En outre, un centre juif de Buenos Aires a été l’objet d’un terrible attentat faisant 85 morts et des dizaines de blessés en 1994. La Cour de justice argentine a mis en examen Rafsandjani et le guide suprême Ali Khamenei pour avoir commandité l’attentat. Le FBI a par ailleurs établi la preuve que l’attentat des tours Kohbar de 1996 en Arabie Saoudite était l’œuvre de Téhéran.

La présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) Maryam Radjavi a déclaré au sujet de la mort de Rafsandjani que "Rafsandjani, qui a toujours été le numéro deux du régime, a joué un rôle d'équilibre et a eu un rôle décisif dans sa préservation. Avec sa disparition, le régime des mollahs perd son équilibre interne et externe. Un des deux piliers et clé de l'équilibre du fascisme religieux gouvernant l'Iran vient de s’effondrer et le régime dans sa totalité s’approche davantage de son renversement".









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