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Beyrouth. Zaitunay Bay. A côté du Saint-George Yacht Club, une luxueuse marina qui n’a rien à envier au Quai des milliardaires du port d’Antibes. Au restaurant "Zabad", Mohammad, originaire de Nabatieh au sud du Liban et qui ne boit pas d’alcool, conseille néanmoins un excellent Château-Kéfraya pour le dîner. Au pied d’une interminable enfilade de gratte-ciels flambant neufs financés par les pétromonarchies du Golfe, Zaitunay Bay témoigne de la relative prospérité du Liban où les riches deviennent plus riches. Et les pauvres plus pauvres. Marie-Antoinette au pays de la brioche au thym de chez Fadel. Insolence et insouciance de la capitale du Levant au regard d’un environnement régional chancelant, voire sanglant pour le grand voisin syrien: une revanche sans acrimonie pour le pays du cèdre qui accueille des milliers de réfugiés. Avec une majorité de Druzes en provenance de Soueida concentrée dans la capitale. "Historiquement, lorsque la Syrie va mal, le Liban est en bonne santé", ironise un haut fonctionnaire libanais du Ministère de la justice.
En Syrie, "c’est la débandade", confie un important homme d’affaires du premier cercle de Bachar. Malgré la dénonciation d’un complot qualifié "d'universel" par la paranoïa présidentielle et la certitude d’être sauvé par la Russie, le pouvoir évalue la situation "heure par heure". "Rami Makhlouf lit le coran et pratique sa gym dans sa salle de sport de sa résidence à Yarfour", dans la banlieue chic de Damas, précise cet entrepreneur. Et "Manaf Tlass est assigné à résidence après des propos critiques". Lors de son discours du 10 janvier 2012 à l’université de Damas, Bachar el-Assad s’est "seulement préoccupé auprès de proches de son allure à la télévision" mais "il a réfuté sèchement toute remarque sur le fond de son allocution". "Il fait les questions et les réponses", ajoute cet habitué des milieux damascènes qui porte en outre témoignage des dérives jusqu’au-boutistes d’un président enkysté sur sa garde rapprochée: son frère Maher, la fratrie Makhlouf (Hafez, Ihab, Iyad, sous la conduite du père Mahmoud) Firas Akhras, Koussaï Arslan et les autres piliers du régime Mohammad Nassif, Ali Mamlouk, Assaf Chawkat. Des fidèles qui lui auraient évité la folie suicidaire d’envisager le tir de quelques missiles Scud sur Israël au moment d’abandonner le pouvoir.
En Syrie, "c’est la débandade", confie un important homme d’affaires du premier cercle de Bachar. Malgré la dénonciation d’un complot qualifié "d'universel" par la paranoïa présidentielle et la certitude d’être sauvé par la Russie, le pouvoir évalue la situation "heure par heure". "Rami Makhlouf lit le coran et pratique sa gym dans sa salle de sport de sa résidence à Yarfour", dans la banlieue chic de Damas, précise cet entrepreneur. Et "Manaf Tlass est assigné à résidence après des propos critiques". Lors de son discours du 10 janvier 2012 à l’université de Damas, Bachar el-Assad s’est "seulement préoccupé auprès de proches de son allure à la télévision" mais "il a réfuté sèchement toute remarque sur le fond de son allocution". "Il fait les questions et les réponses", ajoute cet habitué des milieux damascènes qui porte en outre témoignage des dérives jusqu’au-boutistes d’un président enkysté sur sa garde rapprochée: son frère Maher, la fratrie Makhlouf (Hafez, Ihab, Iyad, sous la conduite du père Mahmoud) Firas Akhras, Koussaï Arslan et les autres piliers du régime Mohammad Nassif, Ali Mamlouk, Assaf Chawkat. Des fidèles qui lui auraient évité la folie suicidaire d’envisager le tir de quelques missiles Scud sur Israël au moment d’abandonner le pouvoir.
Une 'situation étrangement calme' selon l'ONU
Dans les faubourgs de Damas, racontent des réfugiés, "des miliciens dont on ne sait plus quels intérêts ils servent, arrêtent les propriétaires de grosses cylindrées, leur confisquent des biens, du téléphone à la voiture elle-même, quand ils n’emmènent pas un proche dans une prison avant de le relâcher contre une forte somme d’argent". Et ce, en dehors de tout contrôle des échelons supérieurs. La déliquescence d’un État qui n’a jamais été de droit. Les officiers généraux qui occupent des postes sensibles sont désormais "étroitement surveillés par des commissaires politiques".
