Un jury exclusivement féminin
Au premier tour, par six voix contre trois à Grégoire Bouillier, c’est à l’Alsacienne Claudie Hunzinger que le jury du Femina, réuni au musée Carnavalet de Paris, a remis son prix. Il récompense le douzième roman de cet auteur. "Un chien à ma table" paru chez Grasset raconte l’histoire d’un couple qui vit isolé dans les montagnes vosgiennes et voit sa vie bouleversée par l’arrivée d’une chienne errante, "Un baluchon de poils gris, sale, exténué, famélique" que le couple nomme Yes. Clin d’œil à sa propre vie, celle qu’elle mène depuis 1965 dans un hameau des Vosges. Elle offre ainsi une réflexion profonde sur les vies animales et végétales, le désastre écologique et la vieillesse. "Avec une conscience aiguë du monde qui sombre... le livre héberge une multitude d’émotions, de pensées, de souvenirs, de découvertes, qui font craquer les murs et chauffer les cœurs" pouvait-on lire dans Télérama.
L’écrivaine Claudie Hunzinger est également une artiste plasticienne de 82 ans qui a publié son premier roman à l’âge de 70 ans. "Un chien à ma table" l’a emporté sur "Le cœur ne cède pas" de Grégoire Bouillier chez Flammarion, "Vivre vite" de Brigitte Giraud chez Flammarion qui lui a valu le prix Goncourt le 3 novembre, "Le Dernier des siens" de Sibylle Grimber aux éditions d’Anne Carrière, "Quand l’arbre tombe" d’Oriane Jeancourt-Galignani chez Grasset et "Tenir sa langue" de Polina Panassenko aux éditions de L’Olivier.
Le prix Femina de l’essai a été attribué à l’historienne Annette Wieviorka qui livre avec "Tombeaux. Autobiographie de ma famille" aux éditions du Seuil, un récit personnel où elle retrace l’itinéraire des Wieviorka et des Perelman, Juifs arrivés de Pologne en France dans les années 1920. "Toute ma vie, j’ai tourné autour de ce livre, peut-être mon dernier, par exemple en interviewant mon père dans les années 1970. J’ai mis du temps à me lancer, et j’ai souhaité me détacher de la veine un peu psychanalytique qui explore “ce que la Shoah nous a fait”. J’ai essayé de m’effacer pour faire revivre mes ancêtres, sans pathos ni surplomb" confie-t-elle.
L’Anglaise Rachel Cusk a reçu le prix Femina étranger pour "La Dépendance" chez Gallimard. Elle y conte l’histoire d’une écrivaine solitaire qui propose à un artiste de venir habiter dans une dépendance de sa maison, ce qui lui permet de commencer une longue méditation sur l’art.
Un prix spécial a été remis au Franco-Polonais Krzysztof Pomian pour l’ensemble de son œuvre , il est l’auteur d’une somme en trois volumes "Le Musée, une histoire mondiale" chez Gallimard.
Le prix Femina fut créé en 1904 à l’initiative de 22 collaboratrices du magazine "La Vie heureuse" qui voulaient s’opposer à un prix Goncourt jugé par trop misogyne. En effet, il faudra attendre 1944 pour que ce jury couronne une lauréate, en l'occurrence Elsa Triolet avec "Le premier accroc coûte 200 francs" chez Gallimard. Le prix fut d’abord appelé La Vie heureuse et deviendra Femina en 1922. A noter qu'il récompense aussi des hommes...
Actuellement, le jury présidé par Évelyne Bloch-Dano, comprend neuf membres dont la romancière rwandaise Scholastique Mukasonga, Nathalie Azoulai, Claire Gallois, Anne-Marie Garat, Paula Jacques, Christine Jordis, Mona Ozouf, Danièle Sallenave, Josyane Savigneau et Patricia Reznikov.
L’écrivaine Claudie Hunzinger est également une artiste plasticienne de 82 ans qui a publié son premier roman à l’âge de 70 ans. "Un chien à ma table" l’a emporté sur "Le cœur ne cède pas" de Grégoire Bouillier chez Flammarion, "Vivre vite" de Brigitte Giraud chez Flammarion qui lui a valu le prix Goncourt le 3 novembre, "Le Dernier des siens" de Sibylle Grimber aux éditions d’Anne Carrière, "Quand l’arbre tombe" d’Oriane Jeancourt-Galignani chez Grasset et "Tenir sa langue" de Polina Panassenko aux éditions de L’Olivier.
Le prix Femina de l’essai a été attribué à l’historienne Annette Wieviorka qui livre avec "Tombeaux. Autobiographie de ma famille" aux éditions du Seuil, un récit personnel où elle retrace l’itinéraire des Wieviorka et des Perelman, Juifs arrivés de Pologne en France dans les années 1920. "Toute ma vie, j’ai tourné autour de ce livre, peut-être mon dernier, par exemple en interviewant mon père dans les années 1970. J’ai mis du temps à me lancer, et j’ai souhaité me détacher de la veine un peu psychanalytique qui explore “ce que la Shoah nous a fait”. J’ai essayé de m’effacer pour faire revivre mes ancêtres, sans pathos ni surplomb" confie-t-elle.
