Palestine, d’Hubert Haddad, Prix des Cinq Continents 2008, est un roman fascinant à plus d’un titre, l’un de ces rares romans dont le lecteur sort différent. Différent parce qu’on y apprend à voir autrement, avec un autre imaginaire, avec d’autres sensations, avec une autre parole, cette chose dont on entend parler presque tous les jours dans la presse et sur les écrans du monde entier, avec toute notre impuissance de spectateur lointain, avec toutes les questions sans réponse qui l’accompagne : le conflit israélo-palestinien.
Hubert Haddad nous plonge au cœur (au sens presque physique du terme, pas au sens abstrait) de ce conflit, qui n’est pas le seul sur la planète mais peut-être celui qui remonte le plus loin dans le temps et qui est si chargé de symboles qu’il semble concentrer tous les déchirements du monde. Deux peuples si proches (géographiquement mais pas seulement) semblant irréconciliables et vivant en permanence sous de terribles menaces, mais vivants, vivant une vie sur laquelle Hubert Haddad verse une goutte d’humain qui change notre regard.
La traversée du miroir
Hubert Haddad nous fait toucher le réel, le pire même, mais d’une façon telle que le pire semble suspendu par la langue du poète. Ne reste à terre que l’humain, l’amour, rendant le passage d’un camp à l’autre presque simple et si évident. Un soldat israélien est assommé dans une embuscade. Sous le choc, il perd la mémoire. Recueilli par une famille palestinienne, il devient palestinien. C’est la traversée du miroir, dit Hubert Haddad. Cela devient surtout pour son lecteur une incroyable cohabitation de l’enfer et du paradis, mais un enfer discret, présent mais en suspens. Miracle de la poésie, qui habite toutes les pages de ce roman !
Au cours de cet entretien, Hubert Haddad revient avec pudeur et émotion sur ce qui l’a poussé à s’immerger à ce point au cœur d’un conflit humain si enraciné dans la chair de ses protagonistes, le questionnement intérieur qu’il porte en lui dans sa propre chair, par ses racines. Il s’explique sur le double processus par lequel il se met dans la peau d’un personnage qui lui-même se met dans la peau d’un autre personnage, et en quoi cette traversée de deux miroirs a changé sa vision du conflit israélo-palestinien. Il s’adresse enfin à tous ceux qui œuvrent sur le terrain pour venir en aide aux gens qui en souffrent, directement ou indirectement, en leur recommandant surtout de ne pas s’enfermer dans une vision manichéiste de la situation.
Un message très actuel et porteur de sens, et même d’espérance.
Hubert Haddad nous plonge au cœur (au sens presque physique du terme, pas au sens abstrait) de ce conflit, qui n’est pas le seul sur la planète mais peut-être celui qui remonte le plus loin dans le temps et qui est si chargé de symboles qu’il semble concentrer tous les déchirements du monde. Deux peuples si proches (géographiquement mais pas seulement) semblant irréconciliables et vivant en permanence sous de terribles menaces, mais vivants, vivant une vie sur laquelle Hubert Haddad verse une goutte d’humain qui change notre regard.
La traversée du miroir
Hubert Haddad nous fait toucher le réel, le pire même, mais d’une façon telle que le pire semble suspendu par la langue du poète. Ne reste à terre que l’humain, l’amour, rendant le passage d’un camp à l’autre presque simple et si évident. Un soldat israélien est assommé dans une embuscade. Sous le choc, il perd la mémoire. Recueilli par une famille palestinienne, il devient palestinien. C’est la traversée du miroir, dit Hubert Haddad. Cela devient surtout pour son lecteur une incroyable cohabitation de l’enfer et du paradis, mais un enfer discret, présent mais en suspens. Miracle de la poésie, qui habite toutes les pages de ce roman !
Au cours de cet entretien, Hubert Haddad revient avec pudeur et émotion sur ce qui l’a poussé à s’immerger à ce point au cœur d’un conflit humain si enraciné dans la chair de ses protagonistes, le questionnement intérieur qu’il porte en lui dans sa propre chair, par ses racines. Il s’explique sur le double processus par lequel il se met dans la peau d’un personnage qui lui-même se met dans la peau d’un autre personnage, et en quoi cette traversée de deux miroirs a changé sa vision du conflit israélo-palestinien. Il s’adresse enfin à tous ceux qui œuvrent sur le terrain pour venir en aide aux gens qui en souffrent, directement ou indirectement, en leur recommandant surtout de ne pas s’enfermer dans une vision manichéiste de la situation.
Un message très actuel et porteur de sens, et même d’espérance.
Mieux connaître Hubert Haddad
Hubert Haddad porte en lui une pluralité d’identités peu commune. Il porte en lui la Méditerranée dans ce qu’elle a de plus riche et de plus authentique. Il est français, né en 1947 d’un père tunisien, qui à l’époque était tailleur de pierre, et d’une mère d’origine algérienne. Ses racines judéo-berbères l’ont accompagné tout au long de son chemin de vie et d’écriture. Sa bibliographie est déjà impressionnante puisqu’elle contient environ 55 titres, des romans, des récits, des nouvelles, des essais, des pièces de théâtre, des poèmes. Son premier roman, Un Rêve de glace, a été publié chez Albin Michel en 1974 puis chez Zulma, son éditeur actuel, en 2006. Dans Oholiba des songes, paru aux éditions La Table Ronde en 1989, puis chez Zulma en 2007, plane déjà l’ombre du conflit du Proche-Orient, cette ombre que l’on retrouve dans Palestine, le roman qui lui a valu le Prix des Cinq Continents en 2008 et le prix Louis Barthou, décerné en 2008 par l’Académie française.
