Les ayants droit du peintre Jules-Eugène Lenepveu voudraient que l’on puisse voir à nouveau le plafond original (c) DR
Il s’agit des ayants droit du peintre, Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), qui voudraient que l’on puisse voir à nouveau le plafond original. Jules-Eugène Lenepveu, grand Prix de Rome en 1847, est l’auteur de grands décors, civils et religieux tel le Panthéon, des églises parisiennes, le théâtre et la chapelle de l’hôpital d’Angers sa ville natale.
Une exposition au musée des Beaux-Arts de cette ville du 24 juin 2022 au 8 janvier dernier a donné un aperçu de l’oeuvre de cet artiste. Il avait déjà peint "Apollon présidant aux Arts" pour le plafond de l’Académie nationale de musique ou plus couramment Opéra Le Peletier dans le IXe arrondissement de Paris. L’établissement fut détruit par un incendie le 28 octobre 1873. Napoléon III avait projeté un nouvel édifice dès 1860, il sera construit d’après les plans de l’architecte Charles Garnier, l’Académie impériale de musique et de danse qui deviendra l’Opéra de Paris appelé maintenant Opéra Garnier. Charles Garnier était lié d’amitié avec Jules-Eugène Lenepveu qu’il avait connu à la Villa Médicis à Rome et lui confia l'élaboration du plafond du nouvel opéra. Ce sera "Les Muses et les Heures du jour et de la nuit" une composition avec 63 personnages. On en trouve la maquette au musée d’Orsay, elle a été prêtée pour la récente exposition du musée d’Angers.
Le 17 février 1960, le général de Gaulle et André Malraux, ministre des Affaires culturelles, sont à l’Opéra Garnier avec une délégation officielle péruvienne pour assister à la première de gala de "Daphnis et Chloé" de Maurice Ravel dans la chorégraphie de George Skibine, décors et costumes de Marc Chagall. On raconte que s’ennuyant quelque peu, le ministre leva les yeux et remarqua que le plafond de Jules-Eugène Lenepveu était trop académique. Il décide donc de demander à Marc Chagall qui à cette époque travaille sur les vitraux d’une synagogue à Jérusalem, de réaliser une oeuvre plus moderne. Il le connaît depuis longtemps, est son ami et admire son oeuvre. Chagall se méfie des commandes et avant d’accepter, il réalise des esquisses et maquettes. Il travaillera bénévolement par amitié pour André Malraux et par admiration pour les grands compositeurs qui peupleront la peinture.
La commande est officielle en 1962. Le 23 septembre 1964, André Malraux inaugurait le nouveau plafond de l’Opéra Garnier. Chagall dira à cette occasion «Il y a deux ans, monsieur André Malraux me proposait de peindre un nouveau plafond de l’Opéra à Paris. J’étais troublé, touché, ému. Je doutais jour et nuit". Les critiques ne manqueront pas, on reprochera au plafond de contraster avec le cadre du théâtre mais d’autres diront qu’il était temps de "bousculer" ce lieu "poussiéreux" et parleront "d'un courant d’air frais dans le monde clos et ordonné de Charles Garnier". Malraux avait consenti à quelques aménagements, le plafond original de Lenepveu était conservé et Chagall peindra sur une toile amovible de quelque 220m² tendue par-dessus. L’artiste aidé de trois assistants a réalisé en un an les douze panneaux et le panneau circulaire central dans le plus grand secret, ateliers des Gobelins, assemblage à Meudon. Chagall y rend hommage aux grands noms de la musique et met en scène quatorze compositeurs de toutes les époques, l’opéra que le ballet sont aussi récents ainsi que les monuments emblématiques de Paris, le tout noyé dans un univers de couleurs. On parlera d'une "circulation allégorique" et d'une représentation "des rêves et des créations des acteurs et des musiciens"
Quelles que soient les demandes des ayants droit de Jules-Eugène Lenepveu, on a du mal à imaginer que quelqu'un prenne la décision de déposer le plafond de Marc Chagall auquel on s'est habitué avec le temps. L'Opéra de Paris dont les finances sont en assez mauvais état hésiterait sans doute à se lancer dans une telle entreprise...
