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La singularité de Shelter Movers, c’est la spécificité de l’aide apportée, qui est contenue dans son nom: "shelter", en anglais, le refuge, l’hébergement, l’abri; et "movers", les déménageurs. Il s’agit donc ici d’aider à déménager, des femmes, et parfois leurs enfants.
Shelter Movers a vu le jour en 2016 à Toronto, pendant le congé parental de Marc. Soucieux d’agir socialement, il a eu l’idée d’adapter dans sa ville une initiative américaine (Meathead Movers) dont il avait eu connaissance, qui aide les femmes victimes de violence à quitter leur domicile.
Le principe de l’aide est résumé dans le slogan de l’association: "You found the courage to leave. We’ll find the hands to help. (Vous avez trouvé le courage de partir. Nous trouverons les mains pour vous aider)".
Le système canadien d’aide aux femmes et enfants victimes de violence se compose de refuges et de structures d’accueil, d’État ou subventionnées, assez similaires à celles que l’on peut trouver en France. Comme en France, cependant, on sait que les femmes peinent souvent à partir, faute d’avoir l’accompagnement logistique nécessaire pour concrètement franchir le pas et/ou retournent souvent chez elle faute d’avoir une solution d’hébergement, parfois même simplement faute d’avoir pu emmener avec elles leurs affaires ou celles de leurs enfants. C’est sur ces points de manque repérés que se fonde l’offre de services de Shelter Movers, afin de permettre aussi bien un départ facilité en urgence, que de pérenniser les installations à l’extérieur du domicile conjugal.
Pour ce faire, sur la ville de Toronto (2 millions d’habitants), l’association s’appuie sur un réseau de 250 bénévoles environ, qui interviennent à deux niveaux: sur le plan logistique (ils répondent au téléphone, organisent et coordonnent les déménagements…) et sur le plan de la mise en œuvre opérationnelle (viennent apporter leur aide des compagnies de déménagement, de garde-meubles, des sociétés de sécurité, des interprètes, des sociétés de location de camion, mais aussi des vétérinaires ou des associations de protection des animaux, car oui, les animaux domestiques peuvent être aussi des freins très forts au départ…).
Tous les bénévoles ont droit à une formation et doivent signer un engagement de confidentialité. En parallèle à cela, un travail de fond est également conduit avec les instances qui orientent.
Comment se passe un déménagement?
La situation doit être, de façon systématique, signalée par un tiers (police, hôpital, structures d’accompagnement ou d’accueil), via le numéro d’appel gratuit de l’association. Le répondant prend les premières informations concernant la situation, le niveau de risque, le volume d’affaires que la personne souhaite emporter. Il confie ensuite le dossier à un coordinateur, qui va s’occuper de se mettre en lien avec les différents acteurs nécessaires. Le jour J, le déménagement sera opéré sur le terrain sous la responsabilité d’un chef d’équipe.
En fonction de la situation de la personne, le risque à aller chercher ses affaires, même accompagnée, varie, selon si l’on est sur un moment de crise, si l’agresseur est ou non présent au domicile, son état d’énervement, etc. Selon la dangerosité évaluée, le déménagement se fera donc avec le concours de la police et/ou d’une société de sécurité.
En fonction de la situation de la personne, toujours, le volume de possessions emporté variera lui aussi, de "juste l’essentiel" à l’intégralité de ses effets, qui lui seront déménagés soit vers son hébergement d’urgence, soit dans un lieu de stockage, le temps qu’elle trouve un hébergement pérenne, soit à son nouveau domicile, si elle est déjà installée.
A la fin du déménagement, deux temps de bilan sont prévus: de façon systématique (avec l’organisme qui a orienté la personne, et qui fera le lien avec elle) et de façon facultative, pour les bénévoles, une consultation avec un psychologue est possible. En 360 familles déménagées, aucune agression n’a eu lieu, ni envers la femme ou ses enfants, ni envers les bénévoles présents.
Quels sont les moyens de l'association?
Un déménagement coûte en moyenne entre 200 et 250 CAN$, soit environ 150 euros. L’association, qui ne demande aucune contrepartie financière aux personnes aidées, vit exclusivement de dons, issus de 3 types de financeurs: des fondations privées, des entreprises et des individus. Même si cette question des violences domestiques concerne évidemment tout le monde, on trouve parmi les donateurs beaucoup de personnes qui ont elles-mêmes connu, de façon plus ou moins directe, ce genre de situation, en tant que femme, en tant qu’enfant ou dans leur entourage.
Parmi les volontaires et les donateurs, on trouve aussi beaucoup d’hommes, "qui ne veulent pas que les hommes soient vus comme la cause du problème, mais plutôt comme une partie de la solution".
Pour 2018, le budget de fonctionnement de l’association est de 350.000 CAD$ (environ 230.000 euros). Marc a aujourd’hui quitté son ancien emploi pour s’occuper à temps plein de l’association. Son salaire est pris en charge, ainsi qu’un mi-temps administratif, et il a obtenu la mise à disposition d’un local équipé de tout le matériel de secrétariat nécessaire, à Toronto.
Lorsque nous nous sommes parlé, une antenne venait d’ouvrir à Ottawa, et depuis, une nouvelle a vu le jour à Vancouver, et des demandes lui sont régulièrement faites d’un peu partout au Canada, ce qui vient souligner le bien-fondé de l’association, et la présence des besoins sur l’ensemble du territoire national.
Mais il n’y a pas que là-bas… La récente manifestation contre les violences faites aux femmes du Collectif #NousToutes est une bonne occasion de rappeler qu’en France, une femme meurt tous les 3 jours de violences conjugales, et qu’en dépit de progrès certains dans la prise en charge et l’accompagnement, des manques demeurent, parmi lesquels cette question du déménagement, qui mériterait assurément que l’on s’inspire de cette initiative canadienne. Alors, à quand le premier Shelter Movers en France?
