30 ans déjà

Trente ans après, c’est l’heure des bilans. Et les médias ne s’en privent pas. Sans surprise, ils insistent sur les laissés-pour-compte, ceux qui n’ont pas réussi à prendre le train en marche, ceux qui n’ont pas su profiter du système. On se doute bien, on l’espère du moins, que ce ne fut pas le cas pour tous, ou alors cela voudrait carrément dire que les médias français et autres remettent en cause le système capitaliste régnant sur nos terres, juste pour le plaisir de trouver des failles, des faiblesses chez nos voisins présentés toujours plus forts que les Français. C’est vrai que c’est exaspérant à la fin…
Parmi ceux qui témoignent, revient de façon récurrente qu’il était plus facile avant d’être pris en charge par un système où prétendument il n’y avait pas de chômage, premier argument avancé par les nostalgiques de la RDA. N’empêche qu’on parle de 50% de déçus de la réunification allemande qui a suivi la chute du mur, oublieux des privations, des bas salaires et des autres difficultés liées au défunt système. Cela fait beaucoup… On aurait bien aimé un peu moins de nostalgie de la part des Ossies et un peu plus de cas diversifiés. Mais sont ainsi faits les médias.
Un autre anniversaire plus récent cette semaine est celui qui célèbre la mi-mandat du président français. Là aussi, il y a manifestement des désillusions et des laissés-pour-compte dont les plus connus sont les Gilets jaunes qui vont eux aussi bientôt, fêter l’anniversaire de leur première manifestation. En même temps, le message envoyé par le gouvernement à leur encontre laisse perplexe. En effet, le gouvernement a décidé de fêter cet anniversaire en réformant le système des retraites et du chômage, ce qui à coup sûr ne devrait pas aider à limiter le nombre de pauvres en France, toujours en augmentation. On apprend également cette semaine que la France se situe en bas du classement de l’efficacité de la justice face aux autres pays de l’Union européenne. Faute principalement d’investissements. Pendant ce temps, une étude publiée rappelle que la rémunération moyenne des premiers dirigeants des sociétés du CAC 40 a augmenté de 12% en 2018. En moyenne, chacun de ces dirigeants a gagné 177 fois plus qu'un employé au SMIC, soit 5,77 millions d'euros. Dit plus clairement,un patron du CAC 40 gagne en moyenne 90 fois plus que l'un de ses salariés. Manifestement, la théorie du ruissellement ne fonctionne pas pour tous…
Enfin, depuis le 5 novembre à 16h47 exactement, les femmes travaillent pour rien ou bénévolement si vous préférez, en raison des inégalités salariales entre femmes et hommes. Pour les enrayer, le mouvement #5novembre16h47 demande au gouvernement de mettre en place trois mesures: demander aux entreprises un certificat d'égalité salariale pour prouver qu'elles paient hommes et femmes de façon identique; les inviter à la transparence des salaires pour libérer la parole et inciter à plus d'égalité; et enfin instaurer un congé paternité équivalent au congé maternité après accouchement. L'économiste Rebecca Amsellem déclare enfin, avoir "observé une évolution à hauteur de 0,5 point, sauf qu'à ce rythme-là, ce ne sera qu'en 2168 que les femmes seront aussi bien rémunérées que les hommes".
Manifestement, ce ne sera pas la fête pour tous et surtout pas maintenant!