Des installations féeriques de grande ampleur…
Deng Guoyuan.mp3 (1.43 Mo)
S’il a d’abord peint et sculpté des œuvres liant tradition et modernité comme beaucoup de ses contemporains, Deng Guoyuan va plus loin et se consacre, depuis les années 1990, à la création de... jardins.
Les deux "Noah’s garden" - le deuxième a été présenté à la biennale de Singapour en 2016 - sont des symboles forts, aux détails subtils. Chaque élément y a sa place et sa fonction, et crée un ensemble, à première vue, harmonieux. Pénétrer dans le "Noah’s garden II", c’est plonger dans un monde brillant, coloré et surprenant. La structure en mouvement et entièrement composée de miroirs, renforce l’effet d’un espace infini, et insuffle à celui qui le traverse une sensation de frénésie. Plantes multicolores, fleurs variées et disproportionnées, formes curieuses… l’œil glisse de surprise en surprise.
On pense inévitablement au célèbre livre de Lewis Caroll "Alice au Pays des Merveilles" dans lequel les choses, les êtres, l’environnement tout entier viennent à se métamorphoser. Dans l’installation de Deng Guoyuan, le temps ralentit, le tourbillon joyeux généré par les miroirs se transforme en un labyrinthe, l’œil se pose sur les détails et commence à les disséquer. La plante de "Taihu" est récurrente dans la peinture et calligraphie traditionnelle chinoise; si on en devine la forme si particulière, on ne peut que remarquer l’étrange peinture qui la recouvre, comme la plupart des éléments dits "naturels". Les plantes, insectes et pierres sont ici réalisés en résine, à la différence du premier "Noah’s garden" où tout était "réel", et sont recouverts de peinture à carrosserie de voiture (un des éléments polluants de l’époque).
Les deux "Noah’s garden" - le deuxième a été présenté à la biennale de Singapour en 2016 - sont des symboles forts, aux détails subtils. Chaque élément y a sa place et sa fonction, et crée un ensemble, à première vue, harmonieux. Pénétrer dans le "Noah’s garden II", c’est plonger dans un monde brillant, coloré et surprenant. La structure en mouvement et entièrement composée de miroirs, renforce l’effet d’un espace infini, et insuffle à celui qui le traverse une sensation de frénésie. Plantes multicolores, fleurs variées et disproportionnées, formes curieuses… l’œil glisse de surprise en surprise.
On pense inévitablement au célèbre livre de Lewis Caroll "Alice au Pays des Merveilles" dans lequel les choses, les êtres, l’environnement tout entier viennent à se métamorphoser. Dans l’installation de Deng Guoyuan, le temps ralentit, le tourbillon joyeux généré par les miroirs se transforme en un labyrinthe, l’œil se pose sur les détails et commence à les disséquer. La plante de "Taihu" est récurrente dans la peinture et calligraphie traditionnelle chinoise; si on en devine la forme si particulière, on ne peut que remarquer l’étrange peinture qui la recouvre, comme la plupart des éléments dits "naturels". Les plantes, insectes et pierres sont ici réalisés en résine, à la différence du premier "Noah’s garden" où tout était "réel", et sont recouverts de peinture à carrosserie de voiture (un des éléments polluants de l’époque).
…à la confluence d’un rêve et d’un cauchemar
L’artiste place l’homme à un moment de basculement. D’un monde enchanté à un univers hybridé. Perte de repère (les miroirs brouillent l’espace), de la notion du beau (les couleurs chatoyantes s’avèrent être de la peinture industrielle) et prise de conscience (l’homme admire une illusion, ce sont de fausses plantes).
Et c’est là la grande réussite de Deng Guoyuan, faire prendre conscience, au promeneur dans son jardin, de la transition qui se déroule sous ses yeux, ici et dans le monde. Impact des hommes sur la nature, conséquence de l’industrialisation sur l’environnement, engouement pour l’ultra contemporain au détriment du passé et des bases auxquelles il renvoie. Car le jardin est bien une racine commune aux hommes et à la nature. Doté d’un symbolisme fort dans chaque culture, dans chaque religion, le jardin est universel. C’est donc un peu comme si l’artiste renvoyait, de facto, le monde des hommes à son origine, mais déjà souillée par l’avenir dont ils sont responsables.
Mais cette œuvre est surtout un moyen, une autre chance de changer cet avenir, par cette prise de conscience. Nous ne sommes pas dans l’arche de Noé, mais dans son jardin, un nouveau terreau où il est possible de construire. Un monde qui n’est pas submergé par les eaux, et où tout n’est pas perdu.
Et c’est là la grande réussite de Deng Guoyuan, faire prendre conscience, au promeneur dans son jardin, de la transition qui se déroule sous ses yeux, ici et dans le monde. Impact des hommes sur la nature, conséquence de l’industrialisation sur l’environnement, engouement pour l’ultra contemporain au détriment du passé et des bases auxquelles il renvoie. Car le jardin est bien une racine commune aux hommes et à la nature. Doté d’un symbolisme fort dans chaque culture, dans chaque religion, le jardin est universel. C’est donc un peu comme si l’artiste renvoyait, de facto, le monde des hommes à son origine, mais déjà souillée par l’avenir dont ils sont responsables.
Mais cette œuvre est surtout un moyen, une autre chance de changer cet avenir, par cette prise de conscience. Nous ne sommes pas dans l’arche de Noé, mais dans son jardin, un nouveau terreau où il est possible de construire. Un monde qui n’est pas submergé par les eaux, et où tout n’est pas perdu.
* Deng Guoyuan est artiste mais également doyen et enseignant à l’école des Beaux-Arts de Tianjin - ville où il est né, vit et travaille. Il y a fondé le premier département d’art expérimental de Chine en 2002.