On sait l’appétence présidentielle pour les initiatives amplement médiatisées. Mais lancer l’idée, à un an des échéances électorales de 2012, d’un débat national sur la place des religions, notamment celle de l’islam, dans la société française, peut-il véritablement servir cette stratégie élyséenne de reconquête d’une opinion publique, le plus souvent lassée par cette martingale d’annonces sans résultat probant ? Plusieurs raisons militent pour une réponse négative.
La première d’entre elles tient sans doute au fâcheux précédent de l’identité nationale : les rencontres organisées en 2010 sur ce thème ont singulièrement manqué leur cible tout en apportant un gain politique considérable aux thèses du Front national : préparation inadéquate des intervenants pris au dépourvu par la décision présidentielle, prudence excessive doublée d’un malaise manifeste des politiques à s’exprimer sur le sujet, craintes de dérapages dans les débats publics au point de chercher à aseptiser ces derniers en allongeant artificiellement, comme à Nice, la longueur des discours officiels. Finalement, et contrairement aux objectifs, ces discussions n’avaient fait qu’aiguiser le sentiment de frustration au lieu de le calmer. Rien n’indique que les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets.
La première d’entre elles tient sans doute au fâcheux précédent de l’identité nationale : les rencontres organisées en 2010 sur ce thème ont singulièrement manqué leur cible tout en apportant un gain politique considérable aux thèses du Front national : préparation inadéquate des intervenants pris au dépourvu par la décision présidentielle, prudence excessive doublée d’un malaise manifeste des politiques à s’exprimer sur le sujet, craintes de dérapages dans les débats publics au point de chercher à aseptiser ces derniers en allongeant artificiellement, comme à Nice, la longueur des discours officiels. Finalement, et contrairement aux objectifs, ces discussions n’avaient fait qu’aiguiser le sentiment de frustration au lieu de le calmer. Rien n’indique que les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets.
Prétention totalisante de l'islam selon Mohammad Arkoun
De quoi va-t-on ensuite parler ? De l’islam ou de la laïcité ? On devine que la sensibilité sulfureuse du premier thème va trouver un refuge utile en se noyant dans la mise en exergue du second : "je n'accepterai pas qu'on mette en cause nos compatriotes musulmans mais en même temps je n'accepterai pas un islam qui ne correspond pas aux valeurs de la République et de la laïcité" a expliqué Nicolas Sarkozy au salon de l’agriculture. Bien malin celui qui pourra trancher l’artificialité de cette limite ! Osera-t-on relire la préface du Coran pour réfléchir sereinement à son exégèse: "Constitution suprême qui organise la vie -tant spirituelle que temporelle - des Musulmans vivant dans la Cité -Etat" ? Le regretté islamologue et universitaire Mohammad Arkoun n’évoquait-il pas dans ses écrits cette "prétention totalisante" à régir la vie du croyant comme celle du citoyen ? Lorsque l’Ambassadeur Bernard Bajolet, Coordinateur national du renseignement auprès du Président de la république, rend compte de sa mission devant une Commission de Députés à l’Assemblée nationale et déclare : "nous assistons à un prosélytisme renaissant", à "un phénomène nouveau d’auto-radicalisation" de l’islam activiste en France et "que nous suivons de près" : comment faut-il percevoir son propos ? Celui-ci est-il de nature à "stigmatiser" la population musulmane ?
Les conditions régionales sont enfin plutôt mal choisies pour amorcer une réflexion d’envergure sur la place de l’islam dans la société française : en pleine et tragique effervescence, le monde arabo-musulman ignore lui-même quel rôle les révolutions démocratiques balbutiantes lui réserveront demain en leur sein. Opèreront-elles un brutal retour en arrière ou des mouvements plus radicaux encore en palimpseste finiront-ils par surgir des revendications sociales de la jeunesse ? Dans cette incertitude, prenons garde à ne pas "importer" ces violences à l’intérieur de l’Hexagone.
Les conditions régionales sont enfin plutôt mal choisies pour amorcer une réflexion d’envergure sur la place de l’islam dans la société française : en pleine et tragique effervescence, le monde arabo-musulman ignore lui-même quel rôle les révolutions démocratiques balbutiantes lui réserveront demain en leur sein. Opèreront-elles un brutal retour en arrière ou des mouvements plus radicaux encore en palimpseste finiront-ils par surgir des revendications sociales de la jeunesse ? Dans cette incertitude, prenons garde à ne pas "importer" ces violences à l’intérieur de l’Hexagone.