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Coup de génie diplomatique ou basse manœuvre électorale? Les déclarations américaines contre l’Iran, accusé d’avoir fomenté un complot contre l’Ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington, laissent plus d’un spécialiste perplexe. Certes, l’Occident connaît la nature du régime des mollahs, toujours prêt à prôner comme le très "populaire" Hassan Rahimpour Azghadi "l’exportation de la révolution par tous les moyens". Certes encore, la justice américaine disposerait de preuves accablantes. Le recours à des hommes de main extérieurs à la mouvance islamique ne doit pas non plus surprendre: en témoignent par exemple les liens douteux et bien connus entre l’Iran et le Venezuela. Enfin, Al Qods, le bras armé des Gardiens de la Révolution placé sous les ordres directs du Guide, maintiendrait plusieurs cellules dormantes parmi les 900.000 expatriés iraniens vivant aux États-Unis dont plus de la moitié en Californie et au Texas. Ce serait néanmoins la première fois qu’une action terroriste impliquant les plus hautes autorités iraniennes prenne pour cible les États-Unis.
Qualifiée de "dangereuse" par les diplomaties britannique et canadienne, cette "escalade" trouverait en outre de multiples justifications: les troubles récurrents en Syrie, le seul et le plus fidèle allié de Téhéran dans la région, la mise sur pied, à Istanbul, d’une opposition syrienne structurée et "saluée" par les chancelleries européennes - processus à même d’aboutir à sa "reconnaissance" -, la publication, le 17 novembre prochain, du rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique officialisant la volonté iranienne de se doter de la bombe nucléaire. Sans compter les difficultés du Hezbollah au Liban, coincé entre la nécessité de maintenir en place le gouvernement "paravent" de Najib Mikati et l’obligation par Beyrouth rappelé à l’ordre à l’ONU, d’honorer sa contribution financière au Tribunal Spécial pour le Liban.
Qualifiée de "dangereuse" par les diplomaties britannique et canadienne, cette "escalade" trouverait en outre de multiples justifications: les troubles récurrents en Syrie, le seul et le plus fidèle allié de Téhéran dans la région, la mise sur pied, à Istanbul, d’une opposition syrienne structurée et "saluée" par les chancelleries européennes - processus à même d’aboutir à sa "reconnaissance" -, la publication, le 17 novembre prochain, du rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique officialisant la volonté iranienne de se doter de la bombe nucléaire. Sans compter les difficultés du Hezbollah au Liban, coincé entre la nécessité de maintenir en place le gouvernement "paravent" de Najib Mikati et l’obligation par Beyrouth rappelé à l’ordre à l’ONU, d’honorer sa contribution financière au Tribunal Spécial pour le Liban.
Une action qui comporte plus de risques que de bénéfices
Des preuves irréfutables portées par un superbe faisceau d’indices… sauf que des indications tout aussi tangibles pour une interprétation inverse ainsi que la manière américaine d’exploiter publiquement l’évènement finissent par jeter le trouble sur cette affaire. Selon un des plus proches conseiller de l’ex-président Khatami, peu suspect de sympathie envers le régime, il est toujours possible qu’un "groupe radicalisé de Sepah" - les Gardiens de la Révolution - "cherche à provoquer un accrochage armé et limité avec les États-Unis": une escarmouche militaire permettrait une réaction patriotique iranienne et le resserrement des liens entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Une réunion de leurs hauts responsables vient d’ailleurs de se tenir à Damas. Mais ce dirigeant de la "vague verte" précise: "connaissant bien les arcanes politiques en Iran, ce n’est pas la vision et l’analyse d’une majorité de ceux qui exercent le pouvoir et pour lesquels une telle action comporterait plus de risques que de bénéfices". Une opinion partagée par un jeune membre des "Sepah-e Pasdaran" au fait des questions de stratégie militaire et qui veut y voir une "action isolée", embarrassante pour le régime comme l’a montrée, selon lui, la première conférence de presse du Général Hossein Salami, numéro deux des Gardiens de la Révolution. Un journaliste d’une radio de l’opposition iranienne estime quant à lui cette tentative "risquée pour l’Iran" alors que "l’Iraq ou l’Afghanistan offrent des voies nettement plus simples pour faire passer un message fort aux Américains".
L'étrange insistance du Département d'Etat sur le 'contact direct' entre l'Iran et les Etats-Unis
Le temps avantage en outre Téhéran qui, ajoute-t-on dans les milieux iraniens, n’a nul besoin de jouer les incendiaires: " la future élection de Vladimir Poutine renforcera le soutien russe à la politique iranienne de même que la probable éviction de Nicolas Sarkozy en France devrait considérablement atténuer les pressions sur l’Iran" et ce, malgré la "perspective de l’arrivée d’un Républicain à la Maison blanche": les enjeux économiques aux États-Unis sont tels qu’une entreprise militaire extérieure ne jouirait sans doute pas d’un soutien dans l’opinion. C’est surtout la large publicité donnée au "contact direct" entre les États-Unis et l’Iran qui alimente à la fois la suspicion et les spéculations sur les véritables objectifs de la diplomatie américaine. L’étrange insistance du Département d’État sur la tenue de cet échange - un sujet très sensible chez les mollahs - est perçue à Téhéran comme la volonté d’aggraver les dissensions qui existent déjà dans les rangs d’un pouvoir largement éclaté. Elle viserait par surcroît à encourager l’émergence d’un courant favorable aux relations avec les USA sans une remise en cause préalable du "Velayat-e Faqih". Une ambition non dénuée d’arrière-pensées électorales et bien éloignée, souligne-t-on côté européen, de la recherche par les États-Unis d’un "soutien multilatéral" pour sanctionner la Banque centrale iranienne, cœur des intérêts de la République islamique en matière de finance et d’énergie. Des experts du renseignement s’interrogent également sur l’attitude américaine jugée "peu professionnelle" et qui consiste à s’entretenir avec une puissance ennemie d’une opération terroriste menée par cette dernière sur son territoire: de tels entretiens ont parfois lieu "entre quatre yeux" mais parmi les "services secrets amis" lorsque certains de leurs agents se font prendre la main dans le sac. En son temps, Charles Pasqua avait d’ailleurs été vivement critiqué pour avoir accordé une large couverture médiatique à l’expulsion de membres de la CIA agissant à Paris.
La vraisemblance du complot passe désormais après les questions portant sur les motivations réelles de la diplomatie américaine. Il n’est pas certain que les intérêts des États-Unis et la crédibilité de Barack Obama y gagnent.
La vraisemblance du complot passe désormais après les questions portant sur les motivations réelles de la diplomatie américaine. Il n’est pas certain que les intérêts des États-Unis et la crédibilité de Barack Obama y gagnent.