La fin inéluctable du pouvoir alaouite -"quelques mois" estiment des experts israéliens et turcs pour une fois du même avis- laisse le Liban de marbre. En apparence. Une "situation étrangement calme", reconnaît un haut fonctionnaire de l’ONU à Beyrouth. "Plus personne ne mise sur la survie du régime", renchérissent plusieurs hauts responsables politiques libanais. Pas même le Hezbollah. Malgré son soutien sur le terrain, la milice chiite semble avoir fait son deuil de Bachar el-Assad: armes rapatriées au Liban, nouveau terrain d’entraînement dans la Bekaa, distanciation progressive des responsables syriens de la part des cadres du Parti de Dieu, néanmoins agité par d’intenses débats sur l’opportunité d’une action d’envergure pour sauver Damas, recherche d’une autonomisation des circuits financiers. "Ils ne bougeront pas", affirme un diplomate européen de haut rang accrédité au Liban: "allez voir les somptueux palaces que les dignitaires se sont fait construire aux alentours de Saïda", explique-t-il. Pas besoin d’aller si loin: six ans après leur destruction par les premiers tirs israéliens en juillet 2006, les immeubles de Haret Hreik ont été entièrement reconstruits: plus d’un million de m2 de surface habitable viennent d’être inaugurés dans la banlieue sud de la capitale. Une rumeur, sans doute infondée, veut que le Secrétaire général du Parti Hassan Nasrallah ait jugé bon d’interdire les porches dans son quartier. On ne prête qu’aux riches.
La fin inéluctable du pouvoir alaouite -"quelques mois" estiment des experts israéliens et turcs pour une fois du même avis- laisse le Liban de marbre. En apparence. Une "situation étrangement calme", reconnaît un haut fonctionnaire de l’ONU à Beyrouth. "Plus personne ne mise sur la survie du régime", renchérissent plusieurs hauts responsables politiques libanais. Pas même le Hezbollah. Malgré son soutien sur le terrain, la milice chiite semble avoir fait son deuil de Bachar el-Assad: armes rapatriées au Liban, nouveau terrain d’entraînement dans la Bekaa, distanciation progressive des responsables syriens de la part des cadres du Parti de Dieu, néanmoins agité par d’intenses débats sur l’opportunité d’une action d’envergure pour sauver Damas, recherche d’une autonomisation des circuits financiers. "Ils ne bougeront pas", affirme un diplomate européen de haut rang accrédité au Liban: "allez voir les somptueux palaces que les dignitaires se sont fait construire aux alentours de Saïda", explique-t-il. Pas besoin d’aller si loin: six ans après leur destruction par les premiers tirs israéliens en juillet 2006, les immeubles de Haret Hreik ont été entièrement reconstruits: plus d’un million de m2 de surface habitable viennent d’être inaugurés dans la banlieue sud de la capitale. Une rumeur, sans doute infondée, veut que le Secrétaire général du Parti Hassan Nasrallah ait jugé bon d’interdire les porches dans son quartier. On ne prête qu’aux riches.
Sami Gemayel contre Nadim Gemayel?
Une aventure militaire risquerait de faire perdre au Hezbollah les nombreux bénéfices d’un contrôle presque complet exercé sur le pays du cèdre. Même les services de renseignement des FSI qui leur échappaient il y a peu, sont désormais tombés dans son escarcelle. Déjà visé par un attentat en janvier dernier, leur chef Wissam Hassan "préfère voyager pour sa sécurité", assure un spécialiste libanais des structures sécuritaires du pays. La milice pro-iranienne se porte systématiquement acquéreur de toute parcelle à vendre de terrains dotés d’un enjeu stratégique (carrefour de grands axes, proximité d’une infrastructure gouvernementale ou surface située en surplomb). Et ce, à un prix nettement supérieur à la moyenne. Deux obstacles freinent pourtant cette stratégie de consolidation, sinon de verrouillage du Liban, par le Hezbollah: la ville de Tripoli toujours aux mains des Sunnites radicaux. Et l’opposition résolue des Forces libanaises et de leur chef Samir Geagea, victime récente d’un attentat manqué dans sa villa de Mehrab. Pour le premier, la phalange chiite recrute, finance et arme des groupuscules sunnites dans la ville du nord pour faire pièce à ce vacuum qui permet d’alimenter les opposants syriens. Pour le second, le Hezbollah tente, dans la perspective des élections législatives du printemps 2013, de se concilier les bonnes grâces du jeune leader Kataëb Sami Gemayel. Avec un triple objectif: le destiner à remplacer comme principal leader chrétien un général Aoun vieillissant et sans successeur crédible tout en marginalisant son cousin direct et rival, l’autre jeune chef des Chrétiens, Nadim Bachir Gemayel nettement plus intransigeant avec la milice pro-iranienne. Et, finalement, exploiter cette sourde rivalité pour faire voler en éclat l’alliance du 14 mars, déjà fragilisée par l’absence prolongée de Saad Hariri.
Une question subsiste: ce que le Hezbollah ne fera pas pour Damas, l’osera-t-il pour Téhéran?
Une question subsiste: ce que le Hezbollah ne fera pas pour Damas, l’osera-t-il pour Téhéran?