Le refuge du Goûter, sur les pentes du Mont Blanc, où des échantillon d’urine des alpinistes ont été prélevés. Photo (c) Coronium
Des urinoirs high-tech pour étudier les cordées du Mont-Blanc.mp3 (1.18 Mo)
Urine alpinistes.mp3 (959.18 Ko)
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Grâce à des échantillonneurs automatiques, des chercheurs ont recueilli de manière anonyme et aléatoire les mictions d’hommes lancés à l’assaut du "toit de l’Europe", un sommet devenu "un produit de consommation touristique qui draine chaque année sur ses flancs 25.000 à 35.000 personnes, toutes nationalités confondues." Les résultats de cette étude intitulée "Prise médicamenteuse au Mont Blanc: une étude à partir d’un recueil automatique d’échantillons d’urine" ont été publiés, jeudi 2 mai 2016, par la revue scientifique américaine PLOS ONE.
Les urines testées plus ou moins à l'insu des alpinistes
Dans la revue PLOS ONE, le scientifique Paul Robach (chercheur en physiologie à l’École nationale de ski et d’alpinisme (Ensa) de Chamonix et docteur en sciences et guide de haute montagne) en charge de l’enquête explique avoir testé les urines plus ou moins à l’insu des alpinistes entre juin et septembre 2013. Ses deux dispositifs d’échantillonneurs automatiques fixés aux siphons des urinoirs avaient été placés au refuge du Goûter (3.845m) et au refuge des Cosmiques (3.615m). Deux haltes particulièrement fréquentées et situées sur les principales voies d’accès au Mont Blanc.
Néanmoins, des affiches prévenaient les prétendants à l’ascension que leur urine pouvait être prélevée et les chercheurs ont recueilli 430 échantillons anonymes. Les échantillons ont été analysés par des laboratoires agréés par l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Néanmoins, des affiches prévenaient les prétendants à l’ascension que leur urine pouvait être prélevée et les chercheurs ont recueilli 430 échantillons anonymes. Les échantillons ont été analysés par des laboratoires agréés par l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Qu'ont révélé les résultats?
Bilan: sur un total de 430 échantillons analysés, 35,8% témoignaient de l’absorption d’au moins un médicament. En tête des substances les plus populaires, les diurétiques (22,7%) et les hypnotiques (12,9%), contre une utilisation marginale des corticoïdes (3,5%) et des stimulants (3,1%) à l’exception notoire de trois cas d’utilisation de cocaïne. Les deux substances les plus utilisées étaient le diurétique acétazolamide (20,6%) fréquemment prescrit contre le mal aigu des montagnes et l’hypnotique zolpidem (8,4%), un somnifère léger prescrit dans les cas d’insomnies familières aux habitués des refuges de montagne. Les chercheurs ont par ailleurs relevé les traces de quelques dérivés de cannabis, de narcotiques ou de bêtabloquants, mais aucun agent anabolisant.
D’une manière générale, les résultats de cette étude montrent que le dopage n’est pas répandu dans l’ascension au Mont Blanc, mais que la prise de médicament est assez importante et vise essentiellement à prévenir les symptômes du mal aigu des montagnes.
D’une manière générale, les résultats de cette étude montrent que le dopage n’est pas répandu dans l’ascension au Mont Blanc, mais que la prise de médicament est assez importante et vise essentiellement à prévenir les symptômes du mal aigu des montagnes.