1. Parce que les droits acquis sont encore mal jugés
Ce sont les féministes qui ont fait de la lutte contre les violences sexuelles et domestiques une lutte politique (C) Patricio Hurtado
Le 11 septembre 2018, dans un court reportage diffusé sur TMC dans l’émission Quotidien, Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France, lance à propos de l’IVG : "Nous ne sommes pas là pour retirer des vies". En ajoutant : "En tant que médecin […], la loi me protège et ma conscience aussi". En effet, selon l’article L2212-8 du code de la santé publique, "un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une IVG".
Rappelons que si un médecin peut dire non, il doit en revanche "communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention".
Rappelons que si un médecin peut dire non, il doit en revanche "communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention".
2. Parce qu’il y a toujours des féminicides
En France, près de 1 400 femmes ont été tuées en dix ans par leur compagnon ou ex-conjoint (C) Free-Photos
En France, une femme est tuée tous les deux jours. Entre 122 et 149 femmes sont mortes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019, selon les sources, pour 121 meurtres en 2018.
Depuis janvier 2017, Libération recense ces victimes et s’est fait un devoir de leur rendre hommage en leur donnant un prénom. Ce n’est qu’en 2015 que le mot "féminicide" a fait son entrée en France, dans le dictionnaire Petit Robert. Avant cela, on appelait ces crimes "drames conjugaux" ou "crimes passionnels". Dans de nombreux pays d’Amérique latine, ce terme est inscrit dans le code pénal, au Mexique c’est dès 2007 qu’on nomme ces crimes ainsi, il en est de même pour l’Espagne et l’Italie. D’autre part, une enquête intitulée "Violences et rapports de genre" de l’Institut national d’études démographiques a estimé en 2016, qu’au cours de sa vie, en France, une femme sur vingt-six est violée et une sur sept agressée sexuellement.
Depuis janvier 2017, Libération recense ces victimes et s’est fait un devoir de leur rendre hommage en leur donnant un prénom. Ce n’est qu’en 2015 que le mot "féminicide" a fait son entrée en France, dans le dictionnaire Petit Robert. Avant cela, on appelait ces crimes "drames conjugaux" ou "crimes passionnels". Dans de nombreux pays d’Amérique latine, ce terme est inscrit dans le code pénal, au Mexique c’est dès 2007 qu’on nomme ces crimes ainsi, il en est de même pour l’Espagne et l’Italie. D’autre part, une enquête intitulée "Violences et rapports de genre" de l’Institut national d’études démographiques a estimé en 2016, qu’au cours de sa vie, en France, une femme sur vingt-six est violée et une sur sept agressée sexuellement.
3. Parce qu’il y a inégalité salariale
Les inégalités salariales entre les hommes et les femmes tendent à se réduire depuis quarante ans, mais elles persistent (C) StockSnap
De nos jours, il existe encore un écart de salaire entre les femmes et les hommes de 27%, alors qu’ils ont le même poste et les mêmes horaires. En prenant compte les différences de carrière, cet écart grimpe à 25,7 %. Et atteint 37 % à la retraite. La dernière loi en date pour "la liberté de choisir son avenir professionnel", adoptée le 1er août, devrait sanctionner les entreprises qui ne respectent pas la règle du "à travail égal, salaire égal" (inscrite dans le code du travail depuis plus de quarante ans). Elles disposeront d’un délai de trois ans pour se mettre en conformité sous peine d’écoper à partir de 2022 d’une pénalité financière qui pourrait aller jusqu’à 1 % de la masse salariale. En 1991, pendant onze mois, la parité était quasi acquise parmi les conseillers régionaux, huit régions sur dix sont dirigées par des hommes, sans parler des 84 % d’hommes maires.
4. Parce que la charge mentale est pesante
L'épuisante charge mentale dont les femmes sont victimes depuis des siècles, continue de persister de nos jours (C) Mohamed Hassan
"Fêtées une journée, exploitées toute l’année". Ce slogan lancé le jour de la fête des mères (ça marche aussi avec le 8 mars) de 1972 n’a rien perdu de son acuité. Selon le ministère du Travail, les temps partiels sont occupés par des femmes dans 80 % des cas, pour mieux jongler avec les trois heures et vingt-six minutes qu’elles consacrent chaque jour aux tâches domestiques (ménage, courses, soins aux enfants, etc.) contre deux heures pour les hommes selon l’Insee. C’est encore sans compter avec ce boulet qu’est la charge mentale (soit: penser à tout).
