De gauche à droite : Silvia Porzio Le Goff, Franco Po, Lorenzo Consoli, Gianni Pittella, Franco Siddi, Paolo A. Valenti, Giancarlo Tartaglia.
Le journalisme de qualité serait-il en voie de disparition ? Telle est la question qui a été soulevée le 13 janvier dernier au Parlement Européen de Bruxelles, par l’association ClubMediaItalie qui a réuni un groupe de journalistes européens en présence du Vice-Président de l’institution, Gianni Pittella, du Président de l’Association de la Presse Internationale (API), Lorenzo Consoli, du Secrétaire Général du syndicat des journalistes italiens, Franco Siddi, et du responsable des journalistes italiens à l’étranger pour l’Ordre italiens des journalistes, Franco Po. Le journalisme sérieux et professionnel laisse la place à une information de plus en plus rapide, non vérifiée, non professionnelle, à des années lumières du concept essentiel de déontologie.
La confusion des pouvoirs
La liberté de la presse, le pluralisme de l’information sont les piliers de chaque système constitutionnel, a rappelé Gianni Pittella, en ouverture de la rencontre dans les locaux bruxellois de l’Assemblée européenne. Le « quatrième pouvoir » est aujourd’hui de plus en plus fragilisé pour des raisons économiques. D’où le mélange entre la sphère de l’information et de l’économie qui risque de suffoquer l’édition. Face à la désaffection croissante des lecteurs et à la baisse des ventes et des recettes publicitaires, l’édition doit aussi affronter à la diffusion d’Internet et aux nouveaux comportements des usagers, plus sélectifs et pouvant, à leur tour, faire circuler, plus facilement que par le passé, l’information, a-t-il rappelé.
« Pour le Vice-Président du Parlement Européen, qui a récemment accueilli un débat sur la liberté de la presse en Italie, « l’Italie accuse un profond retard marqué par le manque de standards européens qui mettent un frein aux conflits d’intérêts et au pouvoir énormes des concentrations voire à l’affranchissement du service public d’information d’influences politiques ».
200 journalistes en moins à Bruxelles
Les intervenants étaient unanimes sur le constat de l’avancée inquiétante du précariat induit par la fermeture inexorable et continue des bureaux de correspondance des journaux et des agences de presse ou, en préalable, à la réduction extrême des effectifs au bénéfice du recours à de jeunes plumes sous-payées alléchées par le mirage de contrats hypothétiques et reportés sine die. « La réduction des contrats obéit à la pure logique de réduction du coût du travail et de contrôle accru des contenus », a souligné Gianni Pittella. D’où l’urgence d’affronter ces problèmes.
L’exemple de la presse internationale à Bruxelles a été le plus éclatant de la dégradation des conditions d’exercice du métier de correspondant et, notamment, du travail des agences de presse. Lorenzo Consoli, correspondant de l’agence italienne Apcom, en a donné plusieurs exemples qui tournent autour de la concurrence de plus en plus impitoyable d’Internet qui reproduit les dépêches sans en citer la source ou des communiqués diffusés en temps réel par les institutions et repris avant même que le correspondant de l’agence ait eu le temps d’apporter son éclairage et de jouer son rôle essentiel d’analyse et de décryptage de la communication officielle. Sans parler des agences qui reproduisent l’info trouvée sur internet « en trahissant les sources primaires ».
Un chiffre significatif : le nombre de journalistes italiens accrédités auprès des institutions européennes n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2009. Depuis l’année dernière, on a assisté à une chute de 200 unités ! De grandes agences telles que l’AP ont également réduit leurs effectifs. Et pourtant, même si l’on peut estimer que certaines agences soient en effet en sureffectifs comme il a été par ailleurs souligné, ces coupes draconiennes sont absurdes car « on ne peut plus considérer ce qui vient de Bruxelles comme de la politique étrangère », a-t-il souligné.
Par ailleurs, l’accès à l’information est de plus en plus entravé par des obstacles « sécuritaires » qui servent de justification à de nouveaux contrôles…
La baisse des rémunérations, la non valorisation du travail de qualité ne font qu’aggraver ces phénomènes de « non qualité ». « Parler de liberté de la presse à 2€ la pige est compliqué », a renchéri Franco Po, représentant de l’Ordre italien des journalistes. Que les règles du jeu nécessitent d’être reformulées est une évidence pour l’organisme qui délivre la carte de presse et se veut garant de la déontologie dans la Péninsule. Sinon, « que faire des 800 jeunes qui se présentent chaque année pour obtenir la carte de presse ? », s’est-il interrogé.
Quelques solutions
Et pourtant, Internet et qualité ne sont pas forcément antinomiques. Et le même Consoli de rappeler l’initiative de Google de mettre en place un algorithme qui affiche les sites non pas en fonction du nombre de fois où ils sont recherchés mais en fonction de leur qualité. Bref, l’usage intelligent d’Internet et de la télé par satellite peut être une solution qui ne pénalise pas le travail des correspondants.
De tels exemples et la recherche d’autres solutions au problème de fond renforcent l’engagement de la FNSI, membre de la FIJ, pour la recherche d’un nouveau modèle éditorial, à l’échelle européenne. Il en sera question notamment lors d’un sommet prévu à Istanbul, les 16-18 avril prochains.
