"Bleu-Blanc-Rouge" (Tri-Colour")
Bleu-Blanc-Rouge, poème Robert W. Service.mp3 (9.85 Mo)
Des COQUELICOTS, c'est ce que vous essayez de me faire croire, rougeoyant dans ce champ de blé;
Des coquelicots! Mais non! Vous vous trompez: c’est du sang, vous dis-je, du sang.
Du sang frais luisant dans les herbes; du sang chaud scintillant dans les blés;
Rougissant les fougères et le trèfle; il déferle en un déluge acharné;
Il surgit des cieux tranquilles; il voile le soleil; il hurle
Son triomphe avec des voix écarlates déployant des gerbes de fleurs mortelles.
Voyez l'horreur éclatante de cela! Elle rugit hors des cieux,
Et le ciel et la terre rougeoyants ne sont plus qu'un chaos… Oh mon Dieu! J’ai peur! J’ai si peur!
Des BLEUETS, vous dites, seulement les bleuets, scintillant dans le grain doré;
Ah non! Vous ne pouvez pas me tromper. Puis-je en croire mes yeux?
Regardez! Ce sont des morts, mes camarades figés sur l'horrible plaine,
Tous vêtus de leur capote bleu-foncé, fixant les cieux,
Camarades de rire à la cantine, muets dans le blé jaune.
Voyez comme ils sont étendus et agglutinés! Voyez comme leurs fronts sont blancs!
Envoyés au désastre, ici dans la mort et la défaite…
Père de Bonté, cachez-les! Hâtez-vous, Oh mon Dieu, Votre nuit!
Des LYS (le jour décline), seulement des lys vous dites,
Se blottissant et luisant doucement là où les hautes herbes ondulent.
Non, mon ami, Je connais la vérité; Je vois plus clair que le jour:
Ce sont les pauvres petites croix de bois posées sur leurs tombes silencieuses.
Oh, comme elles brillent et brillent! Voyez! Chaque croix est auréolée d'une couronne.
Oui, je sais, je vais mourir, une petite perte parmi tant d’autres…
Tout est noir… Mais regardez! Une lumière troue les Cieux et descend sur moi…
Dieu m'accueille! Amis, aidez-moi à me lever. J’ai mérité - MA CROIX.
Des coquelicots! Mais non! Vous vous trompez: c’est du sang, vous dis-je, du sang.
Du sang frais luisant dans les herbes; du sang chaud scintillant dans les blés;
Rougissant les fougères et le trèfle; il déferle en un déluge acharné;
Il surgit des cieux tranquilles; il voile le soleil; il hurle
Son triomphe avec des voix écarlates déployant des gerbes de fleurs mortelles.
Voyez l'horreur éclatante de cela! Elle rugit hors des cieux,
Et le ciel et la terre rougeoyants ne sont plus qu'un chaos… Oh mon Dieu! J’ai peur! J’ai si peur!
Des BLEUETS, vous dites, seulement les bleuets, scintillant dans le grain doré;
Ah non! Vous ne pouvez pas me tromper. Puis-je en croire mes yeux?
Regardez! Ce sont des morts, mes camarades figés sur l'horrible plaine,
Tous vêtus de leur capote bleu-foncé, fixant les cieux,
Camarades de rire à la cantine, muets dans le blé jaune.
Voyez comme ils sont étendus et agglutinés! Voyez comme leurs fronts sont blancs!
Envoyés au désastre, ici dans la mort et la défaite…
Père de Bonté, cachez-les! Hâtez-vous, Oh mon Dieu, Votre nuit!
Des LYS (le jour décline), seulement des lys vous dites,
Se blottissant et luisant doucement là où les hautes herbes ondulent.
Non, mon ami, Je connais la vérité; Je vois plus clair que le jour:
Ce sont les pauvres petites croix de bois posées sur leurs tombes silencieuses.
Oh, comme elles brillent et brillent! Voyez! Chaque croix est auréolée d'une couronne.
Oui, je sais, je vais mourir, une petite perte parmi tant d’autres…
Tout est noir… Mais regardez! Une lumière troue les Cieux et descend sur moi…
Dieu m'accueille! Amis, aidez-moi à me lever. J’ai mérité - MA CROIX.
