C’était autour d’un récent déjeuner-buffet à l’Université de Nice. Un des influents responsables pédagogiques, connu pour "être de gauche", m’aborde et me lance à propos de mes éditos : "il faudrait quand même que tu écrives un jour quelque chose sur l’islamisation de la France". Le petit-four m’en est tombé des mains. Le lendemain matin, un élu local UMP, lui aussi apprécié pour ses idées plutôt modérées, m’explique que ses "électeurs ne cessent de le questionner sur ce sujet". Enfin, fait nettement plus remarquable, des membres de la communauté juive ne dissimulent plus "leur hésitation" : certains d’entre eux envisagent un vote en faveur du Front National en rapport, précisent-ils, avec la montée de l’islam intégriste dans l’Hexagone…
Confortablement élue avec deux tiers des voix sans "humilier" son concurrent Bruno Gollnisch, Marine Le Pen succède "intelligemment" à son père à la présidence du Front National : elle préserve, pour le moment, l’unité d’un parti souvent fragilisé par ses multiples composantes internes. Forte de cette nouvelle légitimité, renforcée par des sondages qui la créditent d’environ 20% d’opinions favorables, Marine Le Pen devrait rapidement conduire l’aggiornamento de sa formation pour tenter de l’inscrire dans la "normalité" du paysage politique français. Les critiques formulées par plusieurs responsables de l’UMP sur la "ressemblance de la fille avec son père" trahissent en creux la grande crainte des conservateurs classiques : celle de voir apparaître sur leur flanc droit une structure partisane susceptible d’être tenue pour compatible avec les principaux fondements républicains. Celle aussi d’être débordée sur des sujets que le parti présidentiel se refuse à évoquer afin d’éviter une distanciation du Centre, réservoir vital pour la prochaine échéance présidentielle.
Confortablement élue avec deux tiers des voix sans "humilier" son concurrent Bruno Gollnisch, Marine Le Pen succède "intelligemment" à son père à la présidence du Front National : elle préserve, pour le moment, l’unité d’un parti souvent fragilisé par ses multiples composantes internes. Forte de cette nouvelle légitimité, renforcée par des sondages qui la créditent d’environ 20% d’opinions favorables, Marine Le Pen devrait rapidement conduire l’aggiornamento de sa formation pour tenter de l’inscrire dans la "normalité" du paysage politique français. Les critiques formulées par plusieurs responsables de l’UMP sur la "ressemblance de la fille avec son père" trahissent en creux la grande crainte des conservateurs classiques : celle de voir apparaître sur leur flanc droit une structure partisane susceptible d’être tenue pour compatible avec les principaux fondements républicains. Celle aussi d’être débordée sur des sujets que le parti présidentiel se refuse à évoquer afin d’éviter une distanciation du Centre, réservoir vital pour la prochaine échéance présidentielle.
Du Quick halal à la prière de rue
Du Quick halal à la prière de rue, Marine Le Pen a, quant à elle, clairement affiché ce qui sera sans doute son thème majeur de campagne. Quitte à l’entretenir d’une habile rhétorique (voir notre article) elle tente de canaliser l’angoisse des Français sur les dangers de l’islamisme radical, concept qu’elle a toujours pris un soin méticuleux à différencier de l’islam. Outre le fait qu’elle soit la première femme à diriger un mouvement d’extrême droite, l’abandon du ton haineux et de la phrase assassine ne lui suffiront sans doute pas pour adoucir l’image encore sulfureuse du FN. Les "déçus du sarkozysme" l’attendent sur des sujets de société où elle devra nettement se démarquer de son père. Et sur l’économie : ses intentions, par exemple, de faire sortir la France de l’euro en cas de victoire en 2012 flattent sans doute une partie de l’électorat nationaliste paternel mais l’éloignent définitivement de ceux et celles qu’elle cherche à atteindre au-delà. Certains, plus à droite qu’à gauche, se réjouiront de ces pesanteurs d’un héritage qu’elle accepte sans les précautions d’inventaire.