La télé-réalité: une machine à broyer des vies

Les révélations du journaliste Philippe Bartherotte dans son livre "La tentation d’une île", sorti aux éditions Jacob-Duvernet et passé sous silence, sont édifiantes. La télé-réalité est une machine dont les candidats et les spectateurs n’ont aucune idée du pouvoir destructeur qui est le sien. L'auteur révèle dans ce livre que "Les candidats ne sont pas des gens comme nous. Ce sont des candidats. Ce qui veut dire que leurs joies comme leurs souffrances nous laissent indifférents. On exploite leurs émotions, mais on ne les partage pas. Notre métier, c'est d'exploiter leurs faiblesses pour lesquelles nous les avons spécialement choisis. Les faire souffrir au maximum pour qu'ils craquent. Plus ils craquent, plus les courbes d'audience explosent. Et s'ils ne craquent pas, nous nous devons au moins de les rendre ridicules pour que toute la France puisse se payer une bonne tranche de rire". Ces confidences, issues de son expérience, faites en 2009 n’ont hélas pas touché le cœur et les consciences des candidats, vraisemblablement faute de publicité.
Les règles du jeu sont biaisés, mais ces candidats à la recherche d’une célébrité et d’argent ne réalisent pas qu’ils sont en train de jouer une pièce de théâtre dont ils ne connaissent pas la trame principale. Les affres de Leona avec ses dépressions successives et sa tentative de suicide en janvier 2012, le mariage biaisé d’Amélie et de Senna dans l’émission Secret story et en 2013 la mort de ce jeune Parisien, Gérald Babin lors de la seizième édition de Koh-Lanta, montrent un envers du décor assez affligeant.

Faire le buzz, vous avez dit faire de l’audimat. Des candidats filmés pendant leurs ébats amoureux, affamés, humiliés et les vices vont crescendo d’année en année. Cibler la vulnérabilité des candidats devant des millions de téléspectateurs. Et hors des frontières françaises, c’est le même schéma. En Angleterre, quand Jade Googy l’une des finalistes de l’émission Big Brother atteinte d’un cancer incurable pousse son dernier souffle sur la chaîne Living TV et que les images sont relayées par les médias de beaucoup de pays tel que la France, on se dit que la télé-réalité peut aussi être un cancer!

Oui aux divertissements, oui à de nouveaux programmes, c’est vrai que la télé peut vite être ennuyeuse s’il n’existe pas ou plus de concepts novateurs, mais non à la chosification de la vie, non à une jeunesse bafouée.