Le plastique, c’est pas fantastique...
Kajô Hôsô : c’est ainsi que l’on pourrait nommer le suremballage au Japon. Impossible d’acheter son alimentation sans se retrouver avec plus de plastique que de nourriture. Les fruits et légumes sont quasiment toujours emballés individuellement malgré leur protection naturelle. La viande est en barquette, sous cellophane, et elle est de nouveau emballée dans un petit sachet lors du passage en caisse pour finir dans un autre sac plastique dans lequel on stocke vos emplettes. En général, la personne à la caisse est un peu déconcertée lorsqu’on lui explique qu’on a pris notre propre sac et qu’il n’est pas nécessaire d’emballer tout ça une fois de plus.
Au restaurant : jamais de baguettes réutilisables, toujours de l’usage unique. Les serviettes sont toujours en papier même dans les "beaux" restaurants. Dans les magasins on peut même trouver des pots en verre eux même recouverts de sachets ainsi que des lots de canettes sous cellophane. On vous propose également des sacs en plastique pour recouvrir votre parapluie quand il pleut. Certains influenceurs comme "PlasticObsessedJapan" s’indignent de ces absurdités et postent sur twitter et Instagram des photos de pots d’olives emballés sous vide ou de carottes en rayon emballées dans des petits sacs plastiques. Les exemples sont légion : le plastique est partout et bien ancré dans les mœurs.
La consommation annuelle de déchets plastiques au Japon s’élève à 9,64 millions de tonnes. Un seul centre de tri comme celui d’Ichikawa (non loin de Tokyo) reçoit 10 tonnes de déchets par jour.
Alors qu’un nouveau continent de plastique dérive dans l’océan Pacifique et que les emballages représentent à eux seuls la moitié des déchets plastiques dans le monde, le Japon ne peut plus fermer les yeux sur un véritable problème de comportement consumériste dangereux pour notre planète.
Au restaurant : jamais de baguettes réutilisables, toujours de l’usage unique. Les serviettes sont toujours en papier même dans les "beaux" restaurants. Dans les magasins on peut même trouver des pots en verre eux même recouverts de sachets ainsi que des lots de canettes sous cellophane. On vous propose également des sacs en plastique pour recouvrir votre parapluie quand il pleut. Certains influenceurs comme "PlasticObsessedJapan" s’indignent de ces absurdités et postent sur twitter et Instagram des photos de pots d’olives emballés sous vide ou de carottes en rayon emballées dans des petits sacs plastiques. Les exemples sont légion : le plastique est partout et bien ancré dans les mœurs.
La consommation annuelle de déchets plastiques au Japon s’élève à 9,64 millions de tonnes. Un seul centre de tri comme celui d’Ichikawa (non loin de Tokyo) reçoit 10 tonnes de déchets par jour.
Alors qu’un nouveau continent de plastique dérive dans l’océan Pacifique et que les emballages représentent à eux seuls la moitié des déchets plastiques dans le monde, le Japon ne peut plus fermer les yeux sur un véritable problème de comportement consumériste dangereux pour notre planète.
Suremballage gachis chez les geishas.m4a (184.89 Ko)
Les causes de cette frénésie
Le Japon est le 2ème producteur mondial de déchets d’emballage plastique par habitant derrière les USA. L’emballage représente plus de la moitié des déchets des ménages japonais en volume et près du quart en poids.
Malgré ce constat accablant, le Japon a refusé en 2016 l’invitation de la France à rejoindre la coalition internationale contre les sacs plastiques. Il a également refusé d’adopter la charte sur les plastiques dans les océans au sommet du G7 de Charlevoix en 2018.
Comme l’explique Roy Larke (spécialiste des habitudes de consommation) à Vice : " es facteurs les plus importants de la situation dans laquelle le Japon se trouve actuellement sont les traditions et l’inertie".
L’emballage fait parti de la culture japonaise. Cela se vérifie par exemple à travers les cadeaux : il est plus important d’apporter un soin particulier à l’emballage plutôt qu’au contenu. Ainsi le consommateur aurait tendance à acheter la boîte plutôt que ce qu’elle contient. Dans la même logique, le contenant, même s’il ne s’agit que d’un film plastique, ajoute une petite touche de luxe au produit. On perçoit ici un sens esthétique nécessaire à la mise en rayon des produits.
La propreté et l’hygiène, éléments prépondérants au Japon semblent également jouer un rôle dans cette problématique : inconsciemment un produit emballé paraitra plus sain, moins exposé aux éternuements et autres crachotements des consommateurs.
Enfin le snacking en développement de 4% par an dans les pays d’Asie aggrave d’autant plus la situation. Le consommateur japonais préfère les portions individuelles, plus pratiques dans ses habitudes quotidiennes.
Malgré ce constat accablant, le Japon a refusé en 2016 l’invitation de la France à rejoindre la coalition internationale contre les sacs plastiques. Il a également refusé d’adopter la charte sur les plastiques dans les océans au sommet du G7 de Charlevoix en 2018.
Comme l’explique Roy Larke (spécialiste des habitudes de consommation) à Vice : " es facteurs les plus importants de la situation dans laquelle le Japon se trouve actuellement sont les traditions et l’inertie".
L’emballage fait parti de la culture japonaise. Cela se vérifie par exemple à travers les cadeaux : il est plus important d’apporter un soin particulier à l’emballage plutôt qu’au contenu. Ainsi le consommateur aurait tendance à acheter la boîte plutôt que ce qu’elle contient. Dans la même logique, le contenant, même s’il ne s’agit que d’un film plastique, ajoute une petite touche de luxe au produit. On perçoit ici un sens esthétique nécessaire à la mise en rayon des produits.
