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Henri Rey-Flaud ne cède pas sur son désir. Celui d’expliquer et de convaincre les parents d’un enfant autiste que la prise charge comportementaliste ne constitue pas la panacée thérapeutique promise. Après avoir publié avec son collègue Jean-Daniel Causse un ouvrage aussi modeste que concis sur les "paradoxes de l’autisme", insistant en particulier sur la "singularité subjective" du patient autistique dans son rapport au monde (voir notre article), le professeur émérite de psychanalyse à l’Université de Montpellier-III se fait historien et pédagogue dans une éclairante étude publiée chez Flammarion. Loin du ton polémique sans toutefois rien abandonner de ses convictions cliniques, le psychanalyste dissèque point par point l’approche "objectalisante" sur fond historique de scientisme et de perversion behavioriste, du comportementalisme: lequel "ignore délibérément l’inconscient et conçoit le langage comme un code semblable à celui qui permet à une abeille d’indiquer à une autre abeille la position d’une fleur".
Ce qui ne le dispense pas d’une forme d’empathie pour ces adultes blessés dans leur narcissisme par le "défaut de l’enfant merveilleux qu’ils n’ont pas eu" et qui se réfugient dans l’espoir d’une logique adaptative, d’un "formatage" psychologique rendant l’enfant "visible" et "qu’on peut mener partout".
Ce qui ne le dispense pas d’une forme d’empathie pour ces adultes blessés dans leur narcissisme par le "défaut de l’enfant merveilleux qu’ils n’ont pas eu" et qui se réfugient dans l’espoir d’une logique adaptative, d’un "formatage" psychologique rendant l’enfant "visible" et "qu’on peut mener partout".
L'enfant rêvable de la psychanalyse
Après avoir évoqué l’expérience clinique du thérapeute politiquement engagé Fernand Deligny, ouvrant à ces enfants "un accès au monde hors du monde", expérience fondée sur "l’observation non intervenante", Henri Rey-Flaud s’inspire de cette démarche tout en reconnaissant les nécessaires distances à prendre avec ce modèle, ne serait-ce qu’en rappelant, à propos de cette "observation non intervenante" le fait que la psychanalyse a montré des formes de transfert dans tout rapport psychique, y compris dans certains cas d’autisme.
L’auteur s’efforce de réinventer, non sans référence à la psychothérapie institutionnelle, "une clinique du regard qui remplacerait celle de l’écoute, fondatrice de la psychanalyse". Un "côte à côte" en lieu et place d’un "face à face" ou d’un setting "devant-derrière" laissant "venir l’autiste" non au clinicien "mais à lui-même". Et à son désir. Au point de substituer, à l’enfant "gérable" pour la mère selon le comportementaliste, l’enfant "rêvable" de la psychanalyse.
L’auteur s’efforce de réinventer, non sans référence à la psychothérapie institutionnelle, "une clinique du regard qui remplacerait celle de l’écoute, fondatrice de la psychanalyse". Un "côte à côte" en lieu et place d’un "face à face" ou d’un setting "devant-derrière" laissant "venir l’autiste" non au clinicien "mais à lui-même". Et à son désir. Au point de substituer, à l’enfant "gérable" pour la mère selon le comportementaliste, l’enfant "rêvable" de la psychanalyse.