La sortie n’est pas là où on s’attend. Image par Alicja de Pixabay
Entretien Méditation 2.MP3 (582.3 Ko)
Nous sommes pourtant tout à fait capables de décrire et d’identifier nos sentiments. Comment se fait-il que nous sommes si incapables de les ressentir vraiment?
Peut-être que c’est quelque chose d’évolutionnaire en fin de compte, quelque chose que nous devons encore apprendre en tant qu’espèce. On a découvert le feu, on a découvert des tas de choses, maintenant il faut qu’on découvre les sentiments. Peut-être que c’est si simple que ça. Ou peut-être que c’est une nouvelle façon d’être, je ne sais pas exactement.
Nous refoulons les sentiments pour éviter la souffrance, c’est certain, nous avons un tas de mécanismes de défense ou de compensation. Mais en réalité on ne l’évite pas, au contraire.
Je pense que c’est notre société même qui encourage le refoulement: l'avidité d'avoir plus de choses, plus d’argent, d’être plus que les autres, de consommer de plus en plus. À mon avis, lorsqu'on est basé sur le toujours plus, toujours mieux, toujours différent, toujours plus grand, nous avons encore plus besoin de ces systèmes de compensation et de refoulement…
Mais à la fin on reste toujours sur notre faim. La seule solution que je vois est de vraiment apprendre à ressentir les sentiments, pour pouvoir arriver à la paix intérieure, à des petits moments de paix. Cette paix est dans notre nature. Elle ne nous a pas quitté, c’est nous qui nous la séparons de notre nature première avec nos pensées. Nous refusons notre propre nature, par ignorance.
Peut-être que c’est quelque chose d’évolutionnaire en fin de compte, quelque chose que nous devons encore apprendre en tant qu’espèce. On a découvert le feu, on a découvert des tas de choses, maintenant il faut qu’on découvre les sentiments. Peut-être que c’est si simple que ça. Ou peut-être que c’est une nouvelle façon d’être, je ne sais pas exactement.
Nous refoulons les sentiments pour éviter la souffrance, c’est certain, nous avons un tas de mécanismes de défense ou de compensation. Mais en réalité on ne l’évite pas, au contraire.
Je pense que c’est notre société même qui encourage le refoulement: l'avidité d'avoir plus de choses, plus d’argent, d’être plus que les autres, de consommer de plus en plus. À mon avis, lorsqu'on est basé sur le toujours plus, toujours mieux, toujours différent, toujours plus grand, nous avons encore plus besoin de ces systèmes de compensation et de refoulement…
Mais à la fin on reste toujours sur notre faim. La seule solution que je vois est de vraiment apprendre à ressentir les sentiments, pour pouvoir arriver à la paix intérieure, à des petits moments de paix. Cette paix est dans notre nature. Elle ne nous a pas quitté, c’est nous qui nous la séparons de notre nature première avec nos pensées. Nous refusons notre propre nature, par ignorance.
Et qu'est-ce qu'elle t'a apporté à toi, la méditation? Il y a un avant et un après, tu as eu un maître? C'était une révélation?
J'ai eu plusieurs maîtres auxquels j'ai rendu visite mais je n'ai jamais eu un maître très personnel. Mon chemin a été une suite de révélations, plus grandes ou plus petites. Un exemple c’est quand j’ai compris que les pensées ne sont pas des faits, d’abord d'une manière intellectuelle. Ensuite j'ai commencé à appliquer cette découverte dans ma vie quotidienne et, à chaque fois que j'avais une pensée, je me demandais à quoi exactement elle faisait référence. Et à chaque fois que je me rendais compte qu'elles ne faisaient référence à rien c'était une espèce de révélation. Vraiment au sens propre de la révélation, d'enlever un voile sur quelque chose pour voir la réalité telle qu'elle est. Il y a que la réalité qui peut nous nourrir. Pour moi c'était ça, tout au long de mon chemin j'avais l'impression d'être de plus en plus réelle.
Avant j'étais une espèce de fantasme, très coincée dans ma tête, avec énormément d'attentes sur ce que devrait être la vie, beaucoup d'attentes de perfection, de ce que les autres devraient me donner; j'avais presque une espèce de cahier de charge pour la vie, elle devrait me donner ceci ou cela. Maintenant j'ai compris que la vie ne me doit rien. Par contre, elle m'offre un tas de choses et c'est à moi d'être présente le plus possible dans la réalité, pour voir tous les cadeaux que la vie me présente. Et elle me présente tous le temps, mais des fois je suis distraite ou je suis rançonneuse et je veux autre chose. Mais quand je commence à souffrir je me rends compte qu'il y a quelque chose que je n'ai pas bien vu. Je prends un instant pour voir qu'est-ce que je me suis encore imaginé, qu'est-ce que je m'attendais, quelles atteintes j'avais eu dans cette situation. Souvent la vie m'offre exactement ce que j'ai besoin. Pas ce que je voulais, mais c'était ce dont j'avais besoin.
La pratique m'a appris vraiment à faire la différence entre ce que je veux et ce dont j'ai besoin. Ce que je veux, c'est souvent un peu comme l'état enfantin, c'est la petite fille ou le petit garçon de deux-trois ans devant la caisse d'un supermarché, qui se jette parterre et qui veut son bonbon. Beaucoup de gens reste à ce niveau-là, et moi aussi j'y suis restée relativement longtemps. Pour me rendre compte que bon, je veux un bonbon, mais il y a aussi beaucoup d'autres choses à découvrir, plus intéressantes.
