Kadhafi bombarde son peuple. L’Union Européenne organise un sommet. D’urgence faut-il le préciser. L’énormité du fossé entre la tragique réalité du terrain et le concert des bonnes intentions parviendrait presque à faire douter de la raison humaine. Et politique. « On brûle d’aider » pour reprendre une criante expression du quotidien britannique The Guardian.
Certes, on veut bien se ranger aux arguments des spécialistes sur l’impossibilité d’une option militaire stricto sensu. Ces derniers invoquent pêle-mêle la fierté des Libyens, les réactions dans le monde arabe, l’illégitimité apparente de l’Otan plombée par l’intransigeance turque et les deux fronts militaires qui occupent déjà les Etats-Unis : l’Amérique, il est vrai, est empêtrée en Afghanistan alors que son allié supposé, le Pakistan, donne d’inquiétants signes de radicalisation islamique avec l’assassinat du seul ministre chrétien des minorités religieuses favorable à un assouplissement de la loi sur les sanctions en cas de blasphème. Tué tout comme son collègue Gouverneur du Pendjab pour des raisons identiques il y a quelques semaines.
Et puis, nous explique-t-on, il faut une décision de l’ONU. Malgré deux récents votes unanimes, le premier de l’Assemblée générale des Nations unies suspendant la Libye du Conseil des droits de l’homme basé à Genève et le second au sein du Conseil de sécurité condamnant la violence et instaurant les premières sanctions contre le régime du Colonel Kadhafi, il semble improbable d’obtenir de la Chine et de la Russie un blanc-seing pour des opérations. Pékin, qui s’inquiète des appels à la mobilisation pacifique lancés sur les réseaux sociaux, fait « disparaître » ses opposants, menace les journalistes étrangers et adopte un budget de sécurité intérieure pour la première fois supérieur à celui de la défense. La Russie n’est pas non plus un parangon de démocratie si l’on en croit les aveux de Natalia Vassilieva, cette assistante du juge qui a fait condamner sur ordre du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski à la prison jusqu’en 2017 et si l’on en juge la « honte » exprimée par l’ancien leader soviétique Gorbatchev sur le système politique russe contemporain. Ces deux pays jettent un sérieux discrédit sur l’organisation censée gérer les affaires du monde.
Certes, on veut bien se ranger aux arguments des spécialistes sur l’impossibilité d’une option militaire stricto sensu. Ces derniers invoquent pêle-mêle la fierté des Libyens, les réactions dans le monde arabe, l’illégitimité apparente de l’Otan plombée par l’intransigeance turque et les deux fronts militaires qui occupent déjà les Etats-Unis : l’Amérique, il est vrai, est empêtrée en Afghanistan alors que son allié supposé, le Pakistan, donne d’inquiétants signes de radicalisation islamique avec l’assassinat du seul ministre chrétien des minorités religieuses favorable à un assouplissement de la loi sur les sanctions en cas de blasphème. Tué tout comme son collègue Gouverneur du Pendjab pour des raisons identiques il y a quelques semaines.
Et puis, nous explique-t-on, il faut une décision de l’ONU. Malgré deux récents votes unanimes, le premier de l’Assemblée générale des Nations unies suspendant la Libye du Conseil des droits de l’homme basé à Genève et le second au sein du Conseil de sécurité condamnant la violence et instaurant les premières sanctions contre le régime du Colonel Kadhafi, il semble improbable d’obtenir de la Chine et de la Russie un blanc-seing pour des opérations. Pékin, qui s’inquiète des appels à la mobilisation pacifique lancés sur les réseaux sociaux, fait « disparaître » ses opposants, menace les journalistes étrangers et adopte un budget de sécurité intérieure pour la première fois supérieur à celui de la défense. La Russie n’est pas non plus un parangon de démocratie si l’on en croit les aveux de Natalia Vassilieva, cette assistante du juge qui a fait condamner sur ordre du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski à la prison jusqu’en 2017 et si l’on en juge la « honte » exprimée par l’ancien leader soviétique Gorbatchev sur le système politique russe contemporain. Ces deux pays jettent un sérieux discrédit sur l’organisation censée gérer les affaires du monde.
Armements européens vendus au Colonel Kadhafi
Quid de l’Europe dans ce contexte ? Entre les intérêts particuliers de l’Italie -le Ministre des affaires étrangères Franco Frattini reconnaissait le 23 février dernier « qu’à part Kadhafi, on ne connaît personne d’autre là-bas », la volonté de l’Allemagne de ne pas perdre les avantages y compris financiers, d’un centre de gravité de l’UE fixé sur l’Europe centrale et orientale, la visite du premier Ministre britannique David Cameron aux manifestants de la Place Tahrir en Egypte tout en poursuivant sa tournée régionale destinée à vendre des armes « made in Britain » et, enfin, l’invisibilité de la diplomatie française minée par des affaires de personnes trop liées aux dictateurs déchus, l’Union Européenne dont les 27 Etats-membres ont vendu en 2009 pour plus de 300 millions d’euros d’armement au Colonel Kadhafi vaut-elle vraiment mieux ?
Tout cela conduit à s’interroger : d’un côté des peuples qui, du Moyen-Orient à l'Afrique, se battent pour la liberté et réclament des conditions décentes d’existence. D’un autre, des Etats qui préfèrent la générosité à distance, tergiversent à l’infini sur leur engagement, se réfugient derrière l’action humanitaire et agitent la peur du migrant comme argument électoral. Voilà sans doute le véritable choc des civilisations.
Tout cela conduit à s’interroger : d’un côté des peuples qui, du Moyen-Orient à l'Afrique, se battent pour la liberté et réclament des conditions décentes d’existence. D’un autre, des Etats qui préfèrent la générosité à distance, tergiversent à l’infini sur leur engagement, se réfugient derrière l’action humanitaire et agitent la peur du migrant comme argument électoral. Voilà sans doute le véritable choc des civilisations.