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L'île du nomade bafoué, l'île de la Réunion

Métamorphosée, une population agricultrice et libre en bonne citoyenne réclamant le confort auquel l’on l’a habituée.


Par Rédigé le 15/02/2016 (dernière modification le 15/02/2016)

Du 25 janvier au 7 février 2016, c'est à l'île de la Réunion lors d'une interview avec Ana Lito, femme engagée contre "le sédentarisme" que nous réalisons notre enquête. Celle-ci a un but environnemental et est basée sur la compréhension d’une nature qui nous échappe. Mettre des mots sur un comportement de l’homme contre l’homme, désorienté par sa soif de contrôle.


La loi du 5 septembre 1941 soit replanter pour diminuer la superficie viable et mieux contôler

Forêt primaire de Bebour. Photo (c) Magnus Manske
Forêt primaire de Bebour. Photo (c) Magnus Manske
forets_reunion.mp3 Forêts Réunion.mp3  (1.98 Mo)

Le régime forestier de la Réunion est actuellement réglementé par la loi du 5 septembre 1941. Ce texte aujourd’hui est encore appliqué car les mœurs de l’homme ont changées mais les agriculteurs n’ont toujours pas de droits et l’on préfère importer dans le meilleur des mondes, celui du bon vouloir subjectif. Cette loi de 1941 interdit de faire de l’élevage et de la culture au dessus de 1200 mètres d’altitude mais d’y planter des arbres - la reforestation - afin de préserver les terres d’une érosion mais surtout pour garder le contrôle sur tous. Quant à cette érosion, c’est un peu l’histoire de "Grand mère Kale". Elle est en effet inexistante, ne devenant qu’active au-dessous de 1000 mètres et dans les cirques.

"J’accuse" alors l’incohérence des propos portés pour l’intérêt des plus insipides.


Mais où sont passées les forêts de Mafate et ses habitants?

En réalité, ce projet, qui était un moyen de lutte entre les mains du Service des Eaux et Forêts contre les agriculteurs, apparaissait, en outre, comme une véritable nuisance publique car il soustrayait à la culture et à l’élevage des milliers d’hectares dont le pays a le plus grand besoin. D’ores et autrefois, les petits planteurs appelés les colons cherchaient en vain un "carreau" à planter et guettaient avidement les départs éventuels pour la Sakay dans l’espoir de satisfaire leurs besoins avec les dépouilles de ceux qui s’en vont.

Sakay: enclave construite à partir de rien par des immigrés réunionnais à Madagascar entre 1952 et 1977. Elle tient son nom de la Sakay, la rivière au bord de laquelle une ville nouvelle appelée Babetville a été édifiée dans le cadre de ce vaste projet politique avorté.

La plantation systématique d’arbres au dessus de 1000 mètres dans des régions autrefois habitée et cultivée et qui n’ont cessé de l’être par la pression du Service Forestier avant même la loi, n’a rien solutionné. Elle a diminué à coup sûr les superficies à même de faire vivre, dans l’immédiat, une fraction importante de notre population; par contre il est toujours permis de douter que les arbres ayant été plantés puissent, un jour, contribuer efficacement à l’économie de l’île.

En effet si les cyclones leur prêtent vie pour leur donner mort, il restera encore à trouver leur utilisation. Les constructions de bois cèdent de plus en plus aux constructions en dur; le chauffage s’oriente de plus en plus vers l’alcool, l’électricité, le gaz… peut-être même bientôt, saharien. Il restera vrai, l’élément esthétique et touristique, à condition cependant que l’on choisisse les seuls sites intéressants. L’établissement de l’homme non sur les hauteurs mais sur les bas facilement contrôlables lui apporte une vie agréable. Mais le cinéma, la radio et la boutique n’ayant jamais fait vivre ceux qui les cherchent, on remarque alors que l’on a construit un véritable désert vert et augmenté dans les bas la pègre famélique avec toutes les conséquences sociales et économiques que cela comporte. Faire de l’homme l’espèce la plus sédentaire et ainsi la posséder.

Ouvrons les yeux par de belles citations

"J’ai conscience d’appartenir à une espèce commune de l’humanité et cela m’aide à croire qu’en parlant de moi, je parle aussi des autres… Rien dans ma vie de rare, ni de singulier. Je ne suis que l’un de ces hommes de série que les évènements, comme une marée, quelquefois portent, secouent, submergent, d’autres fois laissent à l’abandon sur quelque écueil". Extrait de "Seule la vie", publiée par Julien Blanc et qui me pousse à ne pas évoquer des ONG mais le regard de l’homme qui a vécu bien que "ceux qui ont crevé les yeux du peuple lui reprochent d’être aveugle" de John Milton.

Vidéo: Valoriser les arbres dans ma ville









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