Le Prix des Cinq Continents a été créé en 2001 par l’Organisation Internationale de la Francophonie et est décerné depuis tous les ans par un jury composé de 12 écrivains représentatifs de différents territoires de la Francophonie. À l’écart de la marée des prix littéraires traditionnels, ce prix s’attache à promouvoir une littérature d’expression française qui ne soit pas une galaxie tournant autour d’un centre mais qui cherche sa vitalité dans la pluralité. La pluralité étant, comme chacun sait, indissociable de l’égalité, le prix est ouvert en principe à tout écrivain d’expression française des cinq continents. Il y a pourtant, depuis longtemps, un débat animé sur cette question, certains plaidant pour une forme de discrimination positive en faveur des auteurs des pays moins favorisés notamment sur le plan de l’édition et de la diffusion. Reste à définir la relation entre un auteur et un pays : une nationalité ? une résidence ? une attache personnelle et familiale ? Ce n’est pas si évident. Le bon sens a prévalu jusqu’à présent, évitant, tout en leur donnant toute la place qu’ils méritent, d’enfermer des auteurs dans un statut privilégié qui risquerait paradoxalement de les marginaliser davantage encore et de favoriser une sorte de promotion identitaire de la littérature au détriment de son contenu et de la découverte de nouveaux talents.
La composition du jury actuel du Prix des Cinq Continents permet, à n’en pas douter, de dépasser ce clivage Nord/Sud. Il est présidé par Lise Bissonnette, Présidente et Directrice générale de la Bibliothèque et des Archives nationales du Québec, et composé de Monique Ilboudo, Paula Jacques, Vénus Khoury-Ghata, Pascale Kramer, Henri Lopes, Leïla Sebbar, Denis Tillinac, Lyonel Trouillot, ainsi que Jean-Marie Gustave Le Clézio, Prix Nobel de littérature, et René de Obaldia, de l’Académie française. En outre, chaque année, le lauréat du prix de l’année précédente fait partie du jury.
En 2008, c’est à Québec, le 13 octobre, en marge du 12e Sommet de la Francophonie, que le président de l’Organisation Internationale de la Francophonie Abdou Diouf l’a remis à Hubert Haddad. Le prix lui avait été attribué après une sélection opérée dans un premier temps sur 78 candidats par des comités de lecture issus des différents territoires de la Francophonie puis sur les 10 finalistes restants par le jury lui-même.
Audios ci-dessous:
Le Prix des Cinq Continents a été créé en 2001 par l’Organisation Internationale de la Francophonie et est décerné depuis tous les ans par un jury composé de 12 écrivains représentatifs de différents territoires de la Francophonie. À l’écart de la marée des prix littéraires traditionnels, ce prix s’attache à promouvoir une littérature d’expression française qui ne soit pas une galaxie tournant autour d’un centre mais qui cherche sa vitalité dans la pluralité. La pluralité étant, comme chacun sait, indissociable de l’égalité, le prix est ouvert en principe à tout écrivain d’expression française des cinq continents. Il y a pourtant, depuis longtemps, un débat animé sur cette question, certains plaidant pour une forme de discrimination positive en faveur des auteurs des pays moins favorisés notamment sur le plan de l’édition et de la diffusion. Reste à définir la relation entre un auteur et un pays : une nationalité ? une résidence ? une attache personnelle et familiale ? Ce n’est pas si évident. Le bon sens a prévalu jusqu’à présent, évitant, tout en leur donnant toute la place qu’ils méritent, d’enfermer des auteurs dans un statut privilégié qui risquerait paradoxalement de les marginaliser davantage encore et de favoriser une sorte de promotion identitaire de la littérature au détriment de son contenu et de la découverte de nouveaux talents.
La composition du jury actuel du Prix des Cinq Continents permet, à n’en pas douter, de dépasser ce clivage Nord/Sud. Il est présidé par Lise Bissonnette, Présidente et Directrice générale de la Bibliothèque et des Archives nationales du Québec, et composé de Monique Ilboudo, Paula Jacques, Vénus Khoury-Ghata, Pascale Kramer, Henri Lopes, Leïla Sebbar, Denis Tillinac, Lyonel Trouillot, ainsi que Jean-Marie Gustave Le Clézio, Prix Nobel de littérature, et René de Obaldia, de l’Académie française. En outre, chaque année, le lauréat du prix de l’année précédente fait partie du jury.
En 2008, c’est à Québec, le 13 octobre, en marge du 12e Sommet de la Francophonie, que le président de l’Organisation Internationale de la Francophonie Abdou Diouf l’a remis à Hubert Haddad. Le prix lui avait été attribué après une sélection opérée dans un premier temps sur 78 candidats par des comités de lecture issus des différents territoires de la Francophonie puis sur les 10 finalistes restants par le jury lui-même.
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