Lors du débat, il a été rendu hommage à l’engagement de ClubMediaItalie dans la dénonciation – et ce depuis cinq ans désormais- les abus et les prévarications à l’encontre de journalistes et free lance qui font un travail important d’information, notamment à l’étranger. ClubMediaItalie a réitéré pour sa part la poursuite du « combat » pour un journalisme européen de qualité, en invitant tous les journalistes sensibles à ces sujets à apporter leur soutien à l’association.
La confusion des pouvoirs
La liberté de la presse, le pluralisme de l’information sont les piliers de chaque système constitutionnel, a rappelé Gianni Pittella, en ouverture de la rencontre dans les locaux bruxellois de l’Assemblée européenne. Le « quatrième pouvoir » est aujourd’hui de plus en plus fragilisé pour des raisons économiques. D’où le mélange entre la sphère de l’information et de l’économie qui risque de suffoquer l’édition. Face à la désaffection croissante des lecteurs et à la baisse des ventes et des recettes publicitaires, l’édition doit aussi affronter à la diffusion d’Internet et aux nouveaux comportements des usagers, plus sélectifs et pouvant, à leur tour, faire circuler, plus facilement que par le passé, l’information, a-t-il rappelé.
« Pour le Vice-Président du Parlement Européen, qui a récemment accueilli un débat sur la liberté de la presse en Italie, « l’Italie accuse un profond retard marqué par le manque de standards européens qui mettent un frein aux conflits d’intérêts et au pouvoir énormes des concentrations voire à l’affranchissement du service public d’information d’influences politiques ».
200 journalistes en moins à Bruxelles
Les intervenants étaient unanimes sur le constat de l’avancée inquiétante du précariat induit par la fermeture inexorable et continue des bureaux de correspondance des journaux et des agences de presse ou, en préalable, à la réduction extrême des effectifs au bénéfice du recours à de jeunes plumes sous-payées alléchées par le mirage de contrats hypothétiques et reportés sine die. « La réduction des contrats obéit à la pure logique de réduction du coût du travail et de contrôle accru des contenus », a souligné Gianni Pittella. D’où l’urgence d’affronter ces problèmes.
L’exemple de la presse internationale à Bruxelles a été le plus éclatant de la dégradation des conditions d’exercice du métier de correspondant et, notamment, du travail des agences de presse. Lorenzo Consoli, correspondant de l’agence italienne Apcom, en a donné plusieurs exemples qui tournent autour de la concurrence de plus en plus impitoyable d’Internet qui reproduit les dépêches sans en citer la source ou des communiqués diffusés en temps réel par les institutions et repris avant même que le correspondant de l’agence ait eu le temps d’apporter son éclairage et de jouer son rôle essentiel d’analyse et de décryptage de la communication officielle. Sans parler des agences qui reproduisent l’info trouvée sur internet « en trahissant les sources primaires ».
Un chiffre significatif : le nombre de journalistes italiens accrédités auprès des institutions européennes n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2009. Depuis l’année dernière, on a assisté à une chute de 200 unités ! De grandes agences telles que l’AP ont également réduit leurs effectifs. Et pourtant, même si l’on peut estimer que certaines agences soient en effet en sureffectifs comme il a été par ailleurs souligné, ces coupes draconiennes sont absurdes car « on ne peut plus considérer ce qui vient de Bruxelles comme de la politique étrangère », a-t-il souligné.
Par ailleurs, l’accès à l’information est de plus en plus entravé par des obstacles « sécuritaires » qui servent de justification à de nouveaux contrôles…
La baisse des rémunérations, la non valorisation du travail de qualité ne font qu’aggraver ces phénomènes de « non qualité ». « Parler de liberté de la presse à 2€ la pige est compliqué », a renchéri Franco Po, représentant de l’Ordre italien des journalistes. Que les règles du jeu nécessitent d’être reformulées est une évidence pour l’organisme qui délivre la carte de presse et se veut garant de la déontologie dans la Péninsule. Sinon, « que faire des 800 jeunes qui se présentent chaque année pour obtenir la carte de presse ? », s’est-il interrogé.
Quelques solutions
Et pourtant, Internet et qualité ne sont pas forcément antinomiques. Et le même Consoli de rappeler l’initiative de Google de mettre en place un algorithme qui affiche les sites non pas en fonction du nombre de fois où ils sont recherchés mais en fonction de leur qualité. Bref, l’usage intelligent d’Internet et de la télé par satellite peut être une solution qui ne pénalise pas le travail des correspondants.
De tels exemples et la recherche d’autres solutions au problème de fond renforcent l’engagement de la FNSI, membre de la FIJ, pour la recherche d’un nouveau modèle éditorial, à l’échelle européenne. Il en sera question notamment lors d’un sommet prévu à Istanbul, les 16-18 avril prochains.
Lors du débat, il a été rendu hommage à l’engagement de ClubMediaItalie dans la dénonciation – et ce depuis cinq ans désormais- les abus et les prévarications à l’encontre de journalistes et free lance qui font un travail important d’information, notamment à l’étranger. ClubMediaItalie a réitéré pour sa part la poursuite du « combat » pour un journalisme européen de qualité, en invitant tous les journalistes sensibles à ces sujets à apporter leur soutien à l’association.