5. Parce que dans 31 Etats américains, un violeur peut poursuivre sa victime pour des droits de visite si un enfant est conçu lors du viol
Dans le Massachusetts rien dans la loi n'empêche un violeur de demander le droit de garde de l'enfant (C) Free-photos
Les chiffres du département de justice indiquent qu'une agression sexuelle a lieu toutes les deux minutes dans le pays et que 60% des violences sexuelles et des viols ne sont pas rapportés à la police. Chaque année, près de 32.000 femmes violées tombent enceintes. Dans dans 31 États américains - dont le Massachussetts - rien dans la loi n'empêche un violeur de demander le droit de garde de l'enfant né des suites de son crime. Une victime, surnommé H. T., se bat donc pour mettre fin à cette relation légale qui la lie à son bourreau, depuis que ce dernier a demandé à voir l'enfant il y a plus d'un an. "Ma cliente a très peur de devoir envoyer sa fille chez cet homme qu'elle ne connaît pas", expliquait à cette époque sur ABC News l'avocate de la jeune femme, Wendy Murphy. "Elle ne veut rien avoir à faire avec ce type. Elle ne veut pas d'une relation de 16 ans avec lui. Il peut réclamer des droits de visites, il peut potentiellement être impliqué dans l'éducation de l'enfant, avoir accès à celui-ci, savoir où elles vivent", ajoutait alors l'avocate.
6. Parce que pubs sexistes et marketing rose fleurissent
Associée à la gent féminine, le rose semble être la couleur de choix pour attirer le regard des consommatrices (C) Mohamed Hassan
Il y a cette publicité, omniprésente dans le métro parisien depuis quelques semaines, sur laquelle on voit une femme à la sortie de l’école, accompagnée de cette phrase : "16 h 35, l’heure des mamans" ; cette vente privée sur Internet dans laquelle les DVD Barbie et Anastasia sont rangés dans la catégorie des "classiques pour filles" ; ce grand magasin qui préfère ajouter des écriteaux "jouets filles" et "jouets garçons" au cas où la segmentation bleu-rose de son rayon ne soit pas assez explicite ; ou encore cette différence d’un euro et trente centimes entre la version "féminine" et "masculine" du même bas de pyjama pour enfant (on appelle cela "taxe rose"). Bref, vous avez saisi : les stéréotypes genrés n’ont pas valsé. A tel point que le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été obligé de lancer en mars une charte pour lutter contre la persistance de clichés "sexistes, sexuels et sexués" dans les publicités.
7. Parce que les femmes victimes de viol ont encore peur de témoigner
Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur datés de 2017, seulement une victime de viol ou de tentative de viol sur douze porte plainte auprès des forces de sécurité. La principale raison : 82 % de celles qui l’ont fait ont mal vécu le dépôt de plainte et 70 % ne se sont pas senties reconnues comme victimes par la police et la justice, selon une enquête menée par l’association Mémoire traumatique et victimologie en 2015. Auditionné par l’Assemblée nationale en décembre, Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, avait lui même admis que "mal accueillir une victime de viol n’est pas acceptable" et qu’il était nécessaire de "s’interroger sur cette qualité de service qui parfois manque de formation, manque d’empathie, manque de professionnalisme". D’ailleurs, le ministère de l’Intérieur devrait mettre en place avant la fin de l’année une plateforme en ligne de signalement spécifique aux faits de violences sexuelles et sexistes pour faciliter le dépôt de plainte. Une société qui donne des conseils aux femmes pour ne pas se faire violer au lieu d’apprendre aux hommes à ne pas violer.
8. Ce sont les féministes qui ont fait de la lutte contre les violences sexuelles et domestiques une lutte politique
La protection de l’enfance s’est améliorée grâce à la révolution féministe en améliorant la parole des enfants victimes de pédo-criminels, qui sont bien plus écoutés.