J'ai eu plusieurs maîtres auxquels j'ai rendu visite mais je n'ai jamais eu un maître très personnel. Mon chemin a été une suite de révélations, plus grandes ou plus petites. Un exemple c’est quand j’ai compris que les pensées ne sont pas des faits, d’abord d'une manière intellectuelle. Ensuite j'ai commencé à appliquer cette découverte dans ma vie quotidienne et, à chaque fois que j'avais une pensée, je me demandais à quoi exactement elle faisait référence. Et à chaque fois que je me rendais compte qu'elles ne faisaient référence à rien c'était une espèce de révélation. Vraiment au sens propre de la révélation, d'enlever un voile sur quelque chose pour voir la réalité telle qu'elle est. Il y a que la réalité qui peut nous nourrir. Pour moi c'était ça, tout au long de mon chemin j'avais l'impression d'être de plus en plus réelle.
Avant j'étais une espèce de fantasme, très coincée dans ma tête, avec énormément d'attentes sur ce que devrait être la vie, beaucoup d'attentes de perfection, de ce que les autres devraient me donner; j'avais presque une espèce de cahier de charge pour la vie, elle devrait me donner ceci ou cela. Maintenant j'ai compris que la vie ne me doit rien. Par contre, elle m'offre un tas de choses et c'est à moi d'être présente le plus possible dans la réalité, pour voir tous les cadeaux que la vie me présente. Et elle me présente tous le temps, mais des fois je suis distraite ou je suis rançonneuse et je veux autre chose. Mais quand je commence à souffrir je me rends compte qu'il y a quelque chose que je n'ai pas bien vu. Je prends un instant pour voir qu'est-ce que je me suis encore imaginé, qu'est-ce que je m'attendais, quelles atteintes j'avais eu dans cette situation. Souvent la vie m'offre exactement ce que j'ai besoin. Pas ce que je voulais, mais c'était ce dont j'avais besoin.
La pratique m'a appris vraiment à faire la différence entre ce que je veux et ce dont j'ai besoin. Ce que je veux, c'est souvent un peu comme l'état enfantin, c'est la petite fille ou le petit garçon de deux-trois ans devant la caisse d'un supermarché, qui se jette parterre et qui veut son bonbon. Beaucoup de gens reste à ce niveau-là, et moi aussi j'y suis restée relativement longtemps. Pour me rendre compte que bon, je veux un bonbon, mais il y a aussi beaucoup d'autres choses à découvrir, plus intéressantes.
Est-ce que c'est ça qui t'a fait changer de métier? La pratique de la méditation t'a amenée vers la psychologie?
En effet. Bon, j'avais déjà compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, de manière très fondamentale, dans notre système. Je travaillais avant dans l'informatique. On travaillait 14 heures par jour, on était des esclaves. J'étais super bien payée, j'avais beaucoup de reconnaissance pour mon travail. Mais je me suis aperçue que j'appartenais à la société. Je passais plus de temps à l'aéroport ou dans les sociétés pour lesquelles je travaillais que chez moi. J'étais un esclave de haut niveau, mais un esclave quand même. J'ai vu aussi mon chef sortir sur une civière de son bureau, il avait fait une crise cardiaque. Une crise légère, il s'en est remis, mais pour moi cela a été une espèce de gong. C’était un moment de rupture: j’ai compris que le système est prêt à nous exploiter à un niveau inhumain et que je n’ai pas besoin de travailler là. Après j’ai commencé moi-même à aller mal, physiquement et mentalement. Même si j’avais de l’argent et de la reconnaissance, j’étais complétement déboussolée. J’avais perdu la connexion avec ce que j’étais et, à ce moment-là bien sûr que toutes les situations d’enfance qui n’ont pas été travaillées ont remontées à la surface. Tous ces sentiments négatifs qui ont été refoulés, j’ai tout pris…
As-tu fait tout ce travail sur l’enfance seule ?
Oui et non. J’ai toujours fait ma pratique aussi dans des groupes. On parlait des choses difficiles, on parlait des sentiments et on s’aidait à ressentir les sentiments. J’ai fait également des formations et j’ai eu des enseignants avec lesquels on pouvaient faire ce travail.
En effet. Bon, j'avais déjà compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, de manière très fondamentale, dans notre système. Je travaillais avant dans l'informatique. On travaillait 14 heures par jour, on était des esclaves. J'étais super bien payée, j'avais beaucoup de reconnaissance pour mon travail. Mais je me suis aperçue que j'appartenais à la société. Je passais plus de temps à l'aéroport ou dans les sociétés pour lesquelles je travaillais que chez moi. J'étais un esclave de haut niveau, mais un esclave quand même. J'ai vu aussi mon chef sortir sur une civière de son bureau, il avait fait une crise cardiaque. Une crise légère, il s'en est remis, mais pour moi cela a été une espèce de gong. C’était un moment de rupture: j’ai compris que le système est prêt à nous exploiter à un niveau inhumain et que je n’ai pas besoin de travailler là. Après j’ai commencé moi-même à aller mal, physiquement et mentalement. Même si j’avais de l’argent et de la reconnaissance, j’étais complétement déboussolée. J’avais perdu la connexion avec ce que j’étais et, à ce moment-là bien sûr que toutes les situations d’enfance qui n’ont pas été travaillées ont remontées à la surface. Tous ces sentiments négatifs qui ont été refoulés, j’ai tout pris…
As-tu fait tout ce travail sur l’enfance seule ?
Oui et non. J’ai toujours fait ma pratique aussi dans des groupes. On parlait des choses difficiles, on parlait des sentiments et on s’aidait à ressentir les sentiments. J’ai fait également des formations et j’ai eu des enseignants avec lesquels on pouvaient faire ce travail.