Edito OMS sexualité.mp3 (1005.45 Ko)
Malgré son titre, à même de susciter un sérieux malaise lorsqu’il évoque une "matrice de l’éducation sexuelle" des enfants et prétend "répondre aux besoins de standards pour l’éducation sexuelle", le document entérine des notions psychanalytiques essentielles: en témoigne la "dissociation entre sexualité et reproduction", une évidence combattue par une "civilisation" soucieuse de réfréner les pulsions sexuelles de l’homme. Une sexualité en outre qualifiée "d’aspect central de l’être humain tout au long de sa vie".
Mais le point le plus remarquable de cette étude réside dans la reconnaissance explicite d’une sexualité infantile: les enfants "reçoivent dès leur départ dans la vie, des messages, en particulier de leurs parents qui ont trait au corps et à l’intimité, et qui ont donc un caractère d’éducation sexuelle". Une éducation "de toute façon dispensée aux enfants même si ce n’est pas de manière consciente". L’omission des références, pourtant aisément identifiables, est d’autant plus notable qu’elle renvoie à la découverte majeure de Freud – la sexualité infantile – à l’origine des plus vives résistances à l’époque de l’auteur tout comme chez ceux qui, aujourd’hui encore, se refusent, nonobstant de solides données cliniques, à écorner le mythe de l’innocence (Freud, Trois Essais sur la théorie de la sexualité, 1905; Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, 1933 et surtout Laplanche qui écrit: "la séduction originaire est cette situation fondamentale où l’adulte propose à l’enfant des signifiants non verbaux aussi bien que verbaux, voire comportementaux, imprégnés de significations sexuelles inconscientes", Nouveaux fondements pour la psychanalyse, PUF, 2008, p.125).*
Mais le point le plus remarquable de cette étude réside dans la reconnaissance explicite d’une sexualité infantile: les enfants "reçoivent dès leur départ dans la vie, des messages, en particulier de leurs parents qui ont trait au corps et à l’intimité, et qui ont donc un caractère d’éducation sexuelle". Une éducation "de toute façon dispensée aux enfants même si ce n’est pas de manière consciente". L’omission des références, pourtant aisément identifiables, est d’autant plus notable qu’elle renvoie à la découverte majeure de Freud – la sexualité infantile – à l’origine des plus vives résistances à l’époque de l’auteur tout comme chez ceux qui, aujourd’hui encore, se refusent, nonobstant de solides données cliniques, à écorner le mythe de l’innocence (Freud, Trois Essais sur la théorie de la sexualité, 1905; Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, 1933 et surtout Laplanche qui écrit: "la séduction originaire est cette situation fondamentale où l’adulte propose à l’enfant des signifiants non verbaux aussi bien que verbaux, voire comportementaux, imprégnés de significations sexuelles inconscientes", Nouveaux fondements pour la psychanalyse, PUF, 2008, p.125).*
Echec de l'éducation sexuelle
Ce travail de l’OMS n’est toutefois pas exempt de vieux préjugés. Outre l’occurrence du terme imprécis "adéquat" à propos des comportements sexuels, la malheureuse dénomination de "l’enfant, être sexué dès sa naissance", l’abominable "distance sociale à maintenir avec les personnes différentes" (sic) dans les déterminants socio-culturels et l’incongruité du concept "d’identité sexuelle positive", c’est surtout la croyance dans une "volonté éducative en matière de sexualité" qui ne résiste pas à l’expérience: l’information des enfants en matière de sexualité, enfants qui s’accrochent à leurs propres théories sexuelles, fut tenue par Anna Freud, pour un échec. L’éventuel libéralisme des parents n’épargne pas l’angoisse à l’enfant qui verse alors dans la culpabilité, précise l’analyste Catherine Millot, (Freud antipédagogue, 1997). Appelant à "se méfier autant de l’orgueil thérapeutique" que de "l’orgueil éducatif", Freud admit l’impossibilité de trouver un juste milieu entre "le Charybde de l’interdiction et le Scylla du laisser-faire".
* Ouvrages cités: