En pleine période de famine, le vendredi 12 juillet 1518, Frau Troffea décide de jeter son nourrisson dans la rivière pour mettre fin à ses souffrance et sa faim. Elle se met ensuite à danser de manière délirante et sans fin dans les rues de Strasbourg. Sa danse devient contagieuse et c’est plus de 400 personnes qui la rejoindront dans sa folie dansante en moins d’un mois. Les habitants de Strasbourg contraints par leur “manie dansante” ne peuvent s’arrêter et plusieurs dizaines de personnes meurent d’épuisement et de faim en quelques semaines.
Évidemment ce phénomène jamais observé auparavant interroge les autorités politiques, la médecine et le clergé. L'évêque qualifie l'événement de surnaturel, les habitants doivent aller en pénitence. Quant aux médecins, ils le qualifient de naturel. Ils pensent d’abord à une crise d’ergotisme venant de la moisissure du seigle déclenchant la folie. Ils restent cependant sur la théorie d’une fièvre ne pouvant être évacuée qu’en continuant de danser par la transpiration. Les autorités encouragent donc les danseurs en installant un plancher et des musiciens devant la mairie pour danser.
Malgré toutes les documentations et hypothèses de l’époque, nous nous interrogeons toujours sur les origines de cette transe. La théorie de l’ergotisme perdure mais celle d’une folie provoquée par la famine et le désespoir des habitants et également vue le jour. Ces interrogations donneront naissance à plusieurs ouvrages au cours du temps dont The Dancing Plague de William Shakespeare et Les Danseurs fous de Strasbourg, une épidémie de transe collective de John Waller sorti plus récemment.