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La littérature africaine est honorée par le prix Nobel 2021


Par Rédigé le 08/10/2021 (dernière modification le 08/10/2021)

Jeudi 7 octobre, il était attribué au Tanzanien Abdulrazak Gurnah pour son œuvre sur le colonialisme.


Abulrazak Gurnah à Hebron (c) PalFest WC
Abulrazak Gurnah à Hebron (c) PalFest WC
"J’ai cru à une blague", a révélé l’auteur quand il a appris qu’il succédait à la poétesse américaine Louise Glück, prix Nobel de littérature 2020, qui avait été récompensée “pour sa voix poétique indubitable qui rend l’existence individuelle universelle”. 
C’est son oeuvre qui traite avec "empathie et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents" qui a retenu l’attention du jury de Stockholm.

Comme toujours les pronostics ont été nombreux, le Japonais Haruki Murakami, l'Américaine Joyce Carol Oates, la Française Annie Ernaux, les Canadiennes Margaret Atwood et Anne Carson, la Guadeloupéenne Maryse Condé, la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, le Kenyan Ngugi wa Thiong’o ou la Russe Ludmila Oulitskaïa. Abdulrazak Gurnah est le premier auteur africain à recevoir la prestigieuse récompense depuis 2003 qui vit le couronnement du Sud-Africain John Maxwell Coetzee. Il est donc le cinquième auteur africain distingué depuis la création du prix en 1901, après le Nigérian Wole Soyinka en 1986, l’Egyptien Naguib Mahfouz en 1988, J. M. Coetzee en 2003 et Nadine Gordimer en 1991.

En 2017, le quotidien britannique The Telegraph lui avait demandé de raconter son histoire et Abdulrazak Gurnah avait répondu: "Laquelle ? J’ai beaucoup d’histoires à raconter, j’ai eu plusieurs vies". Né en 1948 à Zanzibar au large de l'Afrique de l'Est, il se réfugie en Angleterre à la fin des années 1960, à un moment où la minorité musulmane était persécutée. Il n’a pu revenir à Zanzibar qu’en 1984 pour revoir son père, peu de temps avant la mort de ce dernier. 

Après un carrière de professeur de littérature anglaise et post-coloniale à l'Université de Kent à Canterbury, il est actuellement en retraite. Il était spécialiste d'écrivains tels que Wole Soyinka, Ngũgĩ wa Thiong'o et du britannique d'origine indienne Salman Rushdie. De langue maternelle swahili et grand lecteur de poésie arabe et persane, il écrit en anglais depuis l'âge de 21 ans. En 2004, il confessait dans un article du Guardian , "J'ai commencé à écrire avec désinvolture, dans une certaine angoisse, sans aucune idée de plan mais pressé par le désir d'en dire plus".

Le thème de l'exil revient avec constance dans son œuvre qui comprend de nombreuses nouvelles et une dizaine de romans, dont trois seulement sont traduits en français : Paradis, Près de la mer et Adieu Zanzibar. L’Académie suédoise a déclaré "Ses romans sont loin des descriptions stéréotypées et ouvrent notre regard sur une Afrique de l'Est, diverse culturellement et mal connue dans de nombreuses régions du monde." Elle a ainsi souhaité mettre à l'honneur la littérature d'un écrivain qui "rompt consciemment avec les conventions, bousculant la perspective coloniale pour mettre en valeur celle des populations locales".
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