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Des jeunes abandonnés bientôt expulsés


Par PR Rédigé le 21/09/2018 (dernière modification le 20/09/2018)

Entre 40 et 60 mineurs isolés étrangers vivent au "5 étoiles", à Clermont-Ferrand. Ce n’est pas un hôtel de luxe, mais un squat. Le propriétaire, un grand groupe de l’économie locale, s’apprête à les expulser.


Ni adultes, ni assez enfants

Un mineur isolé étranger à la rue, en cours de français à Marseille. Photo (c) PR
Un mineur isolé étranger à la rue, en cours de français à Marseille. Photo (c) PR
mie.mp3 Mineurs isolés.mp3  (1.58 Mo)

Les mineurs isolés étrangers, réfugiés de moins de 18 ans, sont théoriquement pris en charge par l’État français à leur arrivée sur le territoire. D’après la loi, ils sont sous la responsabilité de l’Aide sociale à l’enfance, et ont droit à la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans quelque soit leur situation administrative.

En pratique, peu ont cette chance. Les jeunes ont beau se déclarer mineurs en arrivant, et montrer leurs papiers quand ils en ont, leur minorité est remise en question par les services de l’État. Ils doivent passer un entretien, souvent très court, à l’issue duquel on détermine leur âge. L’évaluation se fait sur des critères vagues et objectifs, tels que leur niveau d’autonomie et leur capacité à s’exprimer. D’après un rapport de l’ONG Human Rights Watch, de nombreux jeunes sont estimés adultes sur des prétextes illégitimes: s’ils parlent trop bien français (et seraient donc depuis plus longtemps qu’ils l’affirment en France) alors qu’ils viennent d’un pays francophone, s’ils font preuve de trop de maturité ou trop de débrouillardise, etc.

S’ils ont porté recours pour ré-évaluer leur minorité, les jeunes sont dans un vide juridique: ni affiliés à l’Aide sociale à l’enfance, ni éligibles aux services réservés aux adultes comme l’hébergement d’urgence (le 115). Résultat: beaucoup de mineurs se retrouvent livrés à eux-mêmes, sans moyen de subsistance, et n’ont pas d’autre choix que de dormir dans la rue. C’était le cas à Clermont-Ferrand, comme dans énormément de villes, avant l’ouverture du "5 étoiles".


La solidarité pour pallier aux manques de l’État

Sans aucun financement, les deux maisons du squat vivent des dons d’habitants de la région et de leur bienveillance. "Tous les jours, des bénévoles citoyens viennent apporter des courses, faire des animations, emmener des jeunes faire du sport ou des activités culturelles en ville. On compte une trentaine de bénévoles très actifs, et d’autres qui viennent ponctuellement." Annie, bénévole au squat depuis sa création il a 1 an, est très soucieuse de l’épanouissement de ces réfugiés, qui ont tous eu un parcours très difficile pour arriver ici. Au delà de leurs besoins vitaux et de leur sécurité, elle s’inquiète de leur accès à la scolarisation: "ils sont très désireux d’apprendre". Alors, avec d’autres personnes, elle se bat pour les intégrer dans des écoles ou des formations. "Cette année on en a scolarisé 17. On espère encore en placer un certain nombre d’ici la fin de l’année".

C’est écrit dans la Convention internationale des droits de l’enfant: les établissements scolaire n’ont pas le droit de prendre en compte la situation administrative d’un enfant pour l’inscrire. La difficulté est de trouver des places vacantes dans une école en cours d’année et d’orienter les jeunes selon leur niveau, une procédure qui peut être très longue.
En attendant, des bénévoles proposent des cours de français, de maths, d’instruction civique et de géographie au sein même du squat. Un peu plus loin, des associations gèrent l’UPC, une université populaire gratuite dans le même objectif, avec un public plus large (notamment des familles). Elle vit elle aussi de dons et de bénévolat. "Ce qu’on leur propose comme cours ici et à l’université populaire, ils y vont", se réjouit Annie.

Bientôt l’expulsion, et après?

"On a eu l’ordre d’expulsion pour le 3 septembre 2018. On est en train de négocier avec les proprios qui nous laissent un peu plus de temps. Ce qu’on veut c’est un lieu pérenne officiel reconnu, géré conjointement par les associations qui y jouent leur rôle éducatif. On veut que les jeunes puissent passer dans ce lieu, manger, se reposer, être écoutés et être accueillis le temps de la reconnaissance de leur minorité".

Les bénévoles du "5 étoiles" ont lancé un appel à soutien en août, il a reçu 700 signatures. "Des négociations sont en cours pour trouver une solution. On a rencontré tout le monde et on a été bien reçus pour l’instant. On va voir comment ça se passe".










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