Une exposition au musée des Beaux-Arts de cette ville du 24 juin 2022 au 8 janvier dernier a donné un aperçu de l’oeuvre de cet artiste. Il avait déjà peint "Apollon présidant aux Arts" pour le plafond de l’Académie nationale de musique ou plus couramment Opéra Le Peletier dans le IXe arrondissement de Paris. L’établissement fut détruit par un incendie le 28 octobre 1873. Napoléon III avait projeté un nouvel édifice dès 1860, il sera construit d’après les plans de l’architecte Charles Garnier, l’Académie impériale de musique et de danse qui deviendra l’Opéra de Paris appelé maintenant Opéra Garnier. Charles Garnier était lié d’amitié avec Jules-Eugène Lenepveu qu’il avait connu à la Villa Médicis à Rome et lui confia l'élaboration du plafond du nouvel opéra. Ce sera "Les Muses et les Heures du jour et de la nuit" une composition avec 63 personnages. On en trouve la maquette au musée d’Orsay, elle a été prêtée pour la récente exposition du musée d’Angers.
Le 17 février 1960, le général de Gaulle et André Malraux, ministre des Affaires culturelles, sont à l’Opéra Garnier avec une délégation officielle péruvienne pour assister à la première de gala de "Daphnis et Chloé" de Maurice Ravel dans la chorégraphie de George Skibine, décors et costumes de Marc Chagall. On raconte que s’ennuyant quelque peu, le ministre leva les yeux et remarqua que le plafond de Jules-Eugène Lenepveu était trop académique. Il décide donc de demander à Marc Chagall qui à cette époque travaille sur les vitraux d’une synagogue à Jérusalem, de réaliser une oeuvre plus moderne. Il le connaît depuis longtemps, est son ami et admire son oeuvre. Chagall se méfie des commandes et avant d’accepter, il réalise des esquisses et maquettes. Il travaillera bénévolement par amitié pour André Malraux et par admiration pour les grands compositeurs qui peupleront la peinture.
La commande est officielle en 1962. Le 23 septembre 1964, André Malraux inaugurait le nouveau plafond de l’Opéra Garnier. Chagall dira à cette occasion «Il y a deux ans, monsieur André Malraux me proposait de peindre un nouveau plafond de l’Opéra à Paris. J’étais troublé, touché, ému. Je doutais jour et nuit". Les critiques ne manqueront pas, on reprochera au plafond de contraster avec le cadre du théâtre mais d’autres diront qu’il était temps de "bousculer" ce lieu "poussiéreux" et parleront "d'un courant d’air frais dans le monde clos et ordonné de Charles Garnier". Malraux avait consenti à quelques aménagements, le plafond original de Lenepveu était conservé et Chagall peindra sur une toile amovible de quelque 220m² tendue par-dessus. L’artiste aidé de trois assistants a réalisé en un an les douze panneaux et le panneau circulaire central dans le plus grand secret, ateliers des Gobelins, assemblage à Meudon. Chagall y rend hommage aux grands noms de la musique et met en scène quatorze compositeurs de toutes les époques, l’opéra que le ballet sont aussi récents ainsi que les monuments emblématiques de Paris, le tout noyé dans un univers de couleurs. On parlera d'une "circulation allégorique" et d'une représentation "des rêves et des créations des acteurs et des musiciens"
Quelles que soient les demandes des ayants droit de Jules-Eugène Lenepveu, on a du mal à imaginer que quelqu'un prenne la décision de déposer le plafond de Marc Chagall auquel on s'est habitué avec le temps. L'Opéra de Paris dont les finances sont en assez mauvais état hésiterait sans doute à se lancer dans une telle entreprise...