Joseph ABANDA canne en main et feu François MENGUE (photo Joseph ETOAA)
Les bouleversements observés à l’ère du modernisme : éclatement des familles élargies, exode rural et autres, ont laissé place à d’autres modes de transmission de l’oralité qui sont : la vulgarisation des traditions orales à travers les médias, festivals de contes, organisation et réactualisation des jeux traditionnels, le théâtre et l’imprimé à travers le livre - sous l’instigation des passeurs de savoir - regroupés au sein d’associations de cultures traditionnelles et populaires.
L’intérêt de notre problématique tourne ici autour d’une préoccupation centrale, celle de la transition vers de nouveaux modes de transmission de l’oralité. Notre démarche durant cette enquête va donc nous permettre de vérifier si cette transition a été une réussite ou un échec au vu de la configuration actuelle de la culture Pahouin. Pour étayer notre propos, 4 articles seront progressivement présentés, sur :
La nouvelle dynamique de la tradition orale Fang Béti
Le portrait d’un passeur de savoir traditionnel
L’interview d’un artiste filial
et un reportage sur les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre.
Pour la présentation du contenu des différents genres de la tradition orale Fang Béti, la parole est donnée dans l’article ci-dessous aux passeurs de savoir traditionnel, ABANDA Joseph du village Mebougou et MENGUE François du village Nkoltsit.
L’intérêt de notre problématique tourne ici autour d’une préoccupation centrale, celle de la transition vers de nouveaux modes de transmission de l’oralité. Notre démarche durant cette enquête va donc nous permettre de vérifier si cette transition a été une réussite ou un échec au vu de la configuration actuelle de la culture Pahouin. Pour étayer notre propos, 4 articles seront progressivement présentés, sur :
La nouvelle dynamique de la tradition orale Fang Béti
Le portrait d’un passeur de savoir traditionnel
L’interview d’un artiste filial
et un reportage sur les passeurs de savoir traditionnel à l’œuvre.
Pour la présentation du contenu des différents genres de la tradition orale Fang Béti, la parole est donnée dans l’article ci-dessous aux passeurs de savoir traditionnel, ABANDA Joseph du village Mebougou et MENGUE François du village Nkoltsit.
'A la découverte de l’expression orale nichée dans le contenu des récits'
Joseph ABANDA : Si le terme «Fang» parait pratique lorsqu’on parle des populations, il semble inadéquat à signifier leur langue, qui présente des différences d’un groupe à un autre, néanmoins cela ne bloque pas l’intercompréhension. Les patois qui composent la langue béti sont très nombreux : l’akonolinga, le mongo éwondo, le ntoumu, le mvelé, l’éwondo, l’éton, le boulou, le fang etc. Le conte est l'élément le plus connu de la tradition orale des Pahouin, il est populaire, car créé par et pour le peuple, et vit de la participation entre le peuple et le conteur respectueux de sa culture. La fable ne diffère pas tellement du conte, c’est un récit souvent court, bouffon, imaginaire ou mythologique destiné à représenter un précepte et est souvent assimilé à une anecdote.
François MENGUE : Le mythe est un long récit qui est objet de solide croyance pour le peuple Béti. Ici le partage du réel et de l'irréel tend à s'équilibrer, à la différence du conte dans lequel, le mythe, lui, est intimement lié au surnaturel. Dans l'histoire Fang Béti, l'épopée relate les exploits de héros qui ont réellement existé et qui ont joué un rôle important. Ces récits ont été améliorés de façon à créer des types pleins d'enseignement. Le conte sert le plus souvent de figure aux proverbes qui eux sont des vérités imagées. Certains conteurs disent le conte et le développe par la suite à l'aide d’un proverbe. Dans le répertoire de la littérature orale Fang Béti le chant occupe une place importante. Il existe différents sortes de chants qui interviennent à tous les moments de la vie, (rites, labeur, chasse, pêche, deuil etc.)».
Joseph ETOAA : Quelques passeurs de savoir traditionnel, affirment que le proverbe Fang Béti est une porte ouverte nous permettant de découvrir la mentalité et le mode de fonctionnement de la société. Pouvons-nous avoir une illustration à propos ?
François MENGUE : Pour ressortir la quintessence de la moralité que communiquent les proverbes je peux mentionner à titre illustratif deux proverbes. «Les lèvres se referment, de peur que la bouche ne dise tout» : La société traditionnelle béti est avant tout orale, la parole occupe une place de préférence dans la conduite des affaires de la cité, il est donc conseillé de pas parler n’importe comment, n’importe quand et n’ importe où.
«Les herbes qui entourent la route n’ont jamais renseigné personne sur les passants, sur ce qu’ils disent, sur ce qu’ils font» :L’image des herbes qui bordent un sentier est très significative parce qu’elles sont témoins d’importants esclandres mais ne les divulguent jamais. Un homme sage devrait donc ressembler aux herbes qui côtoient les sentiers.
Joseph ETOAA : Depuis 1953, l’Unesco encourage l’éducation des enfants dans leur langue maternelle, quelle vision avez-vous de cela ?
François MENGUE : Nous avons des associations très actives dans ce sens, et avec le concours des médias, l’apprentissage de notre langue vernaculaire gagne du terrain.
Un peuple sans culture est un homme sans parole.
Joseph ETOAA : Quelques passeurs de savoir traditionnel, affirment que le proverbe Fang Béti est une porte ouverte nous permettant de découvrir la mentalité et le mode de fonctionnement de la société. Pouvons-nous avoir une illustration à propos ?
François MENGUE : Pour ressortir la quintessence de la moralité que communiquent les proverbes je peux mentionner à titre illustratif deux proverbes. «Les lèvres se referment, de peur que la bouche ne dise tout» : La société traditionnelle béti est avant tout orale, la parole occupe une place de préférence dans la conduite des affaires de la cité, il est donc conseillé de pas parler n’importe comment, n’importe quand et n’ importe où.
«Les herbes qui entourent la route n’ont jamais renseigné personne sur les passants, sur ce qu’ils disent, sur ce qu’ils font» :L’image des herbes qui bordent un sentier est très significative parce qu’elles sont témoins d’importants esclandres mais ne les divulguent jamais. Un homme sage devrait donc ressembler aux herbes qui côtoient les sentiers.
Joseph ETOAA : Depuis 1953, l’Unesco encourage l’éducation des enfants dans leur langue maternelle, quelle vision avez-vous de cela ?
François MENGUE : Nous avons des associations très actives dans ce sens, et avec le concours des médias, l’apprentissage de notre langue vernaculaire gagne du terrain.
Un peuple sans culture est un homme sans parole.