Rien n’y fait: malgré les promesses de Bachar Al-Assad d’offrir la citoyenneté syrienne aux manifestants kurdes, en dépit de la rapidité inhabituelle avec laquelle est intervenu un changement de gouvernement, nonobstant la perspective de lever très prochainement l’état d’urgence en vigueur depuis 1963 ou l’annonce d’une libération de toutes les personnes arrêtées au cours des heurts récents, les opposants à la dictature alaouite ne désarment pas. Ils ne sont pas dupes: les Kurdes savent bien que le pouvoir syrien cherche à les stigmatiser au regard d’autres communautés en leur octroyant ce cadeau empoisonné. Les insurgés ont, en outre, entendu parler d’une nouvelle loi anti-terroriste dont les effets privatifs des libertés les plus élémentaires se substitueraient aux droits obtenus par l’abrogation de la loi d’urgence. Ils n’ignorent rien non plus des arcanes du pouvoir présidentiel qui ôtent toute espèce d’importance aux nominations ministérielles. Enfin, ils n’osent même plus aller voir leurs proches dans les hôpitaux ou récupérer leurs morts dans les morgues de peur d’être à leur tour arrêtés, torturés et assassinés.
Il n’y a plus que l’Ambassadeur de France à Damas qui, selon Georges Malbrunot, destine au Quai d’Orsay des télégrammes rassurants : "il faut donner du temps au président syrien et ne pas exclure que des mains étrangères soient derrière les manifestants". Un Ambassadeur "complètement bacharisé" selon un autre diplomate de haut rang qui, toujours selon le journaliste du Figaro, reproche au représentant français de "relayer la thèse officielle de la contestation". On ne saurait blâmer le chef de la Mission diplomatique en Syrie. Il suit l’air d’un temps pas très ancien où le président syrien était en 2008 l’invité de Nicolas Sarkozy à la tribune officielle du 14 juillet. Tapis d’honneur d’un rouge aussi vif que le sang de la répression à Homs, Deraa, Tartous, Lattaquié ou Alep.
Il n’y a plus que l’Ambassadeur de France à Damas qui, selon Georges Malbrunot, destine au Quai d’Orsay des télégrammes rassurants : "il faut donner du temps au président syrien et ne pas exclure que des mains étrangères soient derrière les manifestants". Un Ambassadeur "complètement bacharisé" selon un autre diplomate de haut rang qui, toujours selon le journaliste du Figaro, reproche au représentant français de "relayer la thèse officielle de la contestation". On ne saurait blâmer le chef de la Mission diplomatique en Syrie. Il suit l’air d’un temps pas très ancien où le président syrien était en 2008 l’invité de Nicolas Sarkozy à la tribune officielle du 14 juillet. Tapis d’honneur d’un rouge aussi vif que le sang de la répression à Homs, Deraa, Tartous, Lattaquié ou Alep.
Bachar digne héritier de son père
Pour le lancement, il y a trois ans, de l’Union Pour la Méditerranée, Bachar Al-Assad ne bénéficiait pourtant déjà plus d’un a priori favorable : naïvement célébré dans quelques capitales occidentales, son "printemps de Damas" -quelques mois d’une liberté toute relative pour son entrée en fonction- avait déjà cédé la place au dur hiver répressif. Rien qui ne puisse faire oublier la poursuite jusqu’en 2005, d’une occupation de l’État voisin du Liban et la perpétuation de la surveillance, des arrestations arbitraires, des violences et des assassinats politiques à l’encontre de tous ceux qui, journalistes comme écrivains, militants comme dirigeants, dénonçaient ou tentaient de le faire, les exactions de Damas. Ou risquaient d’impliquer le régime dans l’assassinat de Rafic Hariri, comme l’ancien proconsul au Liban, Ghazi Kanaan, mystérieusement "suicidé". Tout cela en digne héritier de son père dont furent aussi indirectement victimes un Ambassadeur de France des années quatre-vingt et des soldats d’un contingent français au Liban.
On ne peut donc reprocher à Eric Chevallier, ancien porte-parole du Département, de se faire l'écho d’un quitus présidentiel français qui relève d’une méconnaissance confondante de la stratégie syrienne. Alors que des "Think Tanks" proches du Département d’État appellent l’Administration américaine à abandonner la diplomatie attentiste du statu quo, jugée in fine trop favorable à la Syrie, tandis que d’influentes voix israéliennes expliquent que Tel-Aviv connaît déjà le "pire" avec un régime syrien pourvoyeur d’armes au Hamas et au Hezbollah et qu’un pouvoir sunnite serait finalement moins réceptif aux pressions de Téhéran, il faut souhaiter que Paris ne se trompe pas d’orientation en empruntant à son tour le chemin de Damas.
On ne peut donc reprocher à Eric Chevallier, ancien porte-parole du Département, de se faire l'écho d’un quitus présidentiel français qui relève d’une méconnaissance confondante de la stratégie syrienne. Alors que des "Think Tanks" proches du Département d’État appellent l’Administration américaine à abandonner la diplomatie attentiste du statu quo, jugée in fine trop favorable à la Syrie, tandis que d’influentes voix israéliennes expliquent que Tel-Aviv connaît déjà le "pire" avec un régime syrien pourvoyeur d’armes au Hamas et au Hezbollah et qu’un pouvoir sunnite serait finalement moins réceptif aux pressions de Téhéran, il faut souhaiter que Paris ne se trompe pas d’orientation en empruntant à son tour le chemin de Damas.