L’Anglaise Rachel Cusk a reçu le prix Femina étranger pour "La Dépendance" chez Gallimard. Elle y conte l’histoire d’une écrivaine solitaire qui propose à un artiste de venir habiter dans une dépendance de sa maison, ce qui lui permet de commencer une longue méditation sur l’art.
Un prix spécial a été remis au Franco-Polonais Krzysztof Pomian pour l’ensemble de son œuvre , il est l’auteur d’une somme en trois volumes "Le Musée, une histoire mondiale" chez Gallimard.
Le prix Femina fut créé en 1904 à l’initiative de 22 collaboratrices du magazine "La Vie heureuse" qui voulaient s’opposer à un prix Goncourt jugé par trop misogyne. En effet, il faudra attendre 1944 pour que ce jury couronne une lauréate, en l'occurrence Elsa Triolet avec "Le premier accroc coûte 200 francs" chez Gallimard. Le prix fut d’abord appelé La Vie heureuse et deviendra Femina en 1922. A noter qu'il récompense aussi des hommes...
Actuellement, le jury présidé par Évelyne Bloch-Dano, comprend neuf membres dont la romancière rwandaise Scholastique Mukasonga, Nathalie Azoulai, Claire Gallois, Anne-Marie Garat, Paula Jacques, Christine Jordis, Mona Ozouf, Danièle Sallenave, Josyane Savigneau et Patricia Reznikov.
Un roman qui soulève des questions de notre époque
Le jury du prix Médicis composé de Marianne Alphant, Michel Braudeau, Marie Darrieussecq, Dominique Fernandez, Anne Garreta, Patrick Grainville, Andreï Makine Frédéric Mitterrand, Pascale Roze et Alain Veinstein, et réuni au restaurant La Méditerranée, place de l'Odéon à Paris, a récompensé "La Treizième heure", roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam paru chez P.O.L.
Face à elle se trouvaient Diaty Diallo pour "Deux secondes d'air qui brûle" au Seuil, Virginie Despentes pour "Cher Connard" chez Grasset, Victor Jestin pour "L’Homme qui danse", chez Flammarion, Olivia Rosenthal pour "Un Singe à ma fenêtre" aux éditions Verticales, Monica Sabolo pour "La Vie clandestine" chez Gallimard et Anne Serre pour "Notre si chère vieille dame auteur" au Mercure de France.
Emmanuelle Bayamack-Tam est professeure de lettres de 56 ans, elle écrit également sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri. Dans "La Treizième heure" elle met en scène une adolescente Farah, fille de Lenny, fondateur de L’Église de la Treizième Heure. Elle vit en communauté dans cet univers millénariste où l’on récite Nerval ou Rimbaud. Lenny rassemble ses fidèles lors de messes poétiques, ils sont angoissés par les menaces qui pèsent sur la planète.
Dans Le Figaro littéraire du 25 août dernier Patrick Grainville, écrivait "Emmanuelle Bayamack-Tam sature son marathon de toutes les obsessions contemporaines sur le genre, le couple, l'amour, la parentalité... Elle le fait sans provoquer ni assener une doctrine".
Le Médicis étranger a été remis à l’Ukrainien Andreï Kourkov pour "Les abeilles grises", paru chez Liana Levit traduit par Paul Lequesne.
Georges Didi-Uberman a obtenu le Médicis "essai" pour "Le Témoin jusqu'au bout" aux éditions de Minuit.
Le prix Médicis a été créé le 1er avril 1958 par Jean-Pierre Giraudoux, fils de l'écrivain Jean Giraudoux, et Gala Barbisan. Il était destiné à récompenser des œuvres qui se voulaient "exigeantes et nouvelles".
Face à elle se trouvaient Diaty Diallo pour "Deux secondes d'air qui brûle" au Seuil, Virginie Despentes pour "Cher Connard" chez Grasset, Victor Jestin pour "L’Homme qui danse", chez Flammarion, Olivia Rosenthal pour "Un Singe à ma fenêtre" aux éditions Verticales, Monica Sabolo pour "La Vie clandestine" chez Gallimard et Anne Serre pour "Notre si chère vieille dame auteur" au Mercure de France.
Emmanuelle Bayamack-Tam est professeure de lettres de 56 ans, elle écrit également sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri. Dans "La Treizième heure" elle met en scène une adolescente Farah, fille de Lenny, fondateur de L’Église de la Treizième Heure. Elle vit en communauté dans cet univers millénariste où l’on récite Nerval ou Rimbaud. Lenny rassemble ses fidèles lors de messes poétiques, ils sont angoissés par les menaces qui pèsent sur la planète.