Témoignage de la Première Guerre mondiale
Le cataclysme de violence initié par la Première Guerre mondiale marque un profond désenchantement dans le monde artistique et littéraire entrainant une redéfinition moderne des symboles fondamentaux de masculinité, de patriotisme et d’humanité. Le conflit a aussi démontré le lien intime entre l'expérience combattante et le processus créatif, sublimant l’inspiration d’hommes engagés comme Robert W. Service (1874-1958).
Robert W. Service et son épouse se promenait à Lancieux quand, un après-midi d’août 1914, le tocsin sonne et l’ordre de mobilisation générale est proclamé par le garde champêtre. Bien qu’à 41 ans, il ait dépassé l'âge pour s’engager dans le service actif, il postule immédiatement au bureau de recrutement ouvert à Paris pour les expatriés anglais. Il souhaite incorporer le bataillon des Seaforth Highlanders, mais sa candidature est refusée pour cause de varices aux jambes.
Robert W. Service et son épouse se promenait à Lancieux quand, un après-midi d’août 1914, le tocsin sonne et l’ordre de mobilisation générale est proclamé par le garde champêtre. Bien qu’à 41 ans, il ait dépassé l'âge pour s’engager dans le service actif, il postule immédiatement au bureau de recrutement ouvert à Paris pour les expatriés anglais. Il souhaite incorporer le bataillon des Seaforth Highlanders, mais sa candidature est refusée pour cause de varices aux jambes.
Le poète va alors demander une accréditation au Toronto Star afin de reprendre son travail de correspondant de guerre initié dans les Balkans.
Peu de temps après avoir investigué à Dunkerque, Robert tenta sa chance auprès de l'American Red Cross Ambulance Unit, groupe nouvellement constitué qui l’enrôla immédiatement comme conducteur d’ambulance et brancardier.
En juin 1915, Robert rejoint le front entre Arras et Amiens dans le nord de la France où son unité essuiera le feu de l’artillerie allemande alors qu'il cherche sans répit les blessés.
Courant 1918, le gouvernement canadien lui demande d’incorporer la Canadian Expeditionary Force afin de dresser des rapports sur l'état des infrastructures sur le front et sur le moral des troupes.
Le 25 octobre 1918, Robert est présent aux côtés du Major Yan McKenzie pour la libération de Lille.
Peu de temps après avoir investigué à Dunkerque, Robert tenta sa chance auprès de l'American Red Cross Ambulance Unit, groupe nouvellement constitué qui l’enrôla immédiatement comme conducteur d’ambulance et brancardier.
En juin 1915, Robert rejoint le front entre Arras et Amiens dans le nord de la France où son unité essuiera le feu de l’artillerie allemande alors qu'il cherche sans répit les blessés.
Courant 1918, le gouvernement canadien lui demande d’incorporer la Canadian Expeditionary Force afin de dresser des rapports sur l'état des infrastructures sur le front et sur le moral des troupes.
Le 25 octobre 1918, Robert est présent aux côtés du Major Yan McKenzie pour la libération de Lille.
Son recueil de poésie "Rhymes of a Red Cross Man (Rimes d'un Homme de la Croix-Rouge)" publié en 1916, suite à son expérience sur le front de la Somme, fut en tête des ventes pendant neuf mois et un des premiers témoignages de guerre venant d'un auteur non conventionné par un gouvernement.
Le poète a dépeint avec empathie le quotidien du simple soldat allié ou allemand pris dans l’engrenage implacable des batailles meurtrières.
Robert W. Service, homme aux convictions pacifistes, partage une vision bouleversante, tout en nuances, nourrissant la mémoire des nouvelles générations, à la manière du poème précurseur en 1916: "Tri-Colours".
Le poète a dépeint avec empathie le quotidien du simple soldat allié ou allemand pris dans l’engrenage implacable des batailles meurtrières.
Robert W. Service, homme aux convictions pacifistes, partage une vision bouleversante, tout en nuances, nourrissant la mémoire des nouvelles générations, à la manière du poème précurseur en 1916: "Tri-Colours".