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Willy Ronis, le photographe du quotidien



Jusqu'au 29 septembre 2018, le Pavillon Carré de Baudoin à Paris accueille la rétrospective du photographe français "Willy Ronis par Willy Ronis". L'occasion de redécouvrir le quotidien parisien des années '40 et l'œuvre d'un artiste humaniste.


Exposition "Willy Ronis" à Ménilmontant. Photo prise par Sarah Barreiros.
Exposition "Willy Ronis" à Ménilmontant. Photo prise par Sarah Barreiros.
willy_ronis.mp3 Willy Ronis.mp3  (525.92 Ko)

En effet, personnage clé de l'histoire de la photographie française, Willy Ronis recherchera en 1985, dans son fonds photographique ce qu'il considère comme le meilleur et l'essentiel de son travail pour réaliser une série de six albums, son "testament photographique". C'est à Ménilmontant dans le 20e arrondissement de Paris que se tient cet exposition en accès libre. Lauréat de la photographie en 1979, Willy Ronis avait pour habitude de capturer les habitudes de vie quotidienne des Parisiens qu'il rencontrait, dans la rue, dans un café ou au travail. Avec des enfants et des adultes, la notion de "vivre le moment présent" et de le garder en mémoire est très présente dans cette exposition, qui nous plonge dans un Paris en noir et blanc d'après-guerre et au delà. L'organisateur de l'événement, l'un des plus proche amis de Ronis a souhaité que neuf ans après sa mort, les spectateurs puissent voir et entendre parler ce dernier à travers des écrans TV et des bornes son diffusé dans les salles du bâtiment, au rez de chaussé, à l'étage et dans l'auditorium ou est présenté un documentaire autobiographique qui permet de comprendre son univers.


La photographie portraitiste du proche et du lointain

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la photographie française est portée par différent thèmes. Il y a la parodie, l'anecdotique, l'amour, la joie, la tristesse. Mais Ronis lui, se livre à une exploration des classes les plus démunies et apporte une lucidité socio-politique à son temps avec des jeux de lumière et de perspectives qui amènent à la réflexion. Sa photographie la plus connue, "Les amoureux de la Bastille" prise à Aubervilliers en 1957 fut reproduite à l'infini dans le monde entier. Sur cette photo, il cumule dans un même cadrage deux images qui polarisent l'attention à part égale: un portrait de couple et une vue sur Paris, qui oblige à concentrer son attention à la fois sur les amoureux très proches, et sur le très lointain, la Tour Eiffel. Cette composition capitalise l'esthétique des peintres hollandais du XVIIe siècle, qui jouent sur la dissociation des évènements. Dans cette photo, la lumière blanche du soleil frôle les toits sombres de Paris, à la fois différent mais unis par la brume matinale pour former la "ville de l'amour". "La belle image est une géométrie modulée par le cœur. Je crois que le tragique de la vie s'inscrit dans mes photos, mais pas comme un désespoir accablant, plutôt comme une petite mélancolie. On y trouve à la fois l'amour de la vie et la douleur de la vie. Je ne peux pas séparer la grande émotion esthétique d'une souffrance" disait-il.

Un photographe humaniste

Willy Ronis naît le 14 août 1910 et décède le 11 septembre 2009. Au décès de son père, il devient photographe en 1936, puis commence à réaliser des reportage en 1938 concernant différents conflits sociaux. Son génie artistique résidait dans sa curiosité et sa fascination pour l'être humain. On retrouve des clichés tantôt joyeux avec des enfants qui jouent au ballon dans la rue, des clichés d'amour, et d'autres plus candides. Les photos sont classées par thème et par période dans les salles. Jeune communiste activiste, à ces photographies réalisées en France s'ajoutent celles effectuées dans les pubs de Londres en 1955, en pleine guerre froide à Prague, à Moscou, et en république fédérale d'Allemagne où il réalise un reportage très important dans les années 60. Ronis, c'est une icône qui capte la lumière et les sentiments. Il collabore avec le magazine "Regards" dans les années '50 où il répond à des commandes pour des industriels comme les dirigeants des usines Renault. Il militait et se battait contre les injustices de son époque, photographiait les ouvriers qui manifestaient, les sans abris: "Je ne sais pas où je vais, sauf au-devant de choses ou de gens que j'aime, qui m'intéressent ou me dérangent". Tel était sa philosophie. Faire ce qu'il lui semble juste, dans le respect de ses convictions, et dans l'intérêt public en prenant la défense des plus malheureux. On en apprend donc énormément lors de cette exposition sur sa façon de travailler, ses engagements, son imagination, sa volonté de raconter l'histoire sans artifices. Willy Ronis nous apparaît comme un personnage généreux, humaniste libre mais surtout, étonnant, créatif et volontaire.






Sarah B.
Sarah | Professional Figure Skater & Performer On Cruise Ship | Fashion & Lifestyle Journalist As... En savoir plus sur cet auteur




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