Dans Le Figaro littéraire du 25 août dernier Patrick Grainville, écrivait "Emmanuelle Bayamack-Tam sature son marathon de toutes les obsessions contemporaines sur le genre, le couple, l'amour, la parentalité... Elle le fait sans provoquer ni assener une doctrine".
Le Médicis étranger a été remis à l’Ukrainien Andreï Kourkov pour "Les abeilles grises", paru chez Liana Levit traduit par Paul Lequesne.
Georges Didi-Uberman a obtenu le Médicis "essai" pour "Le Témoin jusqu'au bout" aux éditions de Minuit.
Le prix Médicis a été créé le 1er avril 1958 par Jean-Pierre Giraudoux, fils de l'écrivain Jean Giraudoux, et Gala Barbisan. Il était destiné à récompenser des œuvres qui se voulaient "exigeantes et nouvelles".
Jury entièrement masculin
Mercredi 9 novembre au restaurant parisien Lasserre, le jury du prix Interallié présidé par Philippe Tesson et composé de Gilles Martin-Chauffier, Stéphane Denis, Jacques Duquesne, Éric Neuhoff, Christophe Ono-dit-Biot, Jean-Marie Rouart, Jean-Christophe Rufin, Florian Zeller et Mathieu Palain, a distingué "Roman fleuve" de Philibert Humm, paru aux éditions des Équateurs, lesquelles ont publié pour la première fois le prix Interallié. Philibert Humm a été élu par cinq voix contre trois à Pierre Adrian, au dernier tour. Ces deux finalistes amis dans la vie, ont publié ensemble en 2018, "Le Tour de la France par deux enfants d'aujourd'hui" rappel évident du "Tour de la France par deux enfants" célèbre manuel de lecture paru en 1877. Philibert Humm, âgé de 31 ans, a été journaliste à la rubrique culture du Figaro, il est actuellement reporter à Paris Match. Il a triomphé de ses quatre concurrents Giuliano da Empoli et "Le Mage du Kremlin" chez Gallimard, Fabrice Gaignault pour "La vie plus douce" chez Grasset, Pascale Robert-Diard pour "Petite menteuse" aux éditions de L'Iconoclaste, et Pierre Adrian pour "Que reviennent ceux qui sont loin" chez Gallimard. C'est la deuxième année consécutive que le prix Interallié récompense un jeune écrivain et un éditeur assez peu habitué aux grands prix littéraires.
Dans ce roman de 288 pages, le premier de Philibert Humm, trois jeunes gens descendent la Seine jusqu’à la mer sur un canot d’occasion baptisé Bateau, sans aucun appareil moderne, ils font de multiples rencontres, pompiers, policiers ou tenanciers de guinguette et ignorent le danger qui les guette et les interventions de leurs fiancées respectives.
C’est son expérience de 2018 qu’il décrit sous forme romanesque, Christian Authier précise "Humm aime vagabonder à travers l'Hexagone à l'ancienne, sans GPS ni autres facilités numériques, le nez en l'air et les yeux ouverts". Et d’ajouter "On aura compris que Philibert Humm préfère l'esprit d'enfance à l'esprit de sérieux. La fantaisie, la drôlerie, le goût de la liberté jaillissent de ses pages qui ressuscitent le pays de Charles Trenet et de Jacques Tati". Ce ,'est pas pour rien que le même Christian Authier parle dans Le Figaro littéraire du 13 octobre dernier d’"Une odyssée réjouissante".
Le prix Interallié a été créé le 3 décembre 1930 par une trentaine de journalistes réunis au Cercle de l'Union interalliée à Paris pour déjeuner en attendant le résultat des délibérations du jury du prix Femina.
Dans ce roman de 288 pages, le premier de Philibert Humm, trois jeunes gens descendent la Seine jusqu’à la mer sur un canot d’occasion baptisé Bateau, sans aucun appareil moderne, ils font de multiples rencontres, pompiers, policiers ou tenanciers de guinguette et ignorent le danger qui les guette et les interventions de leurs fiancées respectives.
C’est son expérience de 2018 qu’il décrit sous forme romanesque, Christian Authier précise "Humm aime vagabonder à travers l'Hexagone à l'ancienne, sans GPS ni autres facilités numériques, le nez en l'air et les yeux ouverts". Et d’ajouter "On aura compris que Philibert Humm préfère l'esprit d'enfance à l'esprit de sérieux. La fantaisie, la drôlerie, le goût de la liberté jaillissent de ses pages qui ressuscitent le pays de Charles Trenet et de Jacques Tati". Ce ,'est pas pour rien que le même Christian Authier parle dans Le Figaro littéraire du 13 octobre dernier d’"Une odyssée réjouissante".
Le prix Interallié a été créé le 3 décembre 1930 par une trentaine de journalistes réunis au Cercle de l'Union interalliée à Paris pour déjeuner en attendant le résultat des délibérations du jury du prix Femina.