Un livre choquant ? Dérangeant ? La vérité l'est souvent !
Voici, en deux tomes, deux gros pavés luxueux, une plongée en apnée dans la France érotique des années noires de l’occupation. Et il n’y va pas par quatre chemin le talentueux Patrick Buisson. En remettant quelques pendules à l’heure, en passant à la loupe ou décapant au scalpel certaines idées reçues et donc forcément fausses, le journaliste, et actuel conseiller du Président, nous force à regarder – et à nous regarder – en face la réalité.
Une réalité pas toujours brillante. A l’image de l’homme, de ses contrariétés, de ses turpitudes.
Voilà un vrai travail d’historien qui va faire grincer des dents. Dérangeant parfois, drôle souvent, à l’écriture alerte et spirituelle qui nous fait visiter l’Occupation sous l’angle de la libido. Car il n’était finalement pas très moral l’ordre vichyssois censé redresser la France de ses turpides passées. On barbote au contraire dans un microcosme peuplé d’homosexuels ouvertement déclarés (Axel Bonnard et sa clique ministérielle), mais les autres n’étaient pas mieux finalement, sous l’œil complice d’un Pétain cacochyme encore vert pour son âge.
On aura tout dit, tout compris, en disant que la fameuse affiche « Travail – Famille – Patrie » placardée sur tous les murs de l’Hexagone réunissait pour l’occasion un mannequin homosexuel notoire, une actrice lesbienne amie de la chanteuse Suzy Solidor et… un enfant de l’Assistance Publique ! Rigolade, nausée et vertige !
Pas toujours agréables donc les vérités assénées par Patrick Buisson qui en profite au passage pour dresser un portrait au vitriol des célébrités de l’époque : Arletty, la plus courageuse certainement dans sa franchise, sa manière moderne et indépendante de vivre sa vie et sa sexualité (mon cœur est français, mon cul international… si vous ne vouliez pas que je fréquente un allemand, fallait pas le laisser entrer… clamera-t-elle à son procès) ; plus glauque l’attitude d’un Tino Rossi acoquiné avec les corses de la Carlingue… Chacun y trouvera son compte. Même Coco Chanel n’échappe pas à ce jouissif jeu de massacre.
L’épisode de la Libération soulève le voile et soulève le coeur sur les tontes des malheureuses ayant succombé aux charmes, ou trafiqué avec les beaux teutons.
Remercions aussi l’auteur d’épingler (après Boudard) la plus discutable héroïne car fausse espionne, vraie pute crapuleuse et haïssable dans tous les sens du terme : Marthe Richard.
Qui fera voter la fermeture des maisons closes, faisant s’écrouler, comme l’a dit Pierre Mac Orlan, la base d’une civilisation.
1940 – 1945 Années érotiques
Vichy ou les infortunes de la vertu
De la grande prostituée à la revanche des mâles
Patrick Buisson / Editions Albin Michel
Une réalité pas toujours brillante. A l’image de l’homme, de ses contrariétés, de ses turpitudes.
Voilà un vrai travail d’historien qui va faire grincer des dents. Dérangeant parfois, drôle souvent, à l’écriture alerte et spirituelle qui nous fait visiter l’Occupation sous l’angle de la libido. Car il n’était finalement pas très moral l’ordre vichyssois censé redresser la France de ses turpides passées. On barbote au contraire dans un microcosme peuplé d’homosexuels ouvertement déclarés (Axel Bonnard et sa clique ministérielle), mais les autres n’étaient pas mieux finalement, sous l’œil complice d’un Pétain cacochyme encore vert pour son âge.
On aura tout dit, tout compris, en disant que la fameuse affiche « Travail – Famille – Patrie » placardée sur tous les murs de l’Hexagone réunissait pour l’occasion un mannequin homosexuel notoire, une actrice lesbienne amie de la chanteuse Suzy Solidor et… un enfant de l’Assistance Publique ! Rigolade, nausée et vertige !
Pas toujours agréables donc les vérités assénées par Patrick Buisson qui en profite au passage pour dresser un portrait au vitriol des célébrités de l’époque : Arletty, la plus courageuse certainement dans sa franchise, sa manière moderne et indépendante de vivre sa vie et sa sexualité (mon cœur est français, mon cul international… si vous ne vouliez pas que je fréquente un allemand, fallait pas le laisser entrer… clamera-t-elle à son procès) ; plus glauque l’attitude d’un Tino Rossi acoquiné avec les corses de la Carlingue… Chacun y trouvera son compte. Même Coco Chanel n’échappe pas à ce jouissif jeu de massacre.
L’épisode de la Libération soulève le voile et soulève le coeur sur les tontes des malheureuses ayant succombé aux charmes, ou trafiqué avec les beaux teutons.
Remercions aussi l’auteur d’épingler (après Boudard) la plus discutable héroïne car fausse espionne, vraie pute crapuleuse et haïssable dans tous les sens du terme : Marthe Richard.
Qui fera voter la fermeture des maisons closes, faisant s’écrouler, comme l’a dit Pierre Mac Orlan, la base d’une civilisation.
1940 – 1945 Années érotiques
Vichy ou les infortunes de la vertu
De la grande prostituée à la revanche des mâles
Patrick Buisson / Editions Albin Michel