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Prolifération des salons de coiffure au Bénin


Par Rédigé le 04/08/2011 (dernière modification le 04/08/2011)

S’il est évident, comme nous l’avons fait remarquer dans le premier volet de notre enquête, que la ville de Cotonou est sujette à une multiplication des salons de coiffure, il est aussi vrai que ces lieux de beauté offrent un aspect disparate. Alors que les uns sont de véritables entreprises au service de la beauté féminine, d’autres ne sont que des bicoques où le danger guette les clientes à tout moment.


Se faire belle tout en évitant le pire

photo de famille des entreprenantes à la fin de la cérémonie de remise des diplômes (c) R. A. Dide
photo de famille des entreprenantes à la fin de la cérémonie de remise des diplômes (c) R. A. Dide
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Considérés, à tort ou à raison, comme des lieux de commérages les salons de coiffure n’en demeurent pas moins des foyers d'utilisation de lames, aiguilles et autres matériels tranchants.
Ainsi, face aux maladies infectieuses qui font des ravages, très peu de tenancières de salon de coiffure conscientes de ce fait, s'organisent pour mieux répondre aux exigences de la clientèle et pour les protéger. Pourtant, les moyens de protection sont connus d’elles. Mieux, elles savent que les instruments utilisés par alternance sur de nombreuses clientes devraient être stérilisés pour stopper ou tout au moins limiter les risques de contamination par des germes responsables de nombreuses maladies de la peau qui, une fois contractées, requièrent des traitements durables et coûteux. Face à cette situation, certaines femmes qui assez de moyens déclarent ne fréquenter que les "grands salons de coiffure qui se donnent les moyens de garantir une protection à leurs clientes par rapport aux contaminations". Dans ces instituts de beauté, un accent particulier est mis sur l’hygiène et la propreté tant des lieux que du matériel de travail. Les serviettes sales, les lavabos crottés, les meubles miteux et autres saletés qui sont le lot quotidien de bon nombre de salon de coiffure disparaissent pour donner place à une organisation rigoureuse basée sur le beau, le luxe, la propreté et dont le leitmotiv est soin et qualité. Ici tout est fait pour mettre la cliente dans une ambiance de gaieté, de convivialité afin qu’elle passe un bon moment à se rendre belle et désirable. A défaut de la climatisation, on a recourt aux brasseurs ou aux ventilateurs ainsi qu’à une bonne chaine hi-fi et aux magazines féminins pour la détente de la clientèle. Bien évidemment, les jeunes filles déscolarisées préfèrent ces genres de salons qui leur permettent non seulement de se mettre en valeur mais de se constituer un bon carnet d’adresses de clientes plus ou moins aisées.
D’ailleurs à ce propos, Aubierge, mon amie apprenti-coiffeuse, n’a pas hésité à me faire comprendre son intention de faire un stage dans l’un de ces salons huppés, une fois qu’elle aura son diplôme en poche. L’apprenante, qui m’a aidé à mieux appréhender ce métier de coiffeuse, est tout à fait consciente des problèmes qui se posent à ce corps d’activité. Elle ne cesse de subir les quolibets de plusieurs de ses amis qui pensent que les apprenties coiffeuses tout comme leurs homologues de la couture sont des "filles faciles" aux lendemains incertains. Beaucoup de Béninois sont, en effet, convaincus qu’elles vont d’homme en homme pour pouvoir mener une vie décente et jouer "aux grandes dames". Mieux, ils sont aussi persuadés que la déferlante d’ateliers de coiffure dont est sujette la ville de Cotonou résulte non seulement de ce fait, mais aussi de l’inorganisation du secteur de l’artisanat au Bénin.

La formation, une priorité pour les autorités, mais les moyens manquent

Pour mieux appréhender la question, j’ai jugé qu’une petite visite aux autorités en charge du secteur de l’artisanat serait fort utile. Cette visite, j’ai pris la peine de l’annoncer à Aubierge. Elle a décidé de m’accompagner afin de lui poser elle-même au Directeur de l’artisanat la question qui la tarabuste depuis des lustres. C’est donc ensemble qu’on est allé voir l’autorité pour s’enquérir des dispositions qui sont prises pour mieux réguler le secteur et pour limiter la prolifération des salons de coiffure avec leur cohorte d’apprenties dans la ville de Cotonou, toute chose qui n’est pas sans conséquence sur le développement de la couche juvenille béninoise. Ce dernier n’a pas manqué de nous faire comprendre que des mesures sont déjà prises pour mieux encadrer l’ensemble des métiers découlant du secteur de l’artisanat. Il nous a expliqué que la formation initiale est principalement financée par les parents ou les tuteurs des apprentis. Les parents paient des frais de formation forfaitaires par tranche dont le montant est convenu dès l’inscription de l’apprenti. Il n’y a pas de financement public pour soutenir cette formation initiale. De manière générale, la formation professionnelle et l’apprentissage tout en étant reconnues comme des axes prioritaires par les autorités sont orientées vers la demande selon l’avis du Directeur de l’artisanat. Il reconnait, par ailleurs que le système de promotion de la formation professionnelle fonctionne avec succès malgré quelques difficultés dues notamment à la lenteur de l’administration. La Chambre Nationale des Artisans du Bénin (CNAB), à travers des accords de partenariat signés avec certaines institutions, favorise le financement de la formation professionnelle des artisans et artisanes qui expriment leurs besoins. Tous les métiers de l’artisanat sont concernés surtout la coiffure nous fait comprendre le Directeur. Il y a la formation professionnelle de type dual où la formation se déroule dans deux lieux à savoir l’atelier du patron et un centre de formation professionnelle. Il existe aussi la formation continue où se développe le renforcement des capacités des maîtres artisans. De plus, l’Etat béninois a pris des initiatives en installant également des centres de métiers dans une dizaine de communes du Bénin où sont développés les métiers fondés sur les ressources d’un espace communautaire (un ensemble de communes unies par des liens culturels et économiques). Il conclut en insistant sur le fait qu’il existe de grands projets publics pour établir des centres de technologie pour la formation professionnelle.
Avant qu’on ne prenne congé de lui, Aubierge a tenu à lui poser la question de savoir ce qu’il pense du devenir de ce métier et là-dessus, le directeur, sans ciller lui a fait comprendre qu’il est serein par rapport à cette question. Pour lui, c’est la loi de l’offre et de la demande qui va réguler au mieux le secteur de la coiffure au Bénin. Il s’est montré convaincu que les clientes se feront de plus en plus exigeantes et que seules les coiffeuses qui se font recycler régulièrement et qui feront de bons investissements en matière d’équipements, de matériels sans oublier le cadre de travail s’en sortiront. Pour finir, il conseille à Aubierge de songer à se mettre ensemble avec des amies pour ouvrir son atelier de coiffure lorsqu’elle aura fini sa formation. Autant de pistes de réflexion qui laissa la jeune fille songeuse et pleine d’incertitudes sur son avenir car me dit-elle plus tard : "au Bénin, nous n’avons pas encore cette culture de se mettre ensemble pour créer et faire prospérer des entreprises artisanales. C’est trop compliqué pour l’instant. La jalousie et la cupidité ne militent pas en faveur de cette solution". Mais là, vous conviendrez avec moi que c’est autre débat.








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