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LES REFLEXIONS DE JEANNE


Par Jeanne Voisin Rédigé le 05/08/2011 (dernière modification le 05/08/2011)

Une surfeuse méconnue - Rouler à la graisse de canard


Nul n'ignore qu'Agatha Christie était une passagère assidue de l'Orient-Express qu'elle empruntait régulièrement sur le chemin de Bagdad où elle allait rejoindre son second mari, l'archéologue Max Mallowan. Mais on savait moins qu'elle surfait dans les années 1920. Grâce à des chercheurs britanniques, on a appris récemment qu’elle avait été une des pionnières britanniques de ce sport.

D'après The Guardian, lesdits chercheurs ont fait là, paraît-il une découverte inattendue, ils ont examiné à la loupe le passé d’Agatha Christie et se sont rendu compte que la romancière avait surfé à une époque où cette pratique était très peu répandue. "Au début des années 20, très peu de Britanniques surfaient, et le seul autre surfeur debout que l’on ait pu retrouver, était le Prince Edward" si l'on en croit Peter Robinson, fondateur il y a huit ans du Musée du surf britannique, Museum of british surfing (cf illustration), situé à Braunton sur la côte du Devon, au sud-ouest de l'Angleterre. Il s'agit évidemment du futur Edouard VIII qui surfait en 1920 à Waikiki, avec le champion hawaïen Duke Paoa Kahinu Mokoe Hulikohola Kahanamoku.
Cependant, on peut s'étonner de cette "découverte". En effet, Agatha Christie a souvent fait allusion à son goût pour le surf dans "Une autobiographie", parue en 1977 et publiée en français en 1980 aux éditions Le Masque et rééditée en 2006. Elle s'y est initiée en Afrique du Sud, exactement sur la plage de Muizenberg, près du Cap, lors d’un voyage qu’elle effectua avec son premier mari Archibald Christie afin de promouvoir l’Exposition de l’Empire britannique de 1924. Laquelle s'est tenue à Wembley, au nord de Londres dans le Middlesex et fut inaugurée par le roi George V le 23 avril 1924. Le périple du couple se poursuivit en Australie, Nouvelle-Zélande, Hawaï et finalement au Canada. C'est Hawaï qui lui avait laissé le meilleur souvenir puisque un demi-siècle plus tard, Dame Agatha Christie y repensait encore "Que j'aille dans une des îles des mers du Sud dépassait mes rêves les plus fous. Il est difficile d'imaginer ce qu'on pouvait ressentir, à l'époque, maintenant que croisières et voyages à l'étranger sont monnaie courante, à des prix raisonnables et pratiquement à la portée de tous". Le voyage avait commencé le 20 janvier 1922, les Christie séjournent d'abord au Cap et Agatha révèle "Dès que nous pouvions grappiller un peu de temps... nous prenions le train pour Muizenberg, et nous nous jetions sur nos planches pour faire du surf ensemble. Ces planches de surf, en Afrique du Sud, étaient faites d'un bois léger et mince, facile à transporter et l'on apprenait vite à chevaucher les vagues... dans l'ensemble c'était un sport facile et très amusant". Un peu plus tard, ils s'installent pour un mois à Honolulu "Voyant par la fenêtre les gens qui surfaient sur la plage, nous nous précipitâmes pour louer nos planches et plonger dans l'écume. Nous étions bien entendu complètement ignares. Ce n'était pas une bonne journée pour surfer".
A défaut d'être une véritable découverte, cela permet à nouveau d'imaginer d'une autre façon l'inoubliable créatrice d'Hercule Poirot ou de Miss Marple, non pas dans la province anglaise à l'heure du thé mais sur les îles paradisiaques du Pacifique sud....

Rouler à la graisse de canard

Le pétrole ne cesse d'augmenter, on souhaite réduire les émissions de CO2, aussi s'évertue-t-on à rechercher de nouveaux carburants moins coûteux ou moins polluants. C'est ainsi que des agriculteurs de Dordogne utilisent la graisse de canard pour fabriquer du biodiesel.

Jules Charmoy, élève en bio des vaches à Saint-Aquilin, près de Périgueux. Ce membre de la Cuma, coopérative d'utilisation de matériel agricole qui réunit une cinquantaine d'agriculteurs du secteur, a tenté avec un collègue, Benoît Delage, cette expérimentation en 2009. L'an dernier, ils ont produit 20 000 litres de biocarburant qui ont permis de faire circuler trois des véhicules de la coopérative, un camion, une voiture et un tracteur, avec du biodiesel à base de graisses de canard mais aussi de porc et d'huiles de friture. Il paraît que cela fonctionne mieux avec des moteurs anciens plutôt qu'avec des nouveaux. Cette aventure est soutenue entre autres par l'association écologique "Roule ma frite" qui, depuis 2006, milite pour le remplacement du gazole par des huiles alimentaires usagées. L'expérience se déroule avec l'IUT Génie chimique de Périgueux, l'Institut européen de la surveillance prédictive des machines, IESPM, de Lyon et le syndicat des déchets de la Dordogne. Pour nos Périgourdins, il n'est pas question de rentabilité, en effet, le coût de production de leur carburant est de 1,11€ le litre, contre seulement 0,92 pour la même quantité de gasoil détaxé auquel ont droit les agriculteurs. Et de préciser "Notre démarche n'est pas économique mais éthique et environnementale", "Le biodiesel est largement moins polluant que les carburants classiques". Le gras est collecté chez les restaurateurs puis Jules Charmoy applique sa recette de fabrication "dans un estérificateur, on chauffe la graisse à 120° pour éliminer l'eau. On réduit ensuite à 65°, on met de l'alcool et de l'hydroxyde de potassium. On agite pendant une heure, on laisse décanter : au fond, la glycérine se forme avec, au-dessus, le biodiesel". Dans leur département, la Dordogne, ce sont près de 1500 tonnes de déchets gras qui pourraient être transformés annuellement, soit environ un million de litres de biodiesel obtenus.
Avec cette nouvelle, il est fort possible qu'à l'avenir nous considérions d'un autre œil la graisse entourant le foie gras de canard et qu'au lieu de chercher comment on pourrait l'accommoder, on calcule tout simplement combien de centilitres de carburant on pourrait en tirer !

En vidéo: exemple d'utilisation des graisses de cuisson comme énergie pour l'éclairage ou comme carburant.








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