Edito Valls Pm.mp3 (1014.84 Ko)
Chargé en 2007 par Nicolas Sarkozy de réfléchir à la réforme de la Constitution de 1958, Édouard Balladur crut bon de proposer la disparition du rôle du Premier ministre afin d’engager la France dans une VIe République. Las! Un chef de l’État tombé en disgrâce peut-il raisonnablement se passer de "fusible", rôle traditionnellement dévolu au locataire de Matignon? Après le fâcheux précédent de Jacques Chaban-Delmas obtenant au printemps 1972 le soutien de l’Assemblée Nationale contre Georges Pompidou qui voulait s’en débarrasser, n’affirme-t-on pas, vérité ou fantasme, qu’un Premier ministre signe depuis, le jour même de sa nomination, une lettre de démission non datée, conservée à l’Élysée? Au cas où.
Manuel Valls remplit cette courageuse mission au profit de François Hollande. Entre le discours très solennel du chef de l’État confirmant, le lendemain de la débâcle des municipales, "avoir entendu les Français" et l’absence de changement notable dans la composition du nouveau gouvernement, force est de constater que l’actuel Président de la République vise seulement à exploiter, avant des élections européennes qui s’annoncent tout aussi catastrophiques, la popularité de son ancien ministre dont nous nous plaisions, dans un précédent éditorial, à souligner l’insolente pérennité.
Manuel Valls remplit cette courageuse mission au profit de François Hollande. Entre le discours très solennel du chef de l’État confirmant, le lendemain de la débâcle des municipales, "avoir entendu les Français" et l’absence de changement notable dans la composition du nouveau gouvernement, force est de constater que l’actuel Président de la République vise seulement à exploiter, avant des élections européennes qui s’annoncent tout aussi catastrophiques, la popularité de son ancien ministre dont nous nous plaisions, dans un précédent éditorial, à souligner l’insolente pérennité.
Indécision présidentielle entre social-démocratie et gauche dogmatique
Manuel Valls paie ainsi au prix fort sa légitime ambition de mener les affaires gouvernementales, marchepied indispensable pour prétendre, ultérieurement, conduire celles du pays: c’est tout le mal que nous lui souhaitons. Mais, comme François Mitterrand avait phagocyté en son temps Michel Rocard, François Hollande affaiblit Manuel Valls en le privant d’un noyau dur de ministres rajeunis et proches de sa sensibilité politique. Au risque d’une instabilité nourrie des inadéquations manifestes entre les postes et certains de leurs titulaires: dispositif reflétant à la fois les hésitations du président à choisir entre social-démocratie et gauche dogmatique, et sa distribution parcimonieuse - psychologisons l’aphorisme connu de Chateaubriand - de gratifications névrotiques aux multiples courants de la rue de Solférino. Inadéquations doublées de sourdes rivalités dont la bataille entre le Quai d’Orsay et Bercy pour la récupération du Commerce extérieur en laisse augurer bien d’autres. Non décidément, Manuel Valls - et la France - méritent mieux. Beaucoup mieux.