Ces luttes montrent que les femmes ont tiré de bonnes leçons du passé. Elles savent qu’elles ne doivent pas mettre de côté, l’enjeu de leurs droits, et de leurs revendications. Ce qui a été appelé les "printemps arabes" en 2011 en a apporté la preuve, les femmes y ayant massivement participé, y compris avec un drapeau féministe. Exemple plus récent, celui des "carrés féministes" que des Algériennes, au printemps 2020, ont constitué au moment des manifestations, affichant leur mobilisation contre le régime et pour leur propre cause.
Ces luttes montrent que les femmes ont tiré de bonnes leçons du passé. Elles savent qu’elles ne doivent pas mettre de côté, l’enjeu de leurs droits, et de leurs revendications. Ce qui a été appelé les "printemps arabes" en 2011 en a apporté la preuve, les femmes y ayant massivement participé, y compris avec un drapeau féministe. Exemple plus récent, celui des "carrés féministes" que des Algériennes, au printemps 2020, ont constitué au moment des manifestations, affichant leur mobilisation contre le régime et pour leur propre cause.
9. Parce que se faire taire de nos jours est inacceptable
Entre 2007 et 2017, des campagnes de témoignages sur les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel ont lieu sur les réseaux sociaux, par exemple YesAllWomen (en) en 2014. Dans ce contexte le #BalanceTonPorc est lancé en France le 13 octobre 2017 par la journaliste Sandra Muller. (C) Engin Akyurt
Le mouvement qui s’est déclenché avec #MeToo est un bon exemple d’universel construit dans des luttes, avec des femmes qui ont décidé de ne plus se taire. Ce n’est pas la parole qui s’est libérée, mais bien des femmes qui ont pris la parole dans une initiative à la fois individuelle et collective. Parti d’un pays – les États-Unis –, d’un épisode particulier – douze femmes qui accusent l’important producteur de film Harvey Weinstein d’agressions sexuelles et de viols –, et d’un milieu particulier – le cinéma –, #MeToo a lancé un mouvement qui a connu en un temps court une triple extension, géographique et sociale. Depuis, des acteurs, des réalisateurs ne cessent d’être accusés d’agression sexuelle, que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Il est important à notre époque, de faire tomber les masques, afin que d’autres femmes ne subissent pas la même chose.
10. Parce que chaque année environ 3 millions de filles sont mutilées sexuellement
Christine Choain a bien écrit en 1994, dans un avis sous un arrêt de la Cour de Cassation, que «la circoncision, excision totale ou partielle du prépuce, est une mutilation puisqu'elle prive un être humain de son intégrité physique par ablation d'une partie de son corps». (C) Manuela Milani
Selon les estimations de l’OMS, entre 100 et 140 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi l’un des trois premiers types de mutilations.
Ces estimations sont fondées sur les données les plus récentes en matière de prévalence montrent qu’en Afrique, 91,5 millions de femmes et de filles de plus de 9 ans vivent actuellement avec les conséquences de mutilations sexuelles féminines. Toujours en Afrique, on estime que 3 millions de filles par an risquent de subir ce type de mutilations. Dans sept pays, la prévalence nationale est très forte (plus de 85%); quatre pays ont une prévalence élevée (60% à 85%) ; dans sept autres pays, la prévalence est moyenne (30% à 40%) et, dans les neuf derniers pays, elle est faible, variant entre 0,6% et 28,2%. Toutefois, les moyennes nationales masquent des variations souvent prononcées d’une région à l’autre.
Ces estimations sont fondées sur les données les plus récentes en matière de prévalence montrent qu’en Afrique, 91,5 millions de femmes et de filles de plus de 9 ans vivent actuellement avec les conséquences de mutilations sexuelles féminines. Toujours en Afrique, on estime que 3 millions de filles par an risquent de subir ce type de mutilations. Dans sept pays, la prévalence nationale est très forte (plus de 85%); quatre pays ont une prévalence élevée (60% à 85%) ; dans sept autres pays, la prévalence est moyenne (30% à 40%) et, dans les neuf derniers pays, elle est faible, variant entre 0,6% et 28,2%. Toutefois, les moyennes nationales masquent des variations souvent prononcées d’une région à l’autre.