Ordonnée par le maire de la commune, William Delannoy, l’expulsion intervient après plusieurs années de mésentente. L’élu issu de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) avait déjà fait part de son hostilité à l’égard de l’association en invoquant notamment des "nuisances pour les riverains". Il avait par ailleurs refusé de renouveler son bail en 2017, au profit de la relocalisation du conservatoire municipal de musique. Malgré la contestation en justice de cette décision, celle-ci avait été confirmée en première instance.
Clap de fin pour l’aventure audonienne de Mains d’Œuvres.mp4 (2.54 Mo)
Mains d’Œuvres se mobilise. Crédits : https://twitter.com/
Bien que les résidents aient été autorisés en début de semaine à récupérer progressivement leur matériel sous la surveillance de la police, le bâtiment demeure condamné depuis le 8 octobre, privant ainsi de local les salariés, artistes, usagers et bénévoles de l’association. Les conséquences sont multiples : arrêt des activités, annulation de la programmation, commandes gelées - on l’aura compris, Mains d’Œuvres se trouve à présent en grande difficulté. Mais au-delà des pertes financières engendrées par cette fermeture forcée, les membres et administrateurs déplorent la perte d’un espace emblématique de production, de réunion mais surtout de culture, et qui depuis 2001 permettait l’organisation d’ateliers, de cours, de rencontres, de spectacles, de concerts ou encore d’expositions. "Nous souhaitons que Mains d’Oeuvres reste à Saint-Ouen. Ce lieu valorisait l’image de la ville, c’est incompréhensible que le maire casse cette image positive" twittait l’association le 16 octobre.
Une nouvelle orientation pour Saint-Ouen
L’entrée de la droite aux élections municipales de 2014 amorçait déjà un changement de direction dans une ville de tradition ouvrière et communiste, mais qui se voyait depuis quelques années caractérisée par une gentrification accélérée. C’est dans ce contexte que Mains d’Œuvres évoluait, planté au milieu de HLM et de pavillons, au coeur du quartier des célèbres Puces de la ville de Saint-Ouen, à la frontière du 18e arrondissement de Paris.
Le collectif multiplie les actions de résistance et fait appel à la solidarité avec le lancement d’une pétition et d’une cagnotte participative. Le 12 octobre, il a notamment organisé un "Cri d’amour pour Mains d’Œuvres" tout en musique devant la mairie de Saint-Ouen, avec le soutien de plusieurs personnalités publiques telles les artistes Izia ou Mademoiselle K, ainsi que des collectifs organisateurs d’événements, à l’image de La Dynamiterie. Un "apéro de mobilisation festif & iodé" a également eu lieu vendredi 18 octobre. Mains d’Œuvres est bien décidé à défendre sa place. Dépourvu de ses locaux, le groupe s’associe à d’autres collectifs pour pouvoir respecter certains de ses engagements envers les artistes et son public et tenir ainsi des événements "hors les murs". D’autres événements, comme ce 8 novembre, sont prévus dans un espoir de sensibilisation avant la tenue en décembre prochain du procès d’appel.