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Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 04/03/2011 (dernière modification le 04/03/2011)

L'actualité est souvent cruelle par les contrastes qu'elle aime mettre en lumière. Ainsi, il n'y a pas un jour où l'on ne peut lire dans la presse, les dernières révélations sur les abus d'un ministre quelconque. Ministres membres de gouvernements eux-même membres de l'Union européenne, ceux qui souvent donnent des leçons aux autres, à ceux d'Afrique ou d'ailleurs qui n'ont pas l'expérience démocratique dont on se targue tant de ce côté-ci de la Méditerranée.


Edito : Ecoutez un regard décalé
L'actualité va bientôt obliger ces ministres à changer d'état d'esprit, ce dont je ne doute pas qu'ils soient capables. Pour deux raisons au moins. Tout d'abord, les médias aujourd'hui regorgent de superlatifs sur le courage et la maturité politique de cette jeunesse arabe qui ne veut plus s'en laisser conter – et c'est tant mieux – articles publiés parfois sur la même page où l'on peut lire des révélations sur les dernières vacances auprès d'un ami dictateur souvent arabe, en l'occurrence. Hier, c'était l'ancienne ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie qui devait difficilement reconnaître être allée se reposer durant les fêtes de fin d'année en Tunisie, puis on apprenait que le Premier ministre du gouvernement de Nicolas Sarkozy s'était quant à lui rendu en Egypte et enfin, comme un effet domino, l'on annonce que Henri Guaino, le conseiller spécial du chef de l'Etat français, avait lui aussi séjourné dans un pays qui n'est plus à la mode auprès des chancelleries européennes. Michèle Alliot-Marie a payé de son poste, le fait, aujourd'hui considéré par elle – du moins peut-on le supposer - et par d'autres, comme une erreur d'être allé non seulement se reposer sous les cocotiers d'une dictature jusqu'alors acceptée, mais surtout d'avoir rencontré, soutenu Ben Ali, sans parler de ses accointances avec un homme d'affaire, mélangeant ici allègrement ses devoirs publics et ses intérêts familiaux privés. Il faut croire que Nicolas Sarkozy ne peut pas se passer pour l'heure de son Premier ministre car toutes les informations sur lui glissent et ne font pas d'accroc. Lui comme elle a pourtant choisi le mauvais pays pour sa villégiature de fin d'année – l'Egypte de Moubarak – dont il était l'invité. Sur cette lancée, les journaux ont aussi publié les frais extraordinaires des weekend de François Fillon. 27.000 euros a-t-on pu lire pour chaque déplacement. Et c'est là où l'actualité peut être encore cruelle. N'a-t-on pas aussi pu lire dans les mêmes journaux que le procès en béatification de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Robert Schumann, est clos et transmis à Rome. Difficile de ne pas saisir l'occasion de rappeler que l'homme était connu pour se déplacer sur les longs trajets en train, déjeunant d'un simple sandwich et qu'au quotidien, il se rendait à son bureau en bus. Quel contraste ! Sur ces scandales d'aujourd'hui qui ne l'était pas hier, un dernier mot concernant l'argumentation de la défense de Henri Guaino. Le conseiller spécial s'offusque de le façon dont un journal l'a traité, enregistrant leur conversation sans le prévenir – ce qui est en effet déontologiquement répréhensible – osant ainsi prononcer le mot déontologie lui qui récuse toutes comparaisons entre son affaire et celles de ses collègues. Précisant encore qu'il s'est rendu à l'ambassade de France à Tripoli et nous de nous demander immédiatement, mais que pouvait-il bien y faire durant ses vacances. Y résider ? Mais alors au frais de qui ? Du contribuable français, encore une fois ? Le pire pour ces politiciens et politiciennes s'est qu'ils ne sont conscients que de leurs droits, et plus du tout de leurs devoirs, de leurs devoirs vis-à-vis de ceux qui attendent il est vrai de moins en moins d'eux. Triste à pleurer. Et le pire c'est que c'est n'est pas mieux ailleurs, il suffit de se souvenir des scandales outre-manche et de suivre aujourd'hui l'actualité allemande. Comme par hasard, c'est un ministre bling-bling qui vient de tomber. On a pu lire qu'il était la coqueluche des médias. Aristocrate, député, ministre encore jeune, séduisant, mariée à une jeune femme blonde, père de deux filles et docteur en droit au du moins jusqu'il y a peu. Là aussi, l'on peut se scandaliser que personne au gouvernement n'est exigé sa démission pour ce faux, méprisant par là même le travail des chercheurs qui passent plusieurs années de leur vie à rédiger une thèse et qui ont quand même su réagir et sous leur pression, pousser le séduisant ministre vers la sortie. Morale de l'histoire, c'est qu'il n'y en a pas justement.
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