La Russie finira-t-elle -enfin- par franchir un pas décisif vers la démocratie en lâchant la dictature syrienne ? L’argument invoqué par la diplomatie russe pour ne pas voter la résolution condamnant la répression des insurgés par Damas, toujours en discussion au Conseil de sécurité des Nations Unies, laisse perplexe : « la situation en Syrie ne menace pas la paix et la sécurité internationale ». On a connu exploitation plus fine par le Kremlin de la langue de bois. Il en va désormais de la crédibilité internationale de Moscou de ne pas continuer à protéger le régime de Bachar Al-Assad avec une mentalité étonnamment figée à l’époque de la guerre froide. La visite programmée dans la capitale russe d’une délégation de l’opposition syrienne va certes dans le bon sens. On peut aussi comprendre l’irritation russe d’avoir voté une résolution sur la Libye qui semble, par la suite, avoir fait l’objet d’une interprétation militaire extensive de la part des pays promoteurs.
Afin d’entrer dans la modernité politique autant que dans celle réclamée par les peuples, Moscou doit, en premier lieu, abandonner son complexe d’infériorité nourri de méfiance vis-à-vis de l’occident en ne jaugeant plus les performances russes à l’aune de celles de « l’Ouest » et en ne construisant plus une stratégie globale uniquement dressée contre l’Europe et les Etats-Unis. Tout ce qui nuit à l’Ouest ne sert plus forcément les intérêts de l’Est. A l’ère du village mondial, la Fédération de Russie gagnerait ensuite à quitter sa quête aussi obsessionnelle qu’ancestrale d’une zone tampon supposée la garantir contre une invasion : l’on imagine mal un membre désormais régulier du G8 faire l’objet d’un « containment », sauf à s’obstiner à répondre négativement aux aspirations de liberté, celles du peuple syrien par exemple. Et l’exemple est la chose même. Moscou pourrait aussi tourner la page d’une tradition autoritariste de son pouvoir central : Vladimir Poutine appartient à une génération de dirigeants d’une époque révolue : un peu à l’image d’un François Mitterrand faisant le voyage à Kiev pour rencontrer Gorbatchev lors de la réunification de l’Allemagne ! A ce titre, il faut souhaiter que les élections présidentielles russes prévues en 2012 respectent enfin les standards démocratiques requis par la Communauté internationale.
Afin d’entrer dans la modernité politique autant que dans celle réclamée par les peuples, Moscou doit, en premier lieu, abandonner son complexe d’infériorité nourri de méfiance vis-à-vis de l’occident en ne jaugeant plus les performances russes à l’aune de celles de « l’Ouest » et en ne construisant plus une stratégie globale uniquement dressée contre l’Europe et les Etats-Unis. Tout ce qui nuit à l’Ouest ne sert plus forcément les intérêts de l’Est. A l’ère du village mondial, la Fédération de Russie gagnerait ensuite à quitter sa quête aussi obsessionnelle qu’ancestrale d’une zone tampon supposée la garantir contre une invasion : l’on imagine mal un membre désormais régulier du G8 faire l’objet d’un « containment », sauf à s’obstiner à répondre négativement aux aspirations de liberté, celles du peuple syrien par exemple. Et l’exemple est la chose même. Moscou pourrait aussi tourner la page d’une tradition autoritariste de son pouvoir central : Vladimir Poutine appartient à une génération de dirigeants d’une époque révolue : un peu à l’image d’un François Mitterrand faisant le voyage à Kiev pour rencontrer Gorbatchev lors de la réunification de l’Allemagne ! A ce titre, il faut souhaiter que les élections présidentielles russes prévues en 2012 respectent enfin les standards démocratiques requis par la Communauté internationale.
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1,2 millions de personnes ont quitté la Russie
Comme pour l’Iran, Moscou suit avec la Syrie un raisonnement en termes de « zone d’influence » qui ne semble pas encore avoir intégré la chute du mur de Berlin : port stratégique de Tartous, allié au Moyen-Orient et acheteur d’armements russes. Au prix d’une image déplorable de soutien accordé à une dictature sanglante. Une image à laquelle les dirigeants russes ne semblent pas attacher d’importance. Ils ont bien tort : selon un sondage des 4 et 5 juin de l'institut russe Vtsiom réalisé auprès de 1600 personnes dans 46 régions de la Fédération, « plus d'un cinquième des Russes (22%), au premier rang desquels les jeunes (environ 40%), veulent émigrer pour s'installer définitivement à l'étranger ». La catégorie qui souhaite « le plus partir » est la « tranche des 18-24 ans » (39%), suivie des « personnes utilisant régulièrement l'internet » (33%), et, enfin, les « personnes les plus diplômées » (29%). Des résultats confirmés, selon le quotidien Vedomosti, par un autre institut de sondage, le centre indépendant Levada : près d'un tiers des habitants des grandes villes ayant une éducation supérieure avait déjà fait état, l’année passée, de leur « envie de partir ». En trois ans, ce sont environ 1,2 millions de personnes qui ont quitté la Russie.
Il suffit de bavarder avec les touristes russes sur la côte d’Azur -ils sont nombreux à Villefranche sur mer- pour éclairer cette « vague d’émigration » : « La peur d’un pouvoir administratif et politique arbitraire », la recherche de « meilleures conditions de travail et de vie à l’étranger », une « éducation de qualité pour leur enfant » leur offrant par surcroît « une meilleure chance pour leur avenir professionnel ». C’est dire si les responsables du Kremlin feraient mieux de jeter un regard attentif à l’intérieur de leurs frontières que de prétendre maintenir la « grandeur de la Patrie » en soutenant des régimes tyranniques. Ce qui n’a pas empêché la France et la Russie de signer vendredi dernier l’accord officialisant la vente à la Russie de quatre bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral. Il est vrai qu’entre les affaires africaines de « biens mal acquis » qui mettent le gouvernement français dans l’embarras et le « paiement par Matignon » -c'est-à-dire le contribuable- des heures d’enseignement non effectuées par Luc Ferry, Paris n’est plus à cela près.
Il suffit de bavarder avec les touristes russes sur la côte d’Azur -ils sont nombreux à Villefranche sur mer- pour éclairer cette « vague d’émigration » : « La peur d’un pouvoir administratif et politique arbitraire », la recherche de « meilleures conditions de travail et de vie à l’étranger », une « éducation de qualité pour leur enfant » leur offrant par surcroît « une meilleure chance pour leur avenir professionnel ». C’est dire si les responsables du Kremlin feraient mieux de jeter un regard attentif à l’intérieur de leurs frontières que de prétendre maintenir la « grandeur de la Patrie » en soutenant des régimes tyranniques. Ce qui n’a pas empêché la France et la Russie de signer vendredi dernier l’accord officialisant la vente à la Russie de quatre bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral. Il est vrai qu’entre les affaires africaines de « biens mal acquis » qui mettent le gouvernement français dans l’embarras et le « paiement par Matignon » -c'est-à-dire le contribuable- des heures d’enseignement non effectuées par Luc Ferry, Paris n’est plus à cela près.