Ning Pan-Hervet, Shunxiu Nan et Jia Ren, de l’Institut Confucius de Clermont-Ferrand, nous racontent comment l’on fête le Nouvel an en Chine.
Valérie Bey-Smith, directrice de l'Institut Confucius de Clermont-Fd, Shunxiu Nan, Ning Pan-Hervet, Jia Ren. Photo (c) Isabelle Lépine
Extrait_ITV_Confucius.mp3 (9.8 Mo)
Ning, Shunxiu et Jia viennent de trois provinces différentes (Chongqing, Shandong et Pékin). Elles insistent d’emblée sur les variantes qui existent d’une région à l’autre, mais aussi, de façon générale, sur le fait que l’esprit de la Fête du printemps, comme toutes les traditions, est plus fort en province, et notamment dans les campagnes, qu’à Pékin.
Des préparatifs à hauteur de l’évènement
Dès quinze jours avant le début des festivités, les Chinois se déplacent pour rentrer chez eux. Le Nouvel an est avant tout une fête de famille, qui génère des mouvements de population inégalés, comptabilisés en milliards d’individus, à travers tout le pays.
Le premier élément de préparation de la fête est un grand nettoyage des maisons, pour symboliquement se "purifier" afin d’accueillir la nouvelle année. On décore les intérieurs et l’encadrement des portes avec des banderoles, des nœuds en cordelettes tissées, des oriflammes aux couleurs rouge et or, qui portent des messages et des vœux de bonne année, de bonheur, de santé et de prospérité. On s’achète de nouveaux vêtements. Et surtout, l’on se met en cuisine! Le plat roi des fêtes est le ravioli, fourré à tout ce que l’on veut. Le poulet et les poissons, qui viennent habituellement débités en petits morceaux, sont exceptionnellement servis entiers, pour souligner et saluer l’unité. On les accommode avec différentes sauces, vinaigrées notamment. Les boules de riz gluant fourrées à la pâte de datte représentent aussi un mets particulièrement mis en avant. Tous les plats sont déposés en même temps sur la table, et l’on pioche dedans à l’envi, en faisant tourner les plateaux circulaires pour se servir. La cuisine chinoise est globalement plutôt salée et acide au nord; de plus en plus sucrée en allant vers le sud.
La veille du Nouvel an, on fait un grand réveillon, et l’on regarde le traditionnel gala de spectacles et de chansons de la CCTV à la télé. Dans certaines régions, on joue à des jeux, notamment au Mah Jong.
Une fête d’abord et avant tout familiale
Le jour du Nouvel an, on se lève très tôt, et l’on revêt ses nouveaux habits, rouges (la couleur porte-bonheur), achetés pour l’occasion. Des vêtements plutôt traditionnels, comme on peut se les représenter (robes fendues, pantalons amples, vestes à col mao…), et souvent brodés de fils noirs ou dorés. On sort en visite chez sa famille et ses amis, et la coutume veut que l’on souhaite une bonne année dans la rue à toutes les personnes que l’on croise, même si on ne les connaît pas. Ces visites à la famille sont l’occasion de présenter ses vœux et de distribuer ou de recevoir des enveloppes rouges, qui contiennent les étrennes. En général, ces enveloppes sont réservées plutôt aux enfants ou aux personnes qui n’ont pas commencé à travailler. Elles sont beaucoup distribuées par les grands-parents notamment, qui semblent être les plus généreux! Ouverture du monde et déplacements obligent, de plus en plus de Chinois ne peuvent pas rentrer chez eux pour les fêtes. Évolution de la tradition, l’application de messagerie "WeChat" a même développé une option qui permet d’envoyer et de recevoir des enveloppes rouges virtuelles à distance.
De façon générale, entre le 1er et le 7e jour, on salue l’année en allant voir sa famille et toutes les personnes que l’on n’a pas vues depuis longtemps. Entre le réveillon et la première pleine lune, les célébrations dureront au total 15 jours, ponctués d’éclats de pétards et de prières au Dieu de la fortune, jusqu’à la Fête des lanternes, qui marque la fin des festivités du printemps. A cette occasion, des lampions sont suspendus un peu partout, dans les rues, les commerces… On leur accroche souvent des étiquettes portant des devinettes, qui flottent en-dessous d’eux comme des queues de comètes. Celui qui trouve la réponse a le droit de décrocher le papier, et il peut gagner des cadeaux.
Toute cette partie des festivités qui se déploie dans l’espace public dépasse le cadre de la fête familiale. Son organisation revient aux municipalités, ainsi qu’à différentes associations culturelles, cultuelles ou de commerçants.
Une tradition réinventée
Dans son ouvrage L’ethnique est quotidien (2000), l’ethnologue Anne Raulin s’est intéressée au Nouvel an chinois, dans le 13e arrondissement de Paris. Elle y évoque cet "essor de la célébration commerciale dans la rue et plus généralement dans l’espace public urbain", comme une façon d’intégrer cette fête à la vie du quartier et de la ville. Depuis la première parade parisienne en 1984, c’est une fête qui a plu et qui a "pris". Qui a su séduire par son exotisme, son pittoresque et son charme dépaysant, ce qui lui a permis de se propager dans de nombreuses villes de France, petites et grandes.
Paradoxalement, Jia nous apprend qu’à sa connaissance, il n’y a pas beaucoup de parades de dragons à Pékin. Que c’est quelque chose que l’on retrouve plus dans les campagnes, et qu’elle-même n’en a jamais vu dans la capitale chinoise. Elle évoque d’ailleurs le fait qu’elle verra une telle procession pour la première fois à Clermont!