La propreté et l’hygiène, éléments prépondérants au Japon semblent également jouer un rôle dans cette problématique : inconsciemment un produit emballé paraitra plus sain, moins exposé aux éternuements et autres crachotements des consommateurs.
Enfin le snacking en développement de 4% par an dans les pays d’Asie aggrave d’autant plus la situation. Le consommateur japonais préfère les portions individuelles, plus pratiques dans ses habitudes quotidiennes.
Bilan et mesures
Le Japon est un pays où l’on recycle énormément. Un système de tri sélectif très strict a été mis en place en 1997. Tellement élaboré qu’il est compliqué de s’y retrouver dans le livret de 10 pages qui est fourni aux résidents. Un foyer possède au minimum 4 poubelles différentes mais on a parfois l’impression que personne ne sait vraiment ce qu’il faut y mettre. En simplifiant le tri se décompose en 4 catégories : le combustible, le non combustible, les encombrants et les déchets recyclés.
Sur le papier le taux de recyclage au Japon est exceptionnel (86% des plastiques en fin de vie), cependant, comme l’explique un article du pôle développement durable du SER (Service Economique Régional) de Tokyo attaché à l’Ambassade de France, 68% de ces déchets sont soumis à un recyclage thermique (récupération d’énergie). Seuls 27% sont réellement recyclés "mécaniquement". Finalement le taux réel de recyclage au Japon est évalué à 22% par l’OCDE.
Jusqu’en 2017, 70% des déchets exportés par le Japon partaient en Chine. Suite au bannissement de ces importations par la Chine elle-même, le Japon s’est retrouvé face à un nouveau problème. En mai 2019, le MOE (ministère de l’Environnement japonais) a demandé aux municipalités d’incinérer les déchets plastiques des entreprises face à leur amoncellement.
A bien y regarder le bilan du recyclage parait tout à fait médiocre. Malgré tout, la volonté d’ouvrir les yeux sur une problématique grandissante semble faire son chemin. Des mesures sont prises, il reste à espérer qu’elles soient appliquées. A commencer par l’initiative 3R (Reduce, Reuse, Recycle). "Recycle" est à peu près atteint selon le bilan en demi-teinte expliqué plus haut, par contre pour "Reduce" et "Reuse" il reste du travail.
Le ministre de l’Environnement Yoshari Harada a proposé une stratégie de recyclage adoptée le 31 mai 2019 visant à réduire de 25% les déchets plastiques à usage unique d’ici 2030. Les commerçants devront facturer les sacs plastiques d’ici fin 2020. Il souhaite également favoriser l’utilisation de bioplastiques dérivés de sources renouvelables. Par ailleurs Yoshari Harada souhaite que le gouvernement adopte une loi contraignante au regard de ces mesures d’ici 2020.
Sur le plan international le Japon soigne son image avec le lancement en janvier 2019 du Plastic Smart Forum regroupant 48 organisations publiques, privées, de recherche et aussi non lucratives.
A l’approche des JO 2020 à Tokyo, le Japon à l'opportunité de montrer au monde des actions concrètes dans la lutte contre le suremballage. Souhaitons qu'il saisisse cette chance pour changer radicalement ses habitudes.
Sur le papier le taux de recyclage au Japon est exceptionnel (86% des plastiques en fin de vie), cependant, comme l’explique un article du pôle développement durable du SER (Service Economique Régional) de Tokyo attaché à l’Ambassade de France, 68% de ces déchets sont soumis à un recyclage thermique (récupération d’énergie). Seuls 27% sont réellement recyclés "mécaniquement". Finalement le taux réel de recyclage au Japon est évalué à 22% par l’OCDE.
Jusqu’en 2017, 70% des déchets exportés par le Japon partaient en Chine. Suite au bannissement de ces importations par la Chine elle-même, le Japon s’est retrouvé face à un nouveau problème. En mai 2019, le MOE (ministère de l’Environnement japonais) a demandé aux municipalités d’incinérer les déchets plastiques des entreprises face à leur amoncellement.
A bien y regarder le bilan du recyclage parait tout à fait médiocre. Malgré tout, la volonté d’ouvrir les yeux sur une problématique grandissante semble faire son chemin. Des mesures sont prises, il reste à espérer qu’elles soient appliquées. A commencer par l’initiative 3R (Reduce, Reuse, Recycle). "Recycle" est à peu près atteint selon le bilan en demi-teinte expliqué plus haut, par contre pour "Reduce" et "Reuse" il reste du travail.
Le ministre de l’Environnement Yoshari Harada a proposé une stratégie de recyclage adoptée le 31 mai 2019 visant à réduire de 25% les déchets plastiques à usage unique d’ici 2030. Les commerçants devront facturer les sacs plastiques d’ici fin 2020. Il souhaite également favoriser l’utilisation de bioplastiques dérivés de sources renouvelables. Par ailleurs Yoshari Harada souhaite que le gouvernement adopte une loi contraignante au regard de ces mesures d’ici 2020.
Sur le plan international le Japon soigne son image avec le lancement en janvier 2019 du Plastic Smart Forum regroupant 48 organisations publiques, privées, de recherche et aussi non lucratives.
A l’approche des JO 2020 à Tokyo, le Japon à l'opportunité de montrer au monde des actions concrètes dans la lutte contre le suremballage. Souhaitons qu'il saisisse cette chance pour changer radicalement ses habitudes.