La pêche INN, pêche Illégale, non déclarée et non réglementée représente 12 à 28% des captures mondiales et participe à la surexploitation des océans, la destruction des écosystèmes et déséquilibre l’économie des pays concernés. En haute mer ou dans des zones de juridiction nationales, la pêche INN utilise souvent des engins destructifs et des techniques interdites comme les explosifs ou le poison contribuant à la destruction des fonds marins. Pour lutter contre ce type d’exploitation marine, les différentes institutions et chercheurs du monde tentent de trouver des solutions.
Ocean Sentinel, programme labellisé par le Conseil Européen de la recherche est né suite au déclin démographique des albatros dans l’océan austral. Souhaitant éclairer les causes de mort prématurées des oiseaux et soupçonnant la pêche illégale, le programme s’est associé aux Centre d’études biologiques de Chizé composé de chercheurs du CNRS et la Rochelle Université. Les albatros ayant la particularité de couvrir de longues distances de vol et d’être attirés par les bateaux de pêche, les chercheurs en ont équipé 169 de balises pendant une période de 6 mois. Ces balises équipées d’un détecteur de radar permettent l’identification de la position de navires de pêche dans le but de vérifier leur répertoriage ou non par l’AIS. En l’absence d’un répertoriage par l’AIS, les navires sont considérés comme des navires de pêche illégale puisque non déclarée. Suivant le rapport publié par le PNAS, 36% des bateaux repérés n’étaient pas identifiables sur une zone de 47 millions de km2 de l’océan austral. Plus d’un tiers des bateaux de pêche présents dans cette zone pratiqueraient la pêche illégale. Le projet a également permis de confirmer l’augmentation du taux de mortalité des albatros dû à la pêche.
Le projet Ocean Sentinel a donc permis des avancées scientifiques concernant les albatros mais également un contrôle sur la pêche INN dans l’océan austral. Plus efficace et moins chère qu’une patrouille maritime, cette méthode est en ce moment testée par la Nouvelle Zélande et par Hawaii. Souhaitant eux aussi évaluer la quantité de bateaux de pêche illégaux pour immobiliser, ces pays envisagent cette nouvelle méthode et pensent même à l’appliquer sur les tortues et les requins.