Pour la quatrième année consécutive, en effet, l’Institut Confucius organise des manifestations dans le cadre du Nouvel an chinois: des décorations de lanternes dans les rues, une parade des lions et du dragon, un spectacle traditionnel de chants, musiques et danse des masques du Sichuan, et une soirée karaoké de chansons chinoises, dont le programme est disponible ici
Des préparatifs à hauteur de l’évènement
Dès quinze jours avant le début des festivités, les Chinois se déplacent pour rentrer chez eux. Le Nouvel an est avant tout une fête de famille, qui génère des mouvements de population inégalés, comptabilisés en milliards d’individus, à travers tout le pays.
Le premier élément de préparation de la fête est un grand nettoyage des maisons, pour symboliquement se "purifier" afin d’accueillir la nouvelle année. On décore les intérieurs et l’encadrement des portes avec des banderoles, des nœuds en cordelettes tissées, des oriflammes aux couleurs rouge et or, qui portent des messages et des vœux de bonne année, de bonheur, de santé et de prospérité. On s’achète de nouveaux vêtements. Et surtout, l’on se met en cuisine! Le plat roi des fêtes est le ravioli, fourré à tout ce que l’on veut. Le poulet et les poissons, qui viennent habituellement débités en petits morceaux, sont exceptionnellement servis entiers, pour souligner et saluer l’unité. On les accommode avec différentes sauces, vinaigrées notamment. Les boules de riz gluant fourrées à la pâte de datte représentent aussi un mets particulièrement mis en avant. Tous les plats sont déposés en même temps sur la table, et l’on pioche dedans à l’envi, en faisant tourner les plateaux circulaires pour se servir. La cuisine chinoise est globalement plutôt salée et acide au nord; de plus en plus sucrée en allant vers le sud.
La veille du Nouvel an, on fait un grand réveillon, et l’on regarde le traditionnel gala de spectacles et de chansons de la CCTV à la télé. Dans certaines régions, on joue à des jeux, notamment au Mah Jong.
Une fête d’abord et avant tout familiale
Le jour du Nouvel an, on se lève très tôt, et l’on revêt ses nouveaux habits, rouges (la couleur porte-bonheur), achetés pour l’occasion. Des vêtements plutôt traditionnels, comme on peut se les représenter (robes fendues, pantalons amples, vestes à col mao…), et souvent brodés de fils noirs ou dorés. On sort en visite chez sa famille et ses amis, et la coutume veut que l’on souhaite une bonne année dans la rue à toutes les personnes que l’on croise, même si on ne les connaît pas. Ces visites à la famille sont l’occasion de présenter ses vœux et de distribuer ou de recevoir des enveloppes rouges, qui contiennent les étrennes. En général, ces enveloppes sont réservées plutôt aux enfants ou aux personnes qui n’ont pas commencé à travailler. Elles sont beaucoup distribuées par les grands-parents notamment, qui semblent être les plus généreux! Ouverture du monde et déplacements obligent, de plus en plus de Chinois ne peuvent pas rentrer chez eux pour les fêtes. Évolution de la tradition, l’application de messagerie "WeChat" a même développé une option qui permet d’envoyer et de recevoir des enveloppes rouges virtuelles à distance.
De façon générale, entre le 1er et le 7e jour, on salue l’année en allant voir sa famille et toutes les personnes que l’on n’a pas vues depuis longtemps. Entre le réveillon et la première pleine lune, les célébrations dureront au total 15 jours, ponctués d’éclats de pétards et de prières au Dieu de la fortune, jusqu’à la Fête des lanternes, qui marque la fin des festivités du printemps. A cette occasion, des lampions sont suspendus un peu partout, dans les rues, les commerces… On leur accroche souvent des étiquettes portant des devinettes, qui flottent en-dessous d’eux comme des queues de comètes. Celui qui trouve la réponse a le droit de décrocher le papier, et il peut gagner des cadeaux.
Toute cette partie des festivités qui se déploie dans l’espace public dépasse le cadre de la fête familiale. Son organisation revient aux municipalités, ainsi qu’à différentes associations culturelles, cultuelles ou de commerçants.
Une tradition réinventée
Dans son ouvrage L’ethnique est quotidien (2000), l’ethnologue Anne Raulin s’est intéressée au Nouvel an chinois, dans le 13e arrondissement de Paris. Elle y évoque cet "essor de la célébration commerciale dans la rue et plus généralement dans l’espace public urbain", comme une façon d’intégrer cette fête à la vie du quartier et de la ville. Depuis la première parade parisienne en 1984, c’est une fête qui a plu et qui a "pris". Qui a su séduire par son exotisme, son pittoresque et son charme dépaysant, ce qui lui a permis de se propager dans de nombreuses villes de France, petites et grandes.
Paradoxalement, Jia nous apprend qu’à sa connaissance, il n’y a pas beaucoup de parades de dragons à Pékin. Que c’est quelque chose que l’on retrouve plus dans les campagnes, et qu’elle-même n’en a jamais vu dans la capitale chinoise. Elle évoque d’ailleurs le fait qu’elle verra une telle procession pour la première fois à Clermont!
Pour la quatrième année consécutive, en effet, l’Institut Confucius organise des manifestations dans le cadre du Nouvel an chinois: des décorations de lanternes dans les rues, une parade des lions et du dragon, un spectacle traditionnel de chants, musiques et danse des masques du Sichuan, et une soirée karaoké de chansons chinoises, dont le programme est disponible ici