Shelter Movers a vu le jour en 2016 à Toronto, pendant le congé parental de Marc. Soucieux d’agir socialement, il a eu l’idée d’adapter dans sa ville une initiative américaine (Meathead Movers) dont il avait eu connaissance, qui aide les femmes victimes de violence à quitter leur domicile.
Le principe de l’aide est résumé dans le slogan de l’association: "You found the courage to leave. We’ll find the hands to help. (Vous avez trouvé le courage de partir. Nous trouverons les mains pour vous aider)".
Le système canadien d’aide aux femmes et enfants victimes de violence se compose de refuges et de structures d’accueil, d’État ou subventionnées, assez similaires à celles que l’on peut trouver en France. Comme en France, cependant, on sait que les femmes peinent souvent à partir, faute d’avoir l’accompagnement logistique nécessaire pour concrètement franchir le pas et/ou retournent souvent chez elle faute d’avoir une solution d’hébergement, parfois même simplement faute d’avoir pu emmener avec elles leurs affaires ou celles de leurs enfants. C’est sur ces points de manque repérés que se fonde l’offre de services de Shelter Movers, afin de permettre aussi bien un départ facilité en urgence, que de pérenniser les installations à l’extérieur du domicile conjugal.
Pour ce faire, sur la ville de Toronto (2 millions d’habitants), l’association s’appuie sur un réseau de 250 bénévoles environ, qui interviennent à deux niveaux: sur le plan logistique (ils répondent au téléphone, organisent et coordonnent les déménagements…) et sur le plan de la mise en œuvre opérationnelle (viennent apporter leur aide des compagnies de déménagement, de garde-meubles, des sociétés de sécurité, des interprètes, des sociétés de location de camion, mais aussi des vétérinaires ou des associations de protection des animaux, car oui, les animaux domestiques peuvent être aussi des freins très forts au départ…).
Tous les bénévoles ont droit à une formation et doivent signer un engagement de confidentialité. En parallèle à cela, un travail de fond est également conduit avec les instances qui orientent.
Comment se passe un déménagement?
La situation doit être, de façon systématique, signalée par un tiers (police, hôpital, structures d’accompagnement ou d’accueil), via le numéro d’appel gratuit de l’association. Le répondant prend les premières informations concernant la situation, le niveau de risque, le volume d’affaires que la personne souhaite emporter. Il confie ensuite le dossier à un coordinateur, qui va s’occuper de se mettre en lien avec les différents acteurs nécessaires. Le jour J, le déménagement sera opéré sur le terrain sous la responsabilité d’un chef d’équipe.
En fonction de la situation de la personne, le risque à aller chercher ses affaires, même accompagnée, varie, selon si l’on est sur un moment de crise, si l’agresseur est ou non présent au domicile, son état d’énervement, etc. Selon la dangerosité évaluée, le déménagement se fera donc avec le concours de la police et/ou d’une société de sécurité.
En fonction de la situation de la personne, toujours, le volume de possessions emporté variera lui aussi, de "juste l’essentiel" à l’intégralité de ses effets, qui lui seront déménagés soit vers son hébergement d’urgence, soit dans un lieu de stockage, le temps qu’elle trouve un hébergement pérenne, soit à son nouveau domicile, si elle est déjà installée.
A la fin du déménagement, deux temps de bilan sont prévus: de façon systématique (avec l’organisme qui a orienté la personne, et qui fera le lien avec elle) et de façon facultative, pour les bénévoles, une consultation avec un psychologue est possible. En 360 familles déménagées, aucune agression n’a eu lieu, ni envers la femme ou ses enfants, ni envers les bénévoles présents.
Quels sont les moyens de l'association?
Un déménagement coûte en moyenne entre 200 et 250 CAN$, soit environ 150 euros. L’association, qui ne demande aucune contrepartie financière aux personnes aidées, vit exclusivement de dons, issus de 3 types de financeurs: des fondations privées, des entreprises et des individus. Même si cette question des violences domestiques concerne évidemment tout le monde, on trouve parmi les donateurs beaucoup de personnes qui ont elles-mêmes connu, de façon plus ou moins directe, ce genre de situation, en tant que femme, en tant qu’enfant ou dans leur entourage.
Parmi les volontaires et les donateurs, on trouve aussi beaucoup d’hommes, "qui ne veulent pas que les hommes soient vus comme la cause du problème, mais plutôt comme une partie de la solution".
Pour 2018, le budget de fonctionnement de l’association est de 350.000 CAD$ (environ 230.000 euros). Marc a aujourd’hui quitté son ancien emploi pour s’occuper à temps plein de l’association. Son salaire est pris en charge, ainsi qu’un mi-temps administratif, et il a obtenu la mise à disposition d’un local équipé de tout le matériel de secrétariat nécessaire, à Toronto.
Lorsque nous nous sommes parlé, une antenne venait d’ouvrir à Ottawa, et depuis, une nouvelle a vu le jour à Vancouver, et des demandes lui sont régulièrement faites d’un peu partout au Canada, ce qui vient souligner le bien-fondé de l’association, et la présence des besoins sur l’ensemble du territoire national.
Mais il n’y a pas que là-bas… La récente manifestation contre les violences faites aux femmes du Collectif #NousToutes est une bonne occasion de rappeler qu’en France, une femme meurt tous les 3 jours de violences conjugales, et qu’en dépit de progrès certains dans la prise en charge et l’accompagnement, des manques demeurent, parmi lesquels cette question du déménagement, qui mériterait assurément que l’on s’inspire de cette initiative canadienne. Alors, à quand le premier